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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
1 avril 2008

Le racisme, le football et les Ch'tis

          Le racisme, le football et les Ch’tis

 

Stadium_Frce

            Le remous provoqué dans les milieux du football et de la politique en France suite à la banderole injurieuse déployée par les supporters parisiens lors de la finale de la coupe de la ligue le samedi 29 mars demande une sérieuse réflexion. Je dis bien que c’est le remous qui demande réflexion et non l’événement lui-même.

 

            Pour une fois en effet, après les insultes discriminantes dans un stade, on parle de prélèvement d’empreintes et d’analyse d’ADN. Cette fois, il est question de faire parler les caméras de surveillance. Une personnalité du Nord Pas-de-Calais dit qu’elle va porter plainte. De son côté, la ligue de football professionnel va porter plainte pour « incitation à la haine et à la violence. » Enfin, le chef de l’Etat lui-même y est allé de sa condamnation présidentielle et s’engage à recevoir les dirigeants de Lens ainsi que le député-maire Guy Delcourt.

 

            Au regard des mesures disciplinaires qui sanctionnent ordinairement les débordements racistes sur les stades, cette soudaine volonté de poursuivre les auteurs de la fameuse banderole apparaît à mes yeux tout à fait exceptionnelle pour ne pas dire injuste. Cette fois, on voudrait sanctionner des racistes et non point ou pas seulement le club dont ils sont les supporters. 

 

            Cette révolte générale provoquée par ce qui était jusqu’au 29 mars considéré comme une imbécillité d’un groupuscule insignifiant et sans intérêt est la preuve que le racisme à l’égard des footballeurs noirs était devenu, aux yeux de la France, une pratique ordinaire. Une pratique ordinaire qui ne mérite jamais d’autres sanctions que celles relevant purement du monde du football lui-même. On se contente de quelques peines à l’encontre des clubs – pas trop lourdes pour que le spectacle continue sans perdre une once de son intérêt – et on laisse les individus renouveler en d’autres circonstances leur forfait. Des preuves ? En voici :

 

            1. Souvenons-nous de ce joueur noir, furieux, gesticulant au milieu de ses coéquipiers cherchant à quitter l’aire de jeu parce qu’il subissait sans cesse les injures et les quolibets des spectateurs. C’est une vielle image. Mais ce jour-là, la coupe semblait déjà pleine. Cependant, nombreux étaient ceux qui jugèrent la réaction du joueur noir comme excessive, épidermique.

 

            2. On peut également rappeler la banderole raciste et néonazie visant le joueur libérien Georges Weah au moment de son départ pour l’AC Milan. Il ne fallait pas prêter attention à quelques imbéciles excités, disait-on.                     

 

            3. Plus proche de nous, en septembre 2007, le joueur Burkinabé de Libourne-Saint-Seurin (Gironde), Boubakar Kébé, a été insulté par les supporters bastiais lors d’un match de ligue 2 en Gironde. Sanction : le club corse a perdu un point au classement.

 

            4. Février 2008, lors du match retour en Corse, des banderoles à caractère raciste et homophobe sont apparus sur le stade. Sanction : un match à huis clos pour le club corse. Le 20 mars 2008, la ligue de football professionnel elle-même fait appel à cette décision estimant que la peine est insuffisante pour ce flagrant délit de récidive.

 

            5. Le 16 février 2008, les supporters du club de Metz profèrent des insultes racistes à l’adresse du joueur de Valenciennes, Abdeslam Ouaddou. Sanction : le FC Metz est condamné à jouer un match à huis clos.

 

            Certains, comme Jean-Pierre Papin, jugent ces sanctions suffisamment sévères et ne demandent pas autre chose pour le PSG. C’est en clair une façon de classer le « PEDOPHILES, CHÔMEURS, CONSANGUINS : BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS » au rang du racisme ordinaire qui sévit dans les stades de France. Et un auditeur de France Inter d’ajouter : « ce phénomène existe depuis des années et des années. On peut trouver ce qui vient de se passer révoltant à la seule condition que l’on condamne toutes les banderoles qui fleurissent sur les stades de France et que l’on poursuive leurs auteurs. » (France Inter, le 31/03/2008 à 19 h 30)

 

            Je crois avec cet auditeur de radio France Inter que si l’on ne veut pas - pour la première fois - se limiter à une sanction purement sportive pour ce dernier événement, il faudra prendre la ferme résolution de traquer et condamner à l’avenir les imbéciles qui n’aiment pas tout ce qui est noir et tout ce qui a un accent différent du leur. Car il faut que chaque Français arrive à se convaincre une fois pour toute que le racisme existe et prospère en France. Il serait bon que chaque citoyen se pose régulièrement cette question pour ne jamais oublier la réalité de la vie en France : « Quand ce n’est pas dans les stades que ces imbéciles s’expriment, où le font-ils ordinairement ? »

 

Raphaël ADJOBI

 

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Commentaires
D
Bien vu St Ralph.<br /> ça m'avais complètement échappé.<br /> <br /> Quant aux médias, chers amis désolé de faire à nouveau mon rabat-joie mais je pense que ça fait un bon bout de temps que la vérité à déserté ces lieux.
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S
Je me demande si c'est l'absence de débat contradictoire qui produit cet unilatéralisme au niveau des médias. Ils ont sans doute la ferme conviction d'être la fontaine de la vérité.
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D
Merci Raphaël,<br /> C'est la réflexion que cette affaire doit poser, et qu'aucun de nos médias, à ma connaissance, n'a soulevée...
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