30 mai 2010
Opération Candy blog par Caroline K.
Opération Candy blog de Caroline K.
Caroline K. lance une opération séduction sur son blog. C'est l'occasion de découvrir cette artiste qui réalise des portraits aux couleurs douces pour le bonheur de ses amis. J'espère avoir un jour le plaisir de vous la présenter plus longuement. En attendant, vous pouvez participer à son opération et gagner de sympathiques lots. Des lots qui se veulent des témoignages d'amitié.
27 mai 2010
Journal d'un négrier au 18è siècle (William Snelgrave)
Journal d’un négrier au 18è siècle
Il est vivement conseillé à tous ceux qui entreprendront la lecture de ce livre de passer outre la très longue « introduction » de Pierre Gilbert S. J. Son parti pris révisionniste pourrait les détourner d’un livre riche d’enseignements. Il est visible en effet que Pierre Gilbert est de cette école de propagandistes chargés de soulager la conscience européenne du poids de la traite atlantique en faisant des Africains les principaux acteurs et bénéficiaires de ce commerce. Aussi ne retient-il du « Journal » du négrier William Snelgrave que les éléments qui servent son école.
L’intérêt essentiel que l’on peut retenir de ce livre est qu'il est l'oeuvre d'un acteur du commerce triangulaire dont le témoignage nous permet de saisir l'atmosphère ordinaire qui entourait au 18 è siècle la traite négrière sur le continent africain. Les négriers y vivaient de longs mois ou de longues années en bonne entente avec les Africains. Blancs et noirs s’invitaient et passaient des soirées dans de longues discussions. Mais, comme le narrateur, les négriers ne cessaient de se lamenter quand, pour cause de paix, leurs voisins ne venaient point vendre des ennemis capturés. Aussi, il me semble une erreur de prêter foi à la peinture apocalyptique de la côte de Guinée – même sous le règne du roi des Dahomès – qu'avance l'auteur pour justifier le commerce dans lequel il est impliqué. D'ailleurs, quand il dit que les gouvernants européens devraient encourager les chefs africains à tirer « un profit considérable » des prisonniers qu'ils font à la guerre, le lecteur voit clairement qu'il est animé d'un sentiment mercantile et non pas philanthropique. Pourtant, c’est cette peinture d’une Afrique trop barbare et pleine de prisonniers et d’esclaves que reprendront en chœur tous les révisionnistes de la traite négrière. A ceux-ci, on peut donc être tenté de poser cette question : si l'esclavage sauve des vies, pourquoi tant d'hommes ont-ils été inutilement brûlés, décapités, fusillés en Europe à travers des siècles alors qu'ils auraient pu servir d'esclaves ?
Il convient tout simplement de noter que les populations africaines dont parle ce témoin du 18è siècle avaient derrière eux déjà plus de deux siècles de commerce esclavagiste avec les européens. Le fait qu'ils avaient des fusils à la main et faisaient provisions de prisonniers montre clairement que cette peinture n’était nullement celle d’une Afrique exempte d’influence européenne. C’est plutôt celle d’une Afrique déjà devenue un vrai marché aux esclaves au point de faire de ses habitants des gens entreprenants, capables de marchander de pied ferme - mais point d'égal à égal - avec les négriers. Tout lecteur notera également que les sentiments chrétiens que l’auteur dit animer les Européens dans de nombreuses pages ne sont point crédibles du fait qu’il s’est rendu lui-même coupable – et de sang froid - du crime le plus horrible que contient son livre. Crime inhumain - preuve de la barbarie des négriers - adroitement repris par Olivier Merle dans son livre Noir négoce. Car il ne faut pas perdre de vue que si les européens refusaient aux Africains le droit d'être cruels, ils se réservaient cette marque comme la qualité essentielle pour discipliner ceux qu'ils voulaient dominer ou asservir.
Raphaël ADJOBI
Titre : Journal d’un négrier au XVIIIè siècle (251 pages).
Auteur : William Snelgrave
Editeur : Gallimard, 2008.
19 mai 2010
Des Ivoiriennes en fête à Saint-Julien-les-villas (Aube)
Des femmes ivoiriennes en fête
à Saint-Julien-les-Villas
Le 24 avril 2010, La petite commune de Saint-Julien-les-Villas, située dans l'agglomération troyenne, a accueilli une manifestation de l'Association des Femmes Abouré de France (afafce). Une fête très particulière parce qu'elle visait essentiellement à présenter la culture du pays abouré regroupant les communes ivoiriennes de Bonoua, Grand-Bassam, Moossou, Ebra, Yaou, Adiaho et Vitré.
(M.Daniel Picara, maire de St-Julien-les-Villas, et la présidente Mme Palmot Valérie, au milieu des membres de l'AFAFCE)
Le Choix de Saint-Julien les Villas pour abriter cette manifestation n'est pas le fait du hasard. C'est Madame Colombe Codazzi, française d'origine ivoirienne, membre du conseil municipal, et l'esprit d'ouverture qui caractérise la mairie de cette coquette commune administrée par M. Daniel Picara qui ont favorisé sa réalisation.
(La présidente Valérie Palmot, posant avec Mmes Colombe Codazzi, Benoist Renée et Mlles Bizzari Patricia et Grimont annick, toutes les quatre très impliquées dans la vie de St-Julien les villas)
La présence nombreuse des membres de l'association a permis une présentation très réussie - mais qui a malheureusement traîné en longueur - de tableaux des traditions du pays abouré (Groupe Akan) : une danse locale suivie de la présentation publique des jeunes filles nubiles, de la jeune mariée, de la jeune mère, et enfin l'entrée en scène de la cérémonie du dixième enfant.
Les objectifs de l'AFAFCE, très localisés et par conséquent très concrets, présentés par sa présidente Madame Palmot Valérie, ont été vivement salués par le maire de Saint-Julien-les-villas. Si cette fête était assurément une occasion de retrouvailles des femmes (et de quelques hommes) originaires des cités abouré nommées plus haut, l'association ne perd pas de vue qu'en France, elle doit privilégier le souci de faire connaître la culture de ce petit sous-groupe Akan que constituent les abouré de Côte d'Ivoire. Il est certain qu'en s'appliquant à certaines contraintes comme la ponctualité et la rigueur dans le service-repas qui accompagne ses manifestations, l'association peut s'avérer une excellente ambassadrice de la Côte d'Ivoire dans de nombreuses régions de France. Car il est tout à fait heureux de constater qu'une association née en France ait l'audace et le souci de faire connaître un pan de la culture de la Côte d'Ivoire en marge des actions officielles (très rares) de ce pays. Mais ce qui est encore plus enthousiasmant, c'est l'active complicité des autorités de Saint-Julien-les-villas dans cette entreprise.
(Une belle reconstitution de la cérémonie du dixième enfant en pays abouré)
Raphaël ADJOBI
08 mai 2010
La crise grecque : un parfum de sous-développement
La crise grecque : un parfum de sous-développement Depuis 2008 que le monde entier a sombré dans la crise dévoilant au grand jour les méfaits du capitalisme non contrôlé par les états, l’Union Européenne ressemble à une organisation moins égalitaire. Avec le temps, nous découvrons que certains pays européens ont beaucoup de mal à se relever, montrant un visage presque pitoyable. Mais à l'heure de la Communauté Européenne, il fallait absolument hisser ces pays décadents au rang de nations développées. L'Union Européenne avait besoin de s’accorder dans un modernisme tapageur pour rivaliser avec les Etats-Unis et faire pâlir d’envie le reste du monde. Des moyens considérables furent mis en oeuvre pour soutenir leur marche forcée. En quelques années, les blasons redorés, ils reçurent en grande pompe le sacrement sous la forme de l'Euro. Cela rappelait le saut à deux pieds joints dans l’économie mondiale des pays sous-développés d’Afrique, d’Asie et de l’Amérique latine dans les années 70. Malheureusement, de la même façon que Le FMI a dû voler au secours des pays sous-développés et hypothéquer leur avenir à partir de la fin des années 80, aujourd’hui la Grèce se voit obligée d’accepter les vieux remèdes propres aux pays pauvres : augmentation des taxes diverses, réduction des salaires, révision des priorités de développement, en d'autres termes l'application du fameux et redoutable « plan d'austérité » synonyme de reconnaissance officielle de sa déchéance dans ce monde où l'argent est roi. Tout cela fragilise le tissu social du pays et le couvre d’une atmosphère digne d’une nation du tiers-monde au fond du trou. Certains veulent croire que le FMI n'est qu'une bouée de sauvetage (apparemment sans effet) en attendant une aide plus conséquente de l'Union Européenne retardée par les échéances électorales en Allemagne. Mais le mal n'est-il pas déjà fait ? En tout cas, si l'U.E ne croit plus en son pouvoir, les Grecs de leur côté ne sont plus séduits par son charme et se réchauffent le coeur comme ils peuvent en brûlant sa bannière étoilée qui, il y a quelques années, leur donnait l'impression d'être un état d'une nouvelle Amérique. Raphaël ADJOBI Dessin de Wiaz (Nouvelobservateur n°2374 de mai 2010) A vrai dire, la crise grecque ne fait que montrer une réalité que l’Union Européenne cachait depuis des années sous des apparences de fêtes et de grandes messes vantant l’union sacrée d’une Europe retrouvée. Je ne veux pour preuve que l’état dans lequel se trouvait l’Espagne quand je l’ai découverte en 1977 à sa sortie du Franquisme : un pays arriéré qui vivait sur les vestiges des siècles où elle dominait fièrement le monde mais démuni de tout ce qui faisait alors un pays moderne. La Grèce et le Portugal étaient, à cette époque, logés à la même enseigne. Tels des aristocrates désargentés pointant à l'usine le jour et dormant la nuit dans leur château au confort moyenâgeux, ces grandes puissances des siècles passés vivaient chichement.
Ce qui arrive à la Grèce et que redoutent le Portugal et l’Espagne n’est-il pas en réalité le sort commun de tous ceux qui vivent au-dessus de leurs moyens ? En tout cas, les investissements colossaux entrepris par ces pays grâce aux prêts de l’Union Européenne les font apparaître aujourd'hui comme de nouveaux riches en déroute et leur fortune perdue comme un mirage.