Obama, Bill et Hillary
Obama, Bill et Hillary
Ou les coups bas portés à Obama
Dans cette campagne des primaires qui passionne l’Amérique et qui doit aboutir à la désignation des deux finalistes à l’investiture présidentielle, tout semble trop lisse et trop beau, trop démocratique.
Sans doute pour la première fois, les Américains et les observateurs étrangers ont le sentiment que cet immense pays vit une vraie histoire démocratique parce que les Etats-Unis n’ont pas à choisir entre deux camps aristocratiques. Tout le monde s’accorde à dire que les visages de Hillary Clinton, la femme, et celle de Barack Obama, le Noir, bouleversent les habitudes séculaires.
Mais une fois ce beau voile replié, on se rend compte que ces primaires américaines gardent leur caractère premier, c'est-à-dire une espèce de combat dans lequel il faut porter des coups qui font mal, des coups qui font chanceler l’adversaire et semer le trouble dans l’esprit de ses ardents supporteurs comme dans celui des électeurs en général.
Et l’arme d’Hillary, c’est Bill qui l’a trouvée et la manie à tout bout de champ : Obama, répète-t-il, c’est le candidat des Noirs ! C’est ce qu’on appelle un coup sous la ceinture dans un combat de boxe. Les Clinton jouent donc la carte raciale sachant très bien qu’un nombre non appréciable de blancs peuvent se ranger derrière Hillary pour cette unique raison. Obama savait l’efficacité de cette carte dans ce pays. C’est pourquoi il a tenu à mener une campagne dénuée de toute connotation raciale. Toutefois, son camp ne pensait pas que les Clinton s’abaisseraient à user de cette arme efficace mais nullement honorable.
D’autre part, les adversaires d’Obama ne se privent pas de pratiquer l’amalgame. Ils font circuler la fausse information selon laquelle Obama serait musulman et prêterait serment sur le Coran s’il était envoyé au Capitole à Washington. Du coup, les juifs, même s’ils sont très minoritaires, ont mis en mouvement leurs lobbies très puissants pour présenter le jeune démocrate noir comme l’épouvantail à fuir, le danger qui menace l’Amérique.
Et pourtant, Obama qui n’a presque pas connu son père, lui qui a été élevé dans le christianisme et loin des luttes des Noirs pour les droits civiques, est demeuré dans cette campagne l’incarnation de la nouvelle Amérique désireuse de transcender les images qui blessent ou qui vous attachent à des clans trop voyants. Mais les préjugés ont la vie dure ; surtout quand il y a des gens à la moralité douteuse qui s’appliquent à les entretenir.
Raphaël ADJOBI
Le 6 / 02 / 08