23 août 2009
Visiter Amsterdam et s'instruire
Visiter Amsterdam et s’instruire
Les voyages ne forment pas que la jeunesse ; chacun le sait, sauf peut-être la jeunesse. Raison pour laquelle ils ont, dans les siècles passés, abondamment nourri la littérature. A vrai dire, aujourd’hui on ne voyage pas ; on est transporté d’un lieu à un autre. Et une fois à destination, on cherche à satisfaire ses yeux et à profiter des tables locales. Les impressions de voyages d’aujourd’hui se limitent donc souvent à une collection de « bizarreries ».
Pour ma part, mon récent séjour à Amsterdam m’a beaucoup appris et ne me permet plus de me contenter des habitudes. Je voudrais ici vous livrer mes impressions et mes analyses qui motivent cette conviction. Le futur voyageur pourra tirer profit de certains détails. Vos impressions et vos analyses personnelles seront aussi les bienvenues.
Arrivée et installation : Un premier contact avec le métro assez décevant parce que les noms des stations sont en petits caractères. Difficile de savoir où l’on se trouve. De ce point de vue, Paris est imbattable en efficacité. Préférez le tramway en toutes circonstances. Les distances entre les différents sites se font facilement à pied. Aussi, n’hésitez pas à choisir un hôtel qui vous semble loin du centre. L’immensité d’Amsterdam sur une carte n’est qu’un trompe-l’œil.
La ville ou le vélo est roi : C’est souvent ce que l’on entend dire d’Amsterdam. La réalité dépasse les paroles. Imaginez la ville de Paris vidée des trois quarts de ses voitures et dotez-la de parkings à deux niveaux pour les vélos et vous avez Amsterdam !
Donc peu de voitures en circulation. Tout le monde est à pied ou à vélo. Tout à été prévu pour que chacun puisse l’utiliser quotidiennement, même pour accompagner les enfants à l’école ou pour aller faire ses courses. Toutes les rues, les nationales, et mêmes les larges voies autoroutières reliant la ville aux banlieues sont doublées d’une piste cyclable et d’une voie piétonne ; et dans les deux sens s’il vous plaît ! Mais attention, les cyclistes vont vite ! Et le piéton n’a pas intérêt à « squatter » leurs voies.
Il semble que les suisses ont également une vieille et grande pratique du vélo. Mais le phénomène, sans doute moins frappant, n’a pas retenu mon attention lors de mon séjour dans les années 90. Alors qu’en France tout est fait pour la voiture, en Hollande tout est fait pour que son usage ne soit pas nécessairement quotidien. Une vraie culture du vélo alors qu’en France il n’est qu’un loisir.
Belle leçon pour les pays en développement : Que ceux qui croient que le vélo-taxi est la marque des pays sous-développés revoient leurs leçons d’écologie. La Hollande pratique le vélo-taxi, le bateau-taxi, le bateau-bus. La politique du tout pour la voiture qu’affectionnent de nombreux pays européens comme la France et l’Espagne (les deux pays que je connais) et que copient les pays africains et sud-américains rend très difficile - pour ne pas dire impossible - une vraie politique écologique en matière de pollution atmosphérique. D’autre part, le tout voiture génère un aménagement du territoire de plus en plus compliqué rendant les déplacements de moins en moins commodes hors les locomotions motorisées.
Être en retard peut parfois s’avérer un atout. Avant les années 80, le réseau routier espagnol était celui d’un pays sous-développé. En tenant compte des erreurs des pays plus avancées dans ce domaine, l’Espagne dispose aujourd’hui d’infrastructures routières nettement plus commodes que la France. En se montrant attentifs aux expériences étrangères, les pays africains peuvent donc bâtir un avenir plus commode et plus écologique.
Raphaël ADJOBI
Photo 1. Maison flottante. L’eau étant omniprésente, les maisons flottantes sont ici des habitations ordinaires.
Photo 2. Amsterdam est une ville qui ose le mélange des architectures : anciennes, modernes, de style étranger comme cette immense construction de style pagode rappelant l’Asie. On apprécie aussi le mélange des saveurs du monde en gastronomie.
Commentaires
Tourisme ou voyage ,
Belle question Segou. Mais je crois avoir en partie répondu à la question en disant qu'aujourd'hui on ne voyage pas mais qu'on est transporté d'un point à un autre.
En réalité, c'est un séjour que comptais touristique mais qui est devenu dans les faits une véritable école de leçons qui ont formé mon jugement. Je reviens donc grandi de la Holland ; c'est en cela que je peux dire qu'il a fait sur moi l'effet d'un vrai voyage.
Effectivement parler du vélo n'était pas très original. Mais j'ai intentionnellement limité mon billet à ce seul détail car jamais je n'ai vu ni entendu parler d'un tel aménagement du territoir pensé pour la circulation à vélo. Dire qu'il y a beaucoup de vélos en Hollande ne veut absolument rien dire. Un enseignement ne peut pas se limiter à cette formule. J'ai senti le besoin d'être très explicite.
Autres éléments très intéressant : 1) chaque restaurant affiche fièrement sa nationalité. On ne dit pas restaurant africain, sud américain mais congolais, ivoirien, laosien, péruvien, chilien.... on va plus en détail que nulle part ailleurs. Et ça aussi c'est une découverte qui peut permettre de tirer des leçons sur le plan social. 2) Je suis pour la premier fois monté à bord d’un bateau du genre de ceux qui transportaient les esclaves aux amériques. On peut aisément s’imaginer leurs conditions de voyage. Là aussi c’est l’histoire qui vous prend à la gorge.Beau regard
Bonjour Saint-Ralph,
C'est un plaisir de lire ce regard du vacancier qui se projette loin. D'abord, tu renforces mon désir de visiter cette ville. De plus, je trouve intéressant cette réflexion sur la place du vélo dans cette ville. Les hollandais ont un avantage sur les français, ils ne doivent pas subir la pression d'un lobby des industriels de l'automobile dans leur aménagement du territoire.
@ suivre.Remarque juste !
Cher Gangoueus, tu fais bien de noter que les Hollandais ne connaissent pas, eux, la pression d'un quelconque lobby des industries automobiles. Je me disais aussi qu'une politique très sérieuse pour un usage très large du vélo en France ferait apparaître une énorme pression des constructeurs automobiles.
Les pays qui ne sont pas producteurs de voitures peuvent, sans risque de mécontenter un groupe économique, se permettre une organisation qui mette le vélo au centre de la circulation urbaine.Difficile
Bonsoir St-Ralph,
Je ne sais résumer et comme les mots ne me viennent pas naturellement pour réagir comme je voudrais, c'est difficile de le faire sur les blogs comme le tien où il faut prendre son temps et relire plusieurs fois pour être bien en phase.
Je vais essayer de dire deux mots.
A Amsterdam, ce qui m'a le plus surpris, c'est l'impression de déjà vu au niveau architecturale, ce n'est qu'en la quittant et allant ailleurs en Hollande que j'ai trouvé ce qui m'avait tant frappé. L'impression de revoir une partie de New-York et finalement tout s'est éclairé, et j'ai fais le lien avec Harlem aussi, une ville magnifique et fleurie pas si loin d'Amsterdam au fond. Pour le reste, compte tenu de la brièveté de mon séjour, je me suis concentrée sur ce qui m'intéresse, donc l'histoire et la culture, j'ai fais les musées, circuit en bateau, en bus, en tram et un peu de vélo dans le dernier circuit week-end qui permettait de visiter un marché local dont j'ai oublié le nom. J'ai aimé le souffle de créativité que j'ai ressenti pendant tout le séjour, l'organisation, la rigueur et le bilinguisme quasi-unanime de ceux que j'ai côtoyé. En dehors des deux premières nuits passer au stayokay, j'ai logé chez l'habitant à chaque étape comme je l'avais prévu.
Maintenant par rapport à ce que tu dis, je ne suis pas trop surprise de tes impressions, elles te ressemblent et font ressortir d'emblée tes centres d'intérêt, ainsi que tes expériences passées. Comme nos références et comparaisons sont pas vraiment les mêmes, c'est difficile pour moi de vraiment les apprécier. Parfois, je me dis tiens, j'aurais pas pensé à çà et c'est ce qui me fais revenir ici pour te lire, parce que justement, parfois tes réactions me surprennent et du coup, j'essaie de comprendre.
Voilà.
Finalement c'est pas si court, ouf, mais est ce que c'est intéressant??? A toi de le dire !
CarolineImpressions intéressantes...
C'est avec plaisir que j'ai lu tes impressions d'Amsterdam. C'est vrai que nous portons tous en nous une certaine attente plus ou moins palpable. Aussi, lorsque nous découvrons un monde nouveau, ce qui retient d'abord notre attention, c'est ce qui comble notre attente, notre coeur. Sur ce point, tu as tout à fait raison.
Quand tu dis que tu as eu une impression de "déjà vu" en découvrant cette ville, puisqu'elle t'a rappelé New York, je me dis que cela n'est pas étonnant puisque les Européens ont tenter de construire dans les amériques les villes qu'ils avaient quitté sur le vieux continent. Disons donc que c'est New York qui a des aspects d'Amsterdam.
Je vois que tu as beaucoup voyagé ! Ton penchant pour les musées et l'architecture ne me surprend pas. A Amsterdam, j'ai visité deux musées. Mais je suis du genre à passer en coup de vent parce que je me lasse vite.
C'est avec plaisir que j'ai lu ton commentaire qui sortait du fond du coeur. J'apprécie beaucoup.
Contrairement à ce que crois, les mots te viennent assez facilement. Il me semble que les choses sont plus faciles quand on se livre sincèrement. Tout ce qui vient du fond du coeur est toujours bien compris ; même quand les gens ne sont pas d'accord avec nous.L'effet miroir
Tant que tu ne te lasses pas de tes lectures St Ralph, c'est l'essentiel. Ce qui me plait dans les musées c'est qu'ils me parlent autant d'hier et d'aujourd'hui sous une forme que je comprends facilement. Amsterdam est aussi le point de départ des navires qui se rendirent en Afrique du Sud, qui alimentèrent la ségrégation d'hier et soutiennent le renouveau d'aujourd'hui. C'est un tout que j'observe et retiens.
Bonne soirée
CarolineBelle exemple!
Vous comparer la gestion du trafic urbain entre Paris et Amsterdam, j'ai déjà visité ces 2 places, et je suis absolument de votre avis! Mais il faut tout de même faire le lien avec une autre ville d'Europe ( Venise), ou les voitures n'ont pas leur place, et ainsi comprendre que simplicité de leurs choix de gestion du trafic vient avant tout de la difficulté à crée une ville ou la voiture serait reine alors que l'empire des bateaux et leurs canaux n'est pas fini..
Merci pour la lecture!
Bonne continuation !
Tourisme ou voyage
En lisant les premières lignes de ton billet, je m'attendais à trouver des informations susceptibles de porter nos pas hors des sentiers obligés du touriste. Pour le coup, petite déception! (je fais la moue)