26 septembre 2008
La mère de ma mère (Vanessa Schneider)
La mère de ma mère
Un titre surprenant. Pourquoi pas tout simplement « ma grand-mère » ? Non. Ce n'est tout simplement pas possible. Cela n'a pas de sens. La mère de ma mère traduit exactement l'absence de relation affective entre Vanessa Schneider et sa grand-mère. Mais l'élément qui a suscité mon intérêt pour ce livre est ailleurs.
La grand-mère de Vanessa Schneider est noire. Là encore, vous me direz qu'il n'y a rien de vraiment extraordinaire. Il y a déjà plusieurs siècles que la France n'est pas blanche, même si la majorité des français blancs continuent à croire que tout ce qui est noir est étranger à la terre de France. Beaucoup de Français blancs pourraient découvrir en remontant dans le passé qu'ils ont eu un ancêtre noir. Mais nous savons que dans ce cas, très souvent, les familles mettent une croix sur ce passé. L'intérêt de ce livre se trouve dans le fait que Clara, cette grand-mère noire, a vécu sa vie entière en reniant la couleur de sa peau et sa race par la même occasion.
« Dans la famille de ma mère, écrit Vanessa Schneider, on n'aimait pas les Noirs. Clara en parlait avec mépris, comme si elle n'en faisait pas partie. [...] elle interdisait à ses propres enfants de prononcer le mot noir. [...] Ma mère a toujours entendu dire qu'elle n'était pas noire. Elle entretient une relation confuse avec sa couleur de peau, Elle se dit typée mais ne se sent aucun lien avec les Africains ou les Antillais. (...) Elle ne s'estime concernée par aucune de ces catégories. » (p. 57-58).
Comment vivre dans la France du début du XXè siècle quand on est noire et que l'on n'aime pas les Noirs ? Ce sentiment chevillé au corps, Clara mènera sa vie comme un métronome. Les conséquences d'une telle attitude sont le cadet de ses soucis. C'est sa petite fille - Vanessa Chneider – qui, dans la narration de la vie de cette grand-mère et de l'absence de relation entre elle et sa fille (la mère de l'auteur), montre le mieux les dégâts d'une vie construite sur la seule négation de sa couleur de peau et de celle de ses enfants.
C'est un récit rapidement mené. Trop rapidement à mon goût. Tant que le livre garde pour visée la recherche de la personnalité de la grand-mère noire, il a retenu mon attention. Dès qu'il a sombré dans la narration des non-dits ordinaires des familles, il a perdu à mes yeux tout son intérêt.
Raphaël ADJOBI
Titre : La mère de ma mère,133 pages
Auteur : Vanessa Schneider
Edition : Stock, 2008