02 septembre 2008
La France de Sarkozy et ses immigrés
La France
Le 20 juin dernier ont été publiés les chiffres officiels d’un an de la politique du gouvernement Sarkozy en matière d’expulsion des sans-papiers. Le gouvernement s’est réjoui d’avoir procédé à 14 660 reconduites à la frontière, soit une augmentation de 80 %. Mais, selon le gouvernement, l’objectif à atteindre reste le chiffre de 25 000 reconduites à la frontière tous les ans. Malheureusement, il convient de noter que derrière ces chiffres et cette auto-satisfaction se peignent des drames humains face à une police que le « gouvernement envoie à la pêche aux sans-papiers » (1).
Chaque jour, des hommes et des femmes disposant d’un contrat se rendant à leur travail se retrouvent dans des commissariats de police parce qu’ils sont entrés illégalement en France même s’ils y sont depuis dix ou quinze ans.
Les immigrés traqués
En avril 2008, à Joinville-le-pont, un malien de 29 ans s’est jeté dans la Marne
Quelques jours auparavant, à Paris, une Chinoise s’est jetée de la fenêtre de son appartement situé dans un immeuble pour échapper à la police venue procéder à un contrôle d’identité. Elle a été grièvement blessée.
Le 27 juin 2008 à Paris, un élève noir qui participait à une sortie scolaire et qui est arrivé en avance à la gare de train est contrôlé, arrêté et gardé à vue pendant cinq heures par les gendarmes. Le lendemain, le sénateur Jean-Claude Peronnet a interpellé le gouvernement et lui a demandé des explications. En vain. Il affirme – et nous pensons avec lui - que ce jeune homme a été arrêté parce qu’il était noir.
Enfin, nous nous souvenons tous de l’Ivoirien qui, rentrant dans son pays après un séjour en France, a été renvoyé d’Italie en France pour être interné dans un centre de rétention. Il en a été sorti grâce à un sms qu’il a adressé à un ami au Canada et qui a fait par la suite beaucoup de bruit..
Toutes ces personnes sont les victimes du quota institué par le gouvernement Sarkozy qui, pour aiguiser le zèle des forces de l’ordre, pratique une politique d’intéressement consistant à permettre aux policiers accompagnateurs des expulsés d’obtenir des bonus sur leur carte de fidélité Air France pour s’offrir des voyages gratuits ou en classe-affaire. La France
Dans une telle atmosphère, les lois de la République la République
La France
fer de lance du combat anti-Noir en Europe
La France
Le 18 juin 2008 à Strasbourg, l’Europe a étudié la directive « Retour » visant à une harmonisation des règles destinées à endiguer l’immigration clandestine. Cette loi a arrêté une durée de rétention de 18 mois des immigrés en situation irrégulière et une interdiction du territoire européen d’une durée de 5 ans après expulsion.
Alors que les chefs d’états africains sont restés muets devant le sort qui est infligé à leurs ressortissants, le lendemain du vote de cette mesure, le Président vénézuélien Hugo Chavez a menacé de ne plus fournir de pétrole aux pays européens qui l’appliqueraient. Ce ne sont pas toujours les nôtres qui nous défendent le mieux.
Pour ma part, devant cette « directive de la honte » (disent les opposants), je soupçonne l’Europe d’avoir une arrière pensée. On portant la durée de rétention de 12 à 18 mois, elle veut se constituer se constituer une main d’œuvre corvéable à merci en cas de besoin. Arrêter les immigrés illégaux certes, mais ne pas les renvoyer trop tôt parce que l’on peut avoir besoin d’eux dans des secteurs précis comme les entreprises qui fabriquent des produits hautement toxiques.
Une politique anti-noire qui date du 18 è siècle
Au 18 è siècle, afin d’empêcher les Noirs de quitter les plantations des Antilles et suivre leurs maîtres et aussi pour « protéger le sang blanc » des mariages mixtes, il leur fut purement et simplement interdit de résider en France. En août 1777, fut proclamé cette loi et l’on créa un « dépôts de Noirs » dans chaque port pour recevoir ceux qui y arrivaient jusqu’à ce qu’on puisse les renvoyer (3). Les centres de Rétention ne datent donc pas d’aujourd’hui. La différence c’est qu’en 2008, il en existe dans tous les pays européens. Ce sont donc des milliers de bras inutiles à l’Europe et à l’Afrique qui croupissent dans ces espèces de prisons pour étrangers. Un Africain retenu dans un centre en Allemagne depuis 1993 semble battre tous les records ! (France Inter du 1/09/2006).
Ce qui me réjouit le cœur, c’est de voir que les travailleurs immigrés ont compris que leur sort en Europe dépendra des résultats de leurs propres luttes. Les récentes manifestations qui tranchent avec l’habituelle passivité des Noirs en France ouvrent une nouvelle ère. Les Français non Blancs invisibles dans les services administratifs, économiques et politiques du pays doivent se dirent aussi que ce n’est pas une poignée de compatriotes blancs « négrophiles » qui doit les défendre pour les rendre visibles mais eux-mêmes.
(1) Dominique Voynet, députée Vert ; Radio France Inter, 5 juin 2008. (2) Nouvel Observateur n°2276 du 19 au 25 juin 2008, p.88-89 ; article de Alsa Vigoureux (Le tabou de la bavure). (3) Pierre H. Boulle ; Race et esclavage dans la France
Raphaël ADJOBI