14 octobre 2008
Les démocraties contestées
Elections : Les démocraties contestées
En novembre prochain, deux élections majeures auront lieu dans le monde : aux Etats-Unis et en Côte d’Ivoire (si le miracle se produit). Aux Etats-Unis, nous saurons si dans le secret de l’isoloir les Américains auront vaincu la question raciale et auront envoyé un noir à
la Maison Blanche.
En Côte d’Ivoire, nous saurons si pour la première fois un peuple africain aura donné tort à
la France
et aux institutions internationales en refusant de donner la direction de leur pays à celui que l’ancien colonisateur a choisi. En d’autres termes, nous saurons si
la Côte
d’Ivoire a entériné la première révolution en Afrique Francophone depuis 1960 lorsqu’elle a bravé l’armée française en 2004 devant l’Hôtel Ivoire d’Abidjan.
Puisque les Africains sont prompts à décrier les premiers pas de la démocratie moderne sur le continent, je voudrais leur rappeler ici que les élections présidentielles ou autres ne sont presque jamais parfaites ; même dans les pays où le suffrage universel est devenu une tradition électorale. Les Ivoiriens – particulièrement ceux qui ont versé leur venin sur leur pays et en ont fait le pays le plus raciste et le plus xénophobe de la planète depuis six ans - ont tout intérêt à réfléchir sur cette liste d’élections contestées que je donne ici mais qui n’ont pas donné lieu à une guerre armée.
1) En Colombie, en octobre 2004, malgré une commission internationale qui a surveillé le bon déroulement des votes, l’opposition a crié à la fraude et à la reprise des élections. Elle ne fut pas écoutée. 2) En Afghanistan, à la fin du mois d’Octobre 2004, les partis d’opposition ont manifesté contre les irrégularités des votes.
3) Aux Etats-Unis, dès le 29 octobre, les Républicains ont dénoncé la présence sur les listes électorales de près de 100 mille faux électeurs. Le camp adverse a crié à la manipulation de l’opinion publique. Les deux camps ont fait appel à leurs avocats.
4) Le 22 novembre 2004, après le premier tour des élections en Ukraine (48 millions d’habitants), l’opposition est descendue dans la rue en criant à la fraude. Le chef de l’opposition est proclamé Présidents par ses députés.
5) Le 5 janvier 2008, suite aux élections contestées au kénya, le Président élu mais contesté accepte de former un gouvernement d'union nationale ; ce que refuse son opposant direct qui réclame sa démission avant toute négociation. Une façon de s'enfermer dans l'impasse.
6) Toujours en janvier 2008, en Georgie, on parle de preuves en images des fraudes électorales : images d'électeurs qui viennent voter à plusieurs reprises ; images de personnes tenant les urnes en train de les ouvrir avant la fin des votes.
7) le 2 mai 2008, cinq semaines après les élections au Zimbabwé (29 mars 2008), la commission électorale livre enfin les résultats. Le président Mugabé est dévancé par son opposant qui n'obtient pas la majorité absolue (47 %). Celui-ci refuse un deuxième tour. Que prévoyait la constitution ? Election du président à la majorité absolue ou relative ?
8) le 27 juillet 2008, élections aux Cambodge. Selon les médias, le gouvernement en place a institué dans le pays un système de rachat des voix ; ce qui lui permet d'influencer les votes et pérenniser sa mainmise sur le pays.
9) Le 5 septembre 2008, élections en Angola. On déplore le manque de listes d'émargement dans de nombreux bureaux de vote.
10) Inutile de revenir en détails sur les conditions de la première élection de George Bush qui a permis au monde entier de voir et comprendre que même les vieilles démocraties reposent sur des fondements qui ne sont pas parfaits. En France, plus personne ne s'amuse à comptabiliser les votes nuls ou à faire des commentaires sur les bulletins d’électeurs non reçus. Cependant, suite à l’annulation de l’élection du maire de Perpignan en raison d’une fraude à « la chaussette » (le 16 mars 2008, le président du bureau de vote n°4, frère d’un colistier du maire sortant, a été pris en flagrant délit de fraude avec des bulletins dans ses chaussettes), le journal français La Croixn a publié une liste de toutes les élections des maires annulées ou contestées mais non annulées en 2008. Le recours en annulation représente une commune sur dix en France, soit 300 requêtes sur le territoire ; 10 % des maires voient donc leur élection contestée après chaque scrutin. En ce mois d’octobre, dix annulations et une confirmation ont été prononcées par les tribunaux administratifs qui ont six mois (à partir des élections) pour statuer sur les recours en invalidation des élections municipales. Mais, précise le journal, « si les recours sont fréquents, les annulations sont rares ». Cependant, aux yeux d’un africain qui regarde une vielle démocratie, cela est beaucoup, sinon trop pour tempérer ses ardeurs à recourir aux armes afin d’obtenir justice.
Raphaël ADJOBI
Commentaires
L'intérêt des armuriers..
Les fabricants d'armes ont en effet intérêt à ce que des foyers de guerre naissent dans certains coins du monde afin qu'ils puissent gagner de l'argent en écoulant leurs stocks. Et c'est vrai que les états européens eux-mêmes ferment les yeux sur le trafic d'armes car ce commenrce dit illégal fait tourner les usines et éviter le chômage des ouvriers de leur pays.
Le gros problème, c'est que trop d'Africains croient que si les Européens les aident et les poussent dans la rebellion armée, c'est que leur cause est forcément juste au point de mériter le renversement du régime en place. Tu as donc tout à fait raison de faire remarquer le rôle des pays européens dans la contestation des élections en Afrique.ces armes qui nous détruisent
st-ralph, le marché des armes est affaire juteuse pour les fabricants et revendeurs.on a pu le constater dans l'affaire de l'angolagate.790 millions de dollards partie "en fumée" et qui a été un grand manque pour les angolais.Ils créent des guerres chez nous avec notre complicité parce qu'ils savent bien qu'on a "la fibre guerrière" et rarement"démocratique" et qu'on est intéressé par l'argent.l'argent, ce bon serviteur et mauvais maître ou je-ne-sais-plus-quoi d'autre.il nous faut un idéal.visiblement on en a pas ou peu voire très mince.
Parfois j'y crois...
Tu sais, il m'arrive aussi de croire que " nous avons la fibre guerrière " comme tu dis. Quand je vois avec quelle hargne nous nous déchirons et avec quelle facilité nous nous laissons entraîner dans des conflits fratricides, je désespère de notre marche vers la démocratie. Cependant, je me dis très vite qu'il faut s'armer de patience et ne pas relâcher nos efforts. Car quiconque demeure longtemps sans espoir est certain de trébucher.
Une élection n'est jamais parfaite!
Pour vous rejoindre, même au Sénégal, ou Abdoulaye Wade a remporté haut les élections, présidentielles comme législatives, l'opposition a contesté. Pourtant, elles ont été trés claires et les journalistes Sénégalais comme étrangers sont d'accord là dessus. Un sondage pourrait le reconfirmer, bien qu'aujourd'hui la majorité des Séngalais sont déçus et mécontents de lui. D'autre part, les Africains sont plus promptes à prendre les armes car il y'a d'abord les usines de fabrication d'armes qui y trouvent leurs intérêts et aussi des dirigeants qui affament leurs peuples qui sont assez mécontents et ne voient pas d'issus pour la fin de leur misére qui ne cesse d'augmenter. Le cas de la Côte d'Ivoire me préoccupe, mais je crois que je ne maitrise pas vraiemnt le sujet. Peut-être est-ce la raison pour laquelle je suis avec Bagbo?