18 janvier 2010
Le voile intégral et la ceinture de chasteté
Le voile intégral et la ceinture de chasteté
La multiplication du voile intégral dans le paysage social français semble suffisamment conséquente pour susciter des questions sur l’avenir les valeurs de la France. Quand son usage se limitait aux premières générations d’immigrés faites de femmes aux foyers et illettrées, peu nombreuses d’ailleurs, cela n’inquiétait pas les autres Français qui les voyaient comme des étrangères aux mœurs étranges. Depuis que – par on ne sait quel phénomène de mode – des lycéennes, des étudiantes, des employés de bureau découvrent les délices du voile intégral, de nombreuses voix s’élèvent ça et là pour dénoncer son intrusion dans tous les lieux protégés par les lois de la République.
Ce n’est donc pas le voile qui fait peur, mais son insinuation dans les lieux publics, les écoles, les administrations, les commerces, les lieux de loisirs entraînant par voie de conséquence la modification des règles de la vie sociale. Car, ne l’oublions pas, le voile est un signe religieux qui véhicule des croyances et des pratiques exigeant elles-mêmes des règles sociales appropriées et souvent sectaires.
Plus nombreux sont sans doute ceux qui voient dans cette floraison du voile la main des islamistes étrangers ; ceux qui ont les moyens de financer des immenses mosquées pour les plus pauvres de la terre parce qu’ils voient dans ce signe tapageur le drapeau qu’ils plantent en terre conquise. Le voile des femmes serait donc la marque de l’appropriation d’un espace nouveau.
Sous le voile, le sexe
Dans cette agitation devant le voile qui, peu à peu, recouvre la France, il me semble que l'on a oublié de parler de l'essentiel : la femme ! Or, celle qui porte le manteau du voile devrait être remise au centre des débats. Car dans la vie quotidienne c'est finalement elle qui inquiète et subit la désapprobation de ses concitoyens. L'homme, l'époux, est oublié. Interrogez-le. Il vous jurera par Allah que c'est sa femme qui a pris la liberté de se couvrir. Lui n'a pas eu son mot à dire. Interrogez la femme. Elle confirmera les propos de son mari et ajoutera que non seulement sa foi l'exige mais aussi qu'ainsi elle est respectée. Hors du voile, point de respect donc.
Je retiens pour ma part qu'instrument ou non des islamistes ou des époux, la femme est l'otage des hommes. Placée entre le marteau planant sur sa tête et l'enclume (islamistes et époux d'une part, et les lois républicaines de l'autre), elle est contrainte de faire l'apologie de l'instrument de son asservissement à l'homme. De même que hier la ceinture de chasteté garantissait à l'homme l'exclusivité du précieux sexe féminin, aujourd'hui, c'est sous le couvert de la religion et de la foi que l'homme musulman français a trouvé dans le voile intégral la préservation de ce qu'il considère comme un bien privé qui ne saurait porter l'étiquette Liberté.
Voilà qu'en France, des femmes venues d'ailleurs ou dont les parents sont venus d’ailleurs en clamant fuir la prison pour le pays des libertés, descendent dans les rues pour réclamer une prison dorée sous le voile ! Non contentes de cela, elles font de leur lugubre manteau le fer de lance d'un combat qui vise la révision des lois républicaines pour s'adapter à leur pratique religieuse. Mais savent-elles qu’ici Dieu est mort ? Savent-elles qu’ici les lois de la République priment sur la chose religieuse reléguée au cercle privé ? Savent-elles qu’ici l’église et l’état sont séparés et qu’il appartient à ce dernier de prescrire les lois à suivre ? Qu’elles commencent par apprendre les règles du pays avant d’entreprendre de les changer ; car « quand on va au pays des crapauds et que l’on voit ses habitants accroupis, plutôt que de demander une chaise, on fait comme eux ». C’est sûrement cette sagesse qui les sauvera du joug des Islamistes et de leurs époux.
Il est certain qu’avant d’être une question de foi, le voile est avant tout intimement lié au sexe. Quel homme n’aimerait-il pas, consciemment ou inconsciemment, voir sa femme évoluer librement dans n’importe quelle société avec la ferme conviction qu’elle porte un signe visible qui oblige tout autre homme à la considérer comme inaccessible. Comme la ceinture de chasteté, le voile est une marque répulsive pour les autres hommes mais que seul peut ôter l’époux pour s’offrir ce qu’il cache : le corps et le sexe ! Le voile n’est donc, avant tout, que l’expression du rêve masculin de la possession exclusive du sexe féminin enfoui en chacun de nous.
Raphaël ADJOBI