29 juillet 2010
Sékou Touré, Patrice Lumumba, mes étoiles des indépendances africaines (1)
Sékou Touré, Patrice Lumumba,
mes étoiles des indépendances africaines (1)
J'ai toujours considéré injuste le sort qui est réservé à Sékou Touré dans l'histoire de l'Afrique. Ignoré, Oublié. Quand j'ai été quelque peu instruit de l'histoire de Patrice Emery Lumumba, je me suis dit que ces deux hommes mériteraient d'être élevés au rang d'idoles de la lutte pour les libertés en Afrique. Mais approchant les tableaux de plus près, j'ai dû tempérer mes ardeurs idolâtres à l'égard de l'homme de Conakry avant de découvrir la grandeur de son combat pour la dignité de l'homme africain. Pour en arriver là, j'ai considéré les contextes et les discours qui ont causé la perte de l'un et de l'autre.
Sékou Touré : C'est le 25 août 1958 à Conakry devant le général de Gaulle en tournée pour proposer aux chefs d'Etats africains son projet de Communauté franco-africaine que Sékou Touré va devenir célèbre avec sa formule « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l'opulence dans l'esclavage ». Pendant longtemps, comme bien d'autres certainement, je m'en suis tenu à cette formule pour lui tresser des lauriers. Mais en lisant la totalité du discours, on peut vraiment se demander ce que recherchait l'homme.
Partant de l'éloge de la résistance française au nazisme qu'il qualifie de « force du mal », Sékou Touré fait entendre à son hôte que les Africains sont passionnés par les valeurs essentielles qui ont animé la France durant la deuxième guerre mondiale : la Liberté et la Dignité. Raisons pour lesquelles l'Afrique s'est jointe « sans justification apparente » au combat de la France.
Je pense sincèrement que dès ce préambule, de Gaulle avait compris ce à quoi Sékou Touré voulait en venir. Dès lors, il a dû commencer à trouver ce discours long et lassant en attendant les termes clairs et définitifs de la décision du chef guinéen.
Sékou Touré fait ensuite le procès des « structures économiques et politiques héritées du régime colonial » qui ont freiné, selon lui, « l'épanouissement des valeurs de l'Afrique » et créé par la même occasion « le désordre moral ». Propos audacieux et presque irrévérencieux pour ce qui est de l'expression « désordre moral » jeté à la face de son hôte. « Nous voulons corriger fondamentalement ces structures », assure-t-il. Hâtons-nous d'en finir, a dû se dire le président français.
Mais Sékou Touré ne veut pas aller droit au but ; et comme pour adoucir le coup final, il parle de « la nécessité de rechercher les voies les meilleures (d'une) émancipation totale ». De Gaulle a dû se dire « pas avec moi ! » Puis l'orateur se montre philosophe parlant des multiples aspects du bonheur pour retenir le premier de tous, du moins celui qu'il croit être propre aux Africains, qui est la Dignité. « Or, il n'y a pas de Dignité sans liberté, car tout assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégrade celui sur qui elle pèse, lui retire une part de sa qualité d'homme et en fait arbitrairement un être inférieur. NOUS PREFERONS LA PAUVRETE DANS LA LIBERTE A L'OPULENCE DANS L'ESCLAVAGE. »
Je suppose aisément qu'à partir de cet instant, le général de Gaulle n'a plus écouté l'orateur. Une fois la volonté d’indépendance clairement exprimée et entendue, son esprit a dû se focaliser sur les moyens à mettre en oeuvre pour donner une leçon à ce « prétentieux » de Sékou Touré. On a du mal à imaginer que devant unchef d'Etat considéré comme ami on puisse lancer de telles paroles. Insolence ? Manque de diplomatie ? Volonté de se faire remarquer comme un original ? On pourrait croire qu’il ya un peu de tout cela dans le comportement de Sékou Touré. J’avoue l’avoir cru aussi.
C'est seulement à la fin de son discours que l’homme de Conakry va donner sa réponse au projet de Référendum prévu pour le 28 septembre et pour lequel Charles de Gaulle a fait le déplacement en Guinée. Ce projet d'une communauté franco-africaine, Sékou Touré n'en veut pas parce qu'il n'est, selon lui, qu'un déguisement de l'empire colonial français. Aussi, il dit « NON de manière catégorique à tout aménagement du régime colonial ». Pourtant, il n'envisage pas la « solution destructive d'une séparation ». « Nous sommes Africains et nos territoires ne sauraient être une partie de la France. Nous serons citoyens de nos Etats africains, membres de la communauté franco-africaine ». Des états africains indépendants mais librement associés à la France ; voilà ce que voulait le chef guinéen.
Ce que proposait Sékou Touré, c'est ce qui sera finalement accordé aux états africains à partir de 1960 : l'indépendance des pays francophones sous contrats privilégiés avec la France. Mais puisqu'il a osé avoir eu raison trop tôt, on le lui fera payer très cher.
La punition
Dans son allocution, le leader guinéen avait souligné que l'un des « attributs de souveraineté » était la monnaie ; attribut qui serait confisqué par le projet de Communauté franco-africaine que proposait Charles de Gaulle. Aussi, avait-il dans le secret fait frappé des billets guinéens par l'intermédiaire de l'Angleterre. Mais les blancs sont bien solidaires. Dès le lendemain de la mise sur le marché de cette monnaie, la France inonde la Guinée de faux billets de banque faisant ainsi capoter le rêve de Sékou Touré qui passa donc le plus clair de son temps à séparer le vrai du faux. Voilà, comment on assassine un pays pour ensuite accuser ses gouvernants d'être des incapables. Il m'a fallu une émission de la radio France Inter pour le savoir. Comme si cela ne suffisait pas, comme au temps de l'esclavage, - pas très lointain - la France a, ensuite, encouragé des oppositions au leader guinéen et les a armées. La réponse de Sékou Touré fut sanglante ! A partir de ce moment, l'homme a commencé à tirer sur tout ce qui bougeait hors de ses projets. Pour bien faire, on l'affubla de l'adjectif « paranoïaque ». Alors pendant un temps, la France envisagea s'appuyer sur la Côte d'Ivoire pour une intervention en Guinée. Mais nul ne sait pourquoi ce projet n'a finalement pas vu le jour.
Force est de constater que la France a empêché Sékou Touré de montrer ce dont il était capable par pur ressentiment à son égard d’abord, ensuite pour éviter que le succès de son entreprise n’entraîne d’autres pays dans son sillage. C’est d’ailleurs la première règle que tous les colons appliquent aux colonisés, tous les dominateurs aux dominés. Hier comme aujourd'hui, les pays européens se sont appliqués et s'appliquent à faire en sorte que les rêves d'émancipation des pays pauvres se transforment en cauchemar. Sékou Touré n’est donc pas responsable de l’échec de son projet d’émancipation. La France et les valets guinéens qu’il a suscités en sont les premiers responsables.
Les raisons du ton du discours de la discorde
C'est plusieurs années plus tard, sous François Mitterrand, que Sékou Touré va pouvoir expliquer le ton ferme et presque irrévérencieux de son discours d'août 1958. Les copies de sa conférence de presse devant les journalistes français circulent aujourd'hui dans les Kiosques du sud de la Côte d'Ivoire. Sékou Touré y est excellent, clair, méthodique... et lassant parce que toujours trop long. Heureusement que j'ai eu connaissance de cet enregistrement ; sinon je m'en serais tenu à mon premier sentiment et aurais fait de l'homme un insolent, un prétentieux.
Ce que l'on peut retenir, c'est que tous les partis africains francophones avaient, à l'époque coloniale, demandé à ce qu'il soit noté dans le projet de Référendum sur la nouvelle communauté franco-africaine « que les pays africains seraient libres, le moment venu, d'évoluer vers l'indépendance. » Devinez qui était le rapporteur de la réunion des partis africains proposant cette clause à Charles de Gaulle ? Sékou Touré ! Mais le général de Gaulle a estimé sa position, et donc son projet, non négociable ; « la constitution même lointaine de self-governments est à écarter » (Conférence africaine française de Brazzaville / 30 janvier- 8 février 1944 /Paris, 1945 ; cité par Jacques Dumont, in « L'amère patrie », p. 120, éd. Fayard). A Brazzaville, en réponse aux partis africains, le général réaffirme la souveraineté inconditionnelle et non négociable de la France : « Il appartient à la nation française et il n'appartient qu'à elle de procéder le moment venu aux réformes impériales de structure qu'elle décidera dans sa souveraineté. »(Cité par Jacques Dumont, in « L'amère patrie », p. 120). Quelle arrogance ! Quel mépris ! Quelle France fière de sa puissance et de son autorité !
C'est donc clairement face à cette fermeté de Charles de gaulle et devant l'attitude de ses amis africains qui pliaient l'échine que Sékou Touré a pris ses responsabilités pour dire que la demande dont il est le rapporteur est également non négociable ! Voilà donc ce qu'il faut savoir pour comprendre le discours d'août 1958 ; un discours de combat pour l'indépendance de l'Afrique. C'est un devoir pour tous les Africains de ne pas oublier le combat de celui qui n'a jamais voulu renoncer à sa dignité devant l'arrogance et le mépris de la France. En brisant le projet de Sékou Touré pour ne pas voir paraître son rayonnement, c'est la vraie indépendance de l'Afrique que de Gaulle a confisqué et que ses successeurs s'emploieront à entretenir. Quant à ceux qui persisteraient à rendre Sékou Touré seul responsable de l'échec de son pays, malgré les détails historiques que je donne ici, je répondrais en paraphrasant notre ami Rudy Edme (blogueur haïtien) que ce n'est pas parce qu'un pays a fracassé son destin qu'il n'avait pas le droit de se révolter.
° Sékou Touré, Patrice Lumumba (2)
Raphaël ADJOBI
Commentaires
Avoir été naÏf?
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton billet frère, cela tombe bien car je voulais justement te poser une question, après avoir vu récemment sur canal+ , un film retraçant le combat de Patrice LUMUMBA à son assassinat.
Nos étoiles de combattant , n'ont-ils pas été un peu naïfs en pensant que le colon allait leur ouvrir si facilement la porte à la liberté , sachant que ces colonisateurs y perdent beaucoup.
ce discours de Sékou TOURE ressemble à s'y méprendre à celui , écouté dans le film, de LUMUMBA.
Je n'excuse pas la France, mais je pense que nous ignorons la force de nuisance que nous constituons nous même face au petits gains, à la satisfaction personnelle et éphémère .Ainsi plusieurs africains ont cru bon de s'opposer , cela dans le sang, à d'autres car chacun voulant être dirigeant de sa zone.Stratégie
Frère Hiler,
Le plus grand reproche que je puisse faire à Lumumba, Sékou Touré (aux 1e années de son pouvoir) et Nkrumah par exemple (lui aussi aux 1e années de son pouvoir) est d'avoir manqué de stratégie. Une des choses essentielles à retenir est que ce monde est régi par des rapports de force. Tu auras beau avoir travaillé de tes muscles pour avoir une belle maison, bien nourrir tes enfants, le monde est fait ainsi, "on" convoitera tes biens, ton bonheur sera envié. Les Africains d'aujourd'hui doivent travailler, lire, relire et étudier comme il se doit les échecs des nationalistes indépendants qui ont conduit nos pays aux indépendances. Quelle armée avait Lumumba pour lutter de front contre la CIA, la Belgique et l'ONU (qui a participé à la trahison)? Bon, je m'arrête là car c'est un sujet sur lequel je suis trop volubile.
@+, O.G.J'ai été bien chanceux !
Oui, Liss, j'ai choisi exprès ce titre qui rappelle celui du livre de Lilian Thuram. Cette année 2010 des anniversaires d'indépendance des pays africains me rappelle que j'ai, moi aussi, des étoiles qu'il me faut célébrer. Concernant Sékou Touré, j'avoue que j'ai eu une chance extraordinaire d'avoir la veille de mon départ de la Côte d'Ivoire poussé les portes d'un responsable de l'agriculture de la ville de Bonoua. En attendant que sa secrétaire me dactylographie le document que j'avais demandé et qu'il attendait de signer, il a glissé l'enregistrement audio-vidéo dans son ordinateur. C'est ainsi que j'ai entendu l'homme de Guinée expliquer qu'il était le rapporteur de la demande de la clause au projet de Charles de Gaulle faite par les partis africains. D'autres part, je suis en train de lire le livre de Jacques Dumont intitulé "L'amère patrie, Histoire des Antilles françaises au XXè siècle". C'est dans ce livre que j'ai eu la confirmation des dires de Sékou Touré quant à l'attitude du général de Gaulle. Si je n'avais pas eu connaissance de ces éléments, j'aurais conclu que Sékou Touré avait pris des risques inconsidérés en balançant à la face du général de gaulle des vérités qui n'étaient pas nécessaires au regard de la constitution d'une communauté franco-africaine demandée par de Gaulle. Le côté amusant de mon texte vient certainement du fait que je me suis mis à la place du général de Gaule écoutant ce discours auquel il ne s'attendait sans doute pas.
Bientôt, vous aurez mon texte concernant Patrice Lumumba. Je n'avais jamais prêté attention à son histoire avant cette année. C'est dire combien je suis, moi aussi, ignorant de bien de choses concernant l'histoire de l'Afrique.Je ne crois pas à leur naïveté.
Cher Hilaire,
D'abord, je ne crois absolument pas que les gestes de Sékou Touré et de Patrice Lumumba sont à mettre au compte de la naïveté. Je pense sincèrement qu'à leur époque, ils étaient plus proches, intellectuellement et politiquement, des gouvernants européens. Il suffit de penser combien Senghor, Césaire et bien d'autres écrivains africains étaient proches des hommes de lettres de années 40 et 50. Je crois donc qu'ils avaient la ferme conviction qu'ils pouvaient discuter d'égal à égal et que les Européens étaient capables de comprendre leurs sentiments et leurs revendications. Eux jouaient pour ainsi dire carte sur table. Si les Européens trichent dans le jeu, on ne va pas en vouloir aux Africains !
Je ne crois pas non plus qu'il y avait chez les deux hommes un souci de satisfaire leur égoïsme. C'est aussi la première conclusion que j'ai faite après lecture du discours de Sékou Touré. Je me suis dit qu'il n'y avait aucune raison pour qu'ils disent tant de vérités en une telle occasion ! Mais comme je le dis dans la réponse à Liss, c'est en ayant connaissance de l'histoire que l'on découvre que Sékou Touré avait tout à fait raison. Si tu veux, il s'est sacrifié sur l'autel de la dignité de l'Afrique. Il fallait au moins qu'un des fils de l'Afrique dise à Charles de Gaulle que sa proposition est injuste. Pour avoir osé le dire, il devient un héro. Retenons qu'on n'est pas héro malgré soi mais par la force de sa volonté.
@ Mon cher Obambé,
Peut-être as-tu raison en disant que ces leaders ont manqué de stratégie. Il me semble qu'à défaut de stratégie, Sékou Touré et Kouamé N'Krumah avaient des projets. Dans les années 70, tous les produits manufacturés africains que l'on trouvait sur le marché ivoirien venaient du Ghana. On peut dire que ce pays était la petite Chine de l'Afrique. Pour ma part, je parlerai plutôt de manque de cohésion entre africains. Quand un leader est malmené par un pays européen, les autres se taisent ou s'allient avec le pays européen pour enfoncer le voisin. En Afrique, on ne s'occupe guère du malheur de l'autre. Dans ton bel article consacré au jeune ivoirien étouffé par l'armée française, personne n'a levé le petit doigt pour réclamer justice. Il en est de même quand il s'agit d'un état.Audacieux Homme Noir, tout simplement !
Pour avoir été le " vilain petit canard " de la cour,pour ne pas dire AUDACIEUX, rien ne lui a été épargné. Ni à sa personne et surtout à son peuple d'avoir voté NON.
Les anciens racontent Raphaël,qu'en partant de la guinée,en guise d'extrême PUNITION,les Français n'ont pas hésité a emporté avec eux tout ce qui pouvait l'être : matériels administratifs, militaires,et brûler les tracteurs,les semences...
Avec cette rage au ventre, on imagine bien ce qui attendait ce peuple et son président pour la suite de son indépendance.
Comme toi,nos étoiles n'étaient pas des naïfs.Ils étaient porteurs de projet pour leur pays et pour le continent.
Comment auraient-ils trouver des stratégies pour une meilleure application du projet lorsqu'ils sont harcelés,on attente à leur vie,on déploie tous les coups tortueux ? Dans le cas de la guinée, c'est incroyable de lire les mémoires de Focarts et autres.On se rend compte que le projet de Sékou Touré avait peu de chance de briller comme il se devait.
Qu'on veuille ou non, ce monsieur,paix à son âme, fut un GRAND pour son pays,son peuple et le continent.Beaucoup de nos "gouvernants " actuels,devront ç'en inspirer face aux européens.
Je termine pour te dire que je ravie de la hauteur que tu donne au discours.
Merci pour cet article et j'espère qu'il contribuera à éclairer la nouvelle génération guinéenne et africaine pour empêcher tous les révisionnistes de nous voler la vraie vérité de notre histoire.Bien joué, St-Ralph!
Je me suis cru sur un terrai de foot en lisant ta dernière sortie. Le manque de stratégie, je mets plus cela sur le compte de Lumumba et de Sékou Touré et le manque de cohésion sur eux tous car comme tu dis, "Quand un leader est malmené par un pays européen, les autres se taisent ou s'allient avec le pays européen pour enfoncer le voisin." Et c'est bien là l'un de nos drames! K. Nkrumah était ssul, les larmes aux yeux, à Addis Abeba lorsqu'il se rendit compte que ses pairs l'avaient abandonné. Après avoir pleuré, il s'en est allé, et c'est le Négus Haïlé Sélassié qui est allé le chercher alors qu'il était déjà parti, pour le ramener et Nkrumah a signé un texte de compromis qui a mis le dernier clou sur le cercueil de son projet d'Union. Oui, la cohésion, nous ne connaissons pas.
Et je suis d'accord avec toi en disant les deux cités avaient des projets et je suis ne suis pas le dernier à reconnaître que l'Osagyefo avait bossé avant de perdre le pouvoir comme l'on sait. Lumumba, la veille du putsch de Mobutu et des autres croisa ce dernier. Il était ivre et ne cessait de lui dire: "Je vais faire un coup d'Etat contre toi!" Lumumba a pris la chose à la légère, négligeant cette piste car il estimait que Mobutu (30 ans à l'époque), son propre produit, un jouisseur invétéré, obséquieux devant les puissants, ne pouvait lui faire du tort...Bon, Lumumba n'avait même pas un an de pouvoir et c'est sûr, pas les moyens et le recul de parer. De toutes les façons, la CIA et la Belgique avaient leur cheval de Troie dans le système.
Là où j'en veux le plus à Sékou Touré, c'est de ne pas avoir fait bloc avec le peuple contre ses ennemis: le Sénégal et la France par exemple. Et puis les querelles incessantes contre son voisin à l'économie florissante sont, franchement d'une stupidité affligeante. En cela, il a plus ressemblé aux leaders des satellites de Moscou que nous avons vu durant des décennies: des discours fleuves à n'en plus finir.
Beau sujet.
@+, O.G.Oui pour le manque de stratégie
@St-Ralph, @Obambé GAKOSSO,
Tout à fait en accord avec vous sur le manque de stratégie et aussi plus en accord que ces Mr étaient plus proches des politiques européens.
Pour ma part, ils ont pensé que leurs frères, africains de ce temps là et même maintenant , avaient cette vision d'indépendance et pouvaient être travailleurs.
Ils pensaient peut-être , qu'après ces libertés, car pas les mêmes partout,retrouvées, tous allaient regarder dans la même direction et voir les mêmes objectifs.C'est sûrement ce qui à manquéCe que racontent les Anciens...
Oui, Sylvie, ce que racontent les Anciens est vrai. Les journalistes de France Inter ont effectivement parlé de ce que les Français ont emporté de Guinée au moment de la rupture des relations suite au discours de Sékou Touré : ils ont emporté tout l'or de la Banque de Guinée. Je ne sais plus les termes exacts qui désignent l'institution bancaire chargée de garantir les dépots d'un pays. Mais ce que les Français ont fait s'appelle bien vider les caisse d'un pays.
Superbe analyse
Bonjour Raphael,
c'est avec un réel plaisir que je viens de te lire, encore une fois. Vous venez de dire "ce que j'avais sur le coeur", sans savoir comment le dire: Sékou Touré reste pour moi une grand héros de l'Afrique, un homme Noir et Grand, qui a osés élever la voie devant l'insolence,le mépris de le France: il nous laisse le seul "NON" signifiant , VRAI, qui nous réconforte encore aujourd'hui. Je suis d'accord totalement avec votre analyse.
Pour le reste, l'histoire jugera car elle ne ment jamais, comme dirai Joseph N'Diaye.
J'attends la suite sur Patrice Lumumba, cet autre Grand Africain, Thomas Sankara,etc... afin que la vérité soit rapportée à nos enfants.
Bravo encore!
Ayda.Sékou... dictateur aussi
Il semble que Sékou Touré soit devenu un dictateur sanguinaire à une période de sa vie, d'après ce que je savais de lui et Wikipédia >>>>
"Peu à peu, les tentatives d'assassinat et de renversement dont il fait l'objet le poussent à une méfiance envers tous grandissante tournant à la paranoïa. Il fait alors régner sur le pays un régime de terreur, contraignant des milliers de Guinéens à fuir la répression. Des dizaines de milliers de Guinéens disparaitront, en particulier dans le camp de concentration Camp Boiro Mamadou, parfois dans des conditions atroces après des tortures inhumaines dénoncées alors par Amnesty international.
Sékou Touré est mort à Cleveland (Ohio) aux États-Unis en subissant une opération de chirurgie cardiaque. Quelques jours après sa mort, son régime est balayé."Oui, la remarque est juste !
Oui, Alenya, Sékou touré a dirigé son pays en dictateur à partir du moment où certains de ses comptriotes ont décidé d'être le fusible de la France. Il ne faut pas oublier que celle-ci a non seulement vidé le trésor de la banque locale (je ne sais plus le terme employé par les journalistes de France Inter), répandu des faux billets sur le marché et suscité une opposition armée.
Sékou Touré n'est pas arrivé au pouvoir par les armes. Aussi, j'estime que ceux qui voulaient le pouvoir par les armes savaient très bien les risques qu'ils prenaient. Celui qui tire l'épée doit s'attendre à mourir par l'épée. C'est une logique implacable et je ne plains pas le vaincu dans ce cas. Absolument pas ! N'importe quel dirigeant sur notre planète aurait réagi de la même façon que Sékou Touré. L'histoire ne nous apprend pas autre chose.
Il fut donc aussi un dictateur. Mais cela ne lui enlève pas son rang de héros des indépendances africaines. Houphouët-Boigny n'est qu'un simple valet de la France au regard de ce qu'a fait Sékou Touré. La Guinée a certes durant des années mangé son pain noir. La Côte d'Ivoire qui a servi d'étendard du bon colonisé mange le sien aujourd'hui alors que la Guinée suscite admiration sur le plan international. Les guinéens de demain sauront beaucoup pardonner à Sékou Touré pour leur avoir insufflé le sens de la dignité, de l'orgueil. Des éléments qui permettent de rester debout, même quand on est pauvre, même quand on est nu. Mais ce que je dis là n'est qu'une conception de l'histoire.
Si demain des enfants des victimes de Sékou Touré s'aventuraient à me faire la moindre remarque, je leur répondraient la même chose. Bien sûr, chacun prétendra n'être qu'une innocente victime.Encore un mot...
Je voudrais ajouter ceci, afin de n'être pas diversement compris ou interprété : les vraies innocentes victimes des dictatures ou autres formes de gouvernements, ce sont ceux qui meurent pour leurs opinions. Généralement, pour une opinion contraire à celle du pouvoir, on ne connaît que des représailles, même dans la meilleure des démocraties.
Bien Dit !
Belle reponse St-Ralph à monsieur ou madame Alenya
Ce que je peux donner comme conseils à cette personne,avec sa permission bien entendue,faites très attention à ce que vous pouvez lire sur WIKI.Cet outil magnifique d'information comme tant d'autre,sert beaucoup aux révisionnistes de déversoirs pour falcifier la vraie histoire des Braves de ce continent.
Mme ou Mr Alenya, au lendemain de la Libération de France par les alliés,la France a oui ou non chatiée tous les collabos et autres qui ne voulaient pas de cette liberation ou qui ont faillis à leur patriotisme,même des innocentes personnes ? Si les alliés n'avaient pas remporté s cette guerre,la France ne serait pas aujourd'hui ce qu'elle est.
Sékou Touré était un homme de conviction et croyait à un idéal africains.Et cet idéal est encore aujourd'hui de plus en plus d'actualité.D'où,ceux qui pensent qu'il &tait un visionnaire ont vus juste.
Rendons à César ce qui lui appartient ! SA COURRONNE.No comment !analyse pertinente
Cher frère Ralph,
Ainsi que je le soulignais dans un précédent post envoyé sur ton adresse mail, je viens de découvrir tes écrits, et commence à prendre connaissance de tes analyses, surtout celles concernant la politique africaine.S'agissant de ton article sur Sékou TOURE,Je rejoins parfaitement tes propos.J'avoue moi-même, qu'ayant lu il y a quelques années tous les tomes de "l'Etat et la révolution" écrits par ce panafricaniste que j'ai admiré pendant ma jeunesse(aujourd'hui j'ai 61 ans),je fus moins enclin à soutenir sa politique intérieure-même si j'approuve sa politique extérieure anti-impérialiste-.J'ai souvent soutenu que Sékou Touré a été poussé à la dérive autoritaire par la France relayée par ses suppôts intérieurs, malheureusement, guinéens.Ce qui apparaît clairement dans ton article.Cependant, cela pouvait -il justifier la mort de Diallo TELLI, Kéita FODEBA pour ne citer que les plus connus, et tous les assassinats politiques et les diverses tortures du camps Boiro imputés à tort ou à raison à Sékou Touré lui-même? Que dire aussi des épisodiques vrais ou faux complots peul la qui mit à l'index toute une ethnie? Qu'en est-il de la fameuse "cinquième colonne" suivie d'exécutions d'opposants? Pour me résumer, je salue la position de l'homme du 28 septembre face aux visées colonialistes et non moins impérialistes de De Gaulle.Mais je m'interroge encore aujourd'hui sur une révolution qui a fini par avaler ses nombreux enfants, poussant des milliers de cadres et intellectuels guinéens à l'exil en Afrique, et en Europe.Il m'est difficile de porter un jugement définitif sur l'homme et son parcours politique. Je ne suis pas guinéen, donc mal placé pour cerner toute cette réalité que bien d'autres ont amèrement vécu dans leur chair pendant le long règne de Sékou. Mais nous historiens savons mieux que quiconque que seul le Temps rétablit tôt ou tard la vérité historique.A propos de certaines victimes du régime de Sékou Touré
Cher frère Togoviwo,
Tout d'abord, merci pour le petit mot que tu m'as adressé hors blog.
Pour ce qui est de certaines victimes du régime de Sékou Touré, je suis obligé de reconnaître que ceux qui ont été tués ou emprisonnés pour leurs idées ne méritaient pas le sort qu'ils ont connu. Raison pour laquelle j'ai ajouté une petite note disant que, sous tous les régimes, ceux qui méritent d'être appelés "innocentes victimes" sont ceux qui meurent pour leurs idées. Ces crimes sont inadmissibles parce qu'ils ont lieu dans le cadre de la politique intérieure, de la relation entre compatriotes n'ayant aucun lien avec l'étranger.
Mais ce sur quoi j'ai voulu mettre l'accent, c'est la manière dont les pays puissants poussent les plus faibles à la faute. Quand on doit se battre à la fois contre les ennemis venus de l'extérieur (les Guinéens armés par la France) et les adversaires de l'intérieur, reconnais, cher frère, que l'on finit souvent par confondre adversaires et ennemis.
Sékou Touré lui-même reconnaît le traitement sévère qu'il a infligé à certains de ses compatriotes. Dans le film de sa conférence à Paris sous Mitterand, il rappelle aux journalistes qu'il n'a pas fait plus que la France au lendemain de la deuxième guerre. Oui, la France aux rues jonchées de cadavres à cause des règlements de compte et des chasses aux sorcières, il les a vues ! Il était français à l'époque et vivait en France et dit que non seulement cela a été fait dans une totale impunité, mais aussi de manière organisée. Discrètement, les historiens français reconnaissent ces faits.
Bien sûr, cela ne l'excuse pas. Mais c'est dire que la pratique est très répandue et que même les héros y plongent. Les Guinéens pardonneront-ils un jour à Sékou Touré le sang innocent versé au regard de la noblesse de son combat ?arguments convaincants
Cher frère Ralph,
Je te sais gré des éclaircissements apportés à mon commentaire. J'en suis convaincu.Sékou Touré a donc fait amende honorable, une sorte d'examen de conscience si l'on veut, en renvoyant la France à son histoire et à son déficit mémoriel.Tu as tout dit dans ton dernier paragraphe.Merci encore.Salut Ralph,
Ton analyse est intéressante à plus d’un titre. J’avais comme toi une grande admiration pour Sékou Touré, jusqu’à ce que je me rende en Guinée. Sur place, j’ai pu découvrir d’autres facettes peu reluisantes du personnage. Celles du dictateur, du bourreau, du tyran, qui, au non de la lutte contre l’impérialisme français massacra des milliers de guinéens. J’ai entendu des récits horribles, de la bouche même de parents de victimes. Sékou Touré ne se battait pas pour la dignité et la liberté des africains, mais uniquement pour la sienne, car les premières mesures qu’il prit, une fois le pouvoir acquis, fut de priver de liberté et de dignité le peuple guinéen. Cet homme n’était rien d’autre qu’un dangereux démagogue, doté d’un ego surdimensionné.
S’il est vrai que les impérialistes français, secondés dans leur tâche par Houphouët, s’évertuèrent à le destituer, par diverses actions de sabotages économiques et politiques, il n’en demeure pas moins que Sékou Touré, reste, le principal responsable de la décrépitude de son pays, du fait de ses choix politiques et économiques désastreux. Un petit tour d’horizon de l’histoire de la Guinée de Sékou Touré, permet de saisir l’ampleur de sa responsabilité. Lui et son clan vivaient dans un luxe insolent, pendant que la population croulait sous la misère.
D’autre part, je ne vois pas en quoi éteindre sa cigarette dans l’anus d’un prisonnier, comme le faisait avec beaucoup de plaisir, Ismaël Touré demi-frère de Sékou, a permit de lutter pour la dignité et la liberté. Emprisonner, puis exécuter un homme au sinistre camp Boiro, uniquement pour lui arracher sa femme, n’a pas contribué non plus, à la lutte pour la dignité et la liberté. De même, renverser un piéton avec sa puissante Daimler, et faire payer sous les menaces, les réparations aux parents de la victime, n’a pas participé à la promotion de la justice. Pendant son règne, tous ceux qui étaient susceptible d’exprimer la volonté populaire, étaient systématiquement exécutés ou condamnés à la disette, dans les sinistres prisons politiques de Sékou. etc.etc
Mon cher Ralph, nous avons tous été abusés par ce démagogue, qui avait remplacé le colon dans le rôle de bourreau de ses propres compatriotes. Massacrer des milliers de guinéens, au nom de la lutte pour la dignité et la liberté, relève de la barbarie sauvage. Seul le peuple guinéen, qui à connu l’horreur et vécu sous la terreur du tyran, peut le juger avec beaucoup plus d’objectivité. Le regard de chacun, sur le règne de Sékou Touré, varie en fonction de la position qu’il occupe : victime ou bourreau.
Ce pseudo combattant de la liberté et de la dignité de l’homme noir, passa l’essentiel de son règne à piétiner la dignité et la liberté de ses compatriotes. Son "non" à De gaule, ne l’exonère en aucune manière des crimes inhumains qu’il a commit contre le peuple de Guinée. Sékou Touré, n’a en réalité été qu’un dangereux démagogue, et un tyran sanguinaire. Conscient de l’ampleur du mal qu’il avait fait au peuple guinéen, il n’osa même pas se faire enterrer sur sa terre natal, mais plutôt au Maroc, comme le témoigne ce passage du livre de Marx Adolf – en téléchargement gratuit sur le net-, intitulé "Maudits soient ceux qui nous oublient" : « Une semaine après la fin du "règne" de Sékou Touré, les militaires font un coup d'Etat, et lorsque des étudiants pénètrent dans le mausolée pour se venger sur le cadavre de Sékou Touré, ils constatent avec surprise, et à la surprise générale, que le cercueil est vide... »
http://www.westafrik.com/
http://www.westafrik.com/bibliotheque/kaba41/album.htmlLe vrai visage de Sékou touré
http://www.campboiro.org/bibliotheque/kaba41/cabel.html#capitaineMamady
Salut Xada !
Merci pour ta longue contribution et pour le site que tu me recommandes. Alenya, puis Togoviwo, et enfin toi, vous m'avez entraîné sur le terrain de la vie politique des guinéens sous Sékou Touré, celui que mon article hisse au rang de héros africain et une de mes étoiles des indépendances africaines. Je suis de votre avis qu'il est bon de savoir ce qui s'est passé sous Sékou Touré. Je n'en disconviens pas, crois-moi.
Cependant, je voudrais rappeler que mon article visait principalement l'étude du discours d'août 1958 qui a vu naître la formule qui a fait le tour de l'Afrique, sinon du monde. Ce discours, je ne l'avais jamais lu avant cette année. Comme beaucoup, je ne connaissais que la célèbre formule. Après lecture du discours, j'avais presque honte d'avoir idolâtré Sékou Touré ; tout simplement parce que je ne comprenais pas pourquoi il a déversé tant "d'insolentes vérités" à la face du générale de Gaulle qui, pour moi, ne demandait qu'à savoir si oui ou non la Guinée adhérait à son projet de communauté franco-africaine. Mais quand j'ai pris connaissances des raisons du ton de ce discours que j'ai d'abord jugé discourtois, je me suis dit qu'il fallait avoir de l'audace pour prononcer le Non qu'il a dit. Les raisons qui justifient ce Non et le ton ferme de son discours déclassent tous les autres leaders africains de son époque.
Je voudrais donc que l'on retienne que mon article s'en tient à l'analyse des raisons du ton du discours d'août 1958 et ce qu'il doit signifier pour tous les africains. Sur ce point, j'estime qu'il est bon que tous les Africains le sachent. D'autre part j'ai terminé mon article en disant que ce n'est pas parce qu'il a fracassé son destin qu'il n'avait pas le droit de se révolter. En d'autres termes, malgré tous les crimes de Sékou Touré que vous me rappelez les uns et les autres, - je dis bien malgré tous ses crimes - personne ne doit se permettre de dire qu'il n'avait pas le droit de dire Non à Charles de Gaulle. Ce point de vue n'est nullement une négation de ses crimes que vous me rappelez.
D'autre part, dans mes réponses aux différents commentaires, j'ai tenu à faire la différence entre ceux qui ont pris les armes contre Sékou Touré - ses ennemis qui savaient les risques qu'ils prenaient - et les "innocentes victimes" de sa politiques intérieure, c'est-à-dire ceux qui sont morts pour leurs idées, pour leur opposition "démocratique". Je ne mets pas toutes les victimes de Sékou Touré sur le même pied d'égalité.
Je termine en disant ceci : Si au regard du discours d'août 1958 et de l'attitude de la France qui l'a suivi il est juste que les Africains fassent de Sékou Touré un héros des indépendances africaines, il reste à savoir si la noblesse de son combat contre la France effacera un jour dans le coeur des Guinéens le sang innocent versé. C'est l'histoire qui le dira.@St-Ralph
Avant toute j'aimerais te (je me permets de tutoyer) dire que j'apprecie ton blog.
Je comprends que Sékou soit une étoile. Oui le "déviance" de Sékou peut attribuer à l'acharnement de la France.
"Il fut donc aussi un dictateur. Mais cela ne lui enlève pas son rang de héros des indépendances africaines. Houphouët-Boigny n'est qu'un simple valet de la France au regard de ce qu'a fait Sékou Touré."
J'aimerais juste de dire qu'Houphouet n'est pas moins un héros que Sékou Touré.
Ces deux grands hommes de leur époque ont eu une approche différentes. Houphouet en homme très pragmatique pensait que les colonies n'avaient pas les suffisamments de moyens (humains, techniques,...) dans les années 40-50 de se developper en s'affranchissant de la tutelle française.
Si tu considères Houphouet comme valet de la France, pourrais tu en dire de même pour Césaire !!!
Houphouet valet de la France. Ok. Sékou Touré valet de qui ? Réponse: Bloc de l'EST.
"La Guinée a certes durant des années mangé son pain noir. La Côte d'Ivoire qui a servi d'étendard du bon colonisé mange le sien aujourd'hui alors que la Guinée suscite admiration sur le plan international."
De quelle Guinée parlons nous? S'il s'agit de la Guinée-Conakry, je doute qu'elle suscite ( ou n'ait suscité depuis les années 70) la moindre admiration sur le plan international.
"Les guinéens de demain sauront beaucoup pardonner à Sékou Touré pour leur avoir insufflé le sens de la dignité, de l'orgueil."
Oui j'espère que les guinéens lui pardonneront. Aucune oeuvre humaine n'est en effet parfaite.
Pour conclure je pense que Ahmed Sékou Touré a bien été une étoile. Mais une étoile filante.Sékou Touré, l'étoile filante...
Bonjour Say,
D'abord, je voudrais te dire que je suis tout à fait de ton avis quand tu dis que Sékou Touré a été une étoile filante dans l'histoire de l'Afrique. Je me réjouis aussi que tu reconnaisses qu'il a bien été une étoile. Cela ne souffre aucune contestation compte tenu de l'orgueil que son acte a généré dans le coeur des Africains.
Pour ce qui est de la comparaison avec Houphouët-Boigny, ce dernier avait eu le temps de nous montrer que sa stratégie était la bonne en offrant le minimun à son pays avant de quitter ce monde : une nation avec un système démocratique dont les ivoiriens pouvaient être fiers. Houphouët-Boigny était plus soucieux du grand projet de De Gaulle qui était de former une communauté franco-africaine que du devenir d'une Côte d'Ivoire démocratique. Pour lui, l'argent faisait tout ; alors que l'argent est si peu de chose dans la formation d'une nation. Ainsi, le moindre petit vent a fait s'écrouler son édifice doré.
Sékou Touré s'est d'abord tourné vers le Ghana et non pas vers les pays de l'est. C'est le seul pays Africain qui l'avait aidé. Il ne voulait pas la rupture avec la France malgré son indépendance acquise. Mais c'est De Gaulle qui n'a plus voulu de lui. C'est quand le Ghana ne pouvait plus seul l'aider que Sékou Touré s'est tourné vers les pays de l'Est. Quant à Césaire, son combat n'était pas le même que celui que pouvait mener Houphouët-Boigny. Lui était convaincu qu'il fallait rester dans le giron de la France à laquelle les Antilles avaient tout donné.
Quand je disais que la Guinée suscitait l'admiration, j'écrivais à un moment où les élections dans ce pays était chargées d'espoir de changement radical. Tout le monde a vu dans le premier tour de ses élections, une volonté de tourner la page des coups d'état. Malheureusement, nous avons tous très vite compris que les choses n'étaient pas aussi simples. Mais reconnaissons que les Guinéens sont plus proches de la démocratie que les Ivoiriens. Il nous reste à peine un mois pour savoir lequel y accédera avant l'autre. Ne devrait-on pas trouver tout de même étonnant de retrouver la Côte d'Ivoire devant le même obstacle que la Guinée qui semblait très loin derrière elle il y a quelques années ?
Pour terminer, je voudrais te dire merci pour l'intérêt que tu portes à mon blog et aussi pour ta contribution à cet article sur Sékou Touré.Je trouve ton blog vraiment intéressant.
Pour en revenir au sujet, je reconnais l'apport de Sékou Touré dans la lutte émancipatrice. Je reconnais que la France s'est acharnée sur lui de manière honteuse.
Cependant je pense qu'il a péché par le manque de pragmatique. Si on a besoin d'idéal, il ne faut jamais négliger l'aspect rapport des forces en présence.
"Houphouët-Boigny était plus soucieux du grand projet de De Gaulle qui était de former une communauté franco-africaine que du devenir d'une Côte d'Ivoire démocratique."
Quel acte Sékou Touré a-t-il posé pour le devenir democratique de la Guinée? Pourquoi voulir toujours présenter FHB comme une marionnette?
"C'est quand le Ghana ne pouvait plus seul l'aider que Sékou Touré s'est tourné vers les pays de l'Est."
Ce qu'il a "réfusé" d'être pour la France, il l'a été pour le Bloc de l'Est.
J'emploie cette phrase qui je le reconnais peu être choquante pour montrer comment Sékou Touré le manque d'anticipation chez lui.
Pensait-il sérieusement que la France allait lui faire une accolade après son "non" !!!
"Quant à Césaire, son combat n'était pas le même que celui que pouvait mener Houphouët-Boigny. Lui était convaincu qu'il fallait rester dans le giron de la France à laquelle les Antilles avaient tout donné."
La colonie de Cote-d'Ivoire n'avait elle pas aussi tout donné à la France?
FHB voulait rester dans l'union française en gardant pour son pays une réelle autonomie.
Qu'étaient nos "pays" dans ces années là ? Oui pour l'indépendance totale à la Sékou Touré. Mais quelle ressource humaine avaient ces pays là pour s'en sortir?
Loin de moi d'avoir une "mentalité d'esclave". Je pense qu'il ne faut pas que l'orgeuil seul guide nos actes. Combien de guinéen on fuit la Guinée pour la Côte-Ivoire. Même dans la situation actuelle de la Côte-d'Ivoire, la Guinée est très loin d'elle. FHB a toujours dit que la rélle indépendance serait l'oeuvre des générations futur. C'est pour cela qu'il mit un point d'honneur à leur formation.
" Ainsi, le moindre petit vent a fait s'écrouler son édifice doré. "
FHB a certes commis de graves erreurs. Je pense cependant qu'il n'est pas l'unique reponsable de ce qui arrive à son pays. Je pense aussi que son édifice ne s'est pas vraiment écroulé.
"Mais reconnaissons que les Guinéens sont plus proches de la démocratie que les Ivoiriens."
En fonction de quels critères? La guinée a connu que des régimes militaires !!!
Tous les guinéens et tous les personnes qui ont travaillé en Guinée que j'ai rencontré, je dis bien "tous" désespèrent de ce pays. C'est peut être un problème d'échantillonage!
Sékou Touré a bien été une étoile. FHB a aussi une étoile. Ils ont tous deux eu leurs travers:tous deux ont été des dictateurs.
Je pense cependant qu'on a trop tendance à négliger l'apport de FHB dans la lutte émancipatrice.Césaire, Sékou Touré et Houphouët-Boigny...
Les antilles de Césaire n'a rien à voir avec un pays africain de l'époque coloniale. Les antilles appartenaient à la France et des Français blancs y étaient établis depuis des siècles. Les structures qui y étaient n'avaient rien d'un simple comptoir comme l'étaient les territoires africains. Une demande d'indépendance aurait eu un autre visage par rapport à un pays africain. ce que je sais des Antilles aujourd'hui me permet de dire cela. A ce propos, j'ai posté récemment une vidéo dans les commentaires sur mon article concernant le livre "L'amère patrie". Une video qui montre bien l'âme des Antillais et la réalité de leur lien avec la France. Les pays africains n'ont jamais eu cette relation avec la France. Même avoir combattu dans l'armée française n'a jamais permis aux Africains de tisser ce type de lien avec la France.
Quant au geste de Sékou Touré, il faut bien se replonger dans l'époque pour le comprendre. La relation que les politiques et les intellectuels africains ont avec les Français aujourd'hui n'ont rien à voir avec celle que vivaient les Africains de l'époque d'Houphouët-boigny et Sékou Touré. Eux avaient la conviction de discuter d'égal à égal avec les Français ; du moins ils avaient l'habitude de s'asseoir avec eux autour d'une même table pour discuter. Sékou Touré n'était nullement un naïf. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas réalisé son projet qu'il n'est pas un héros africain. Bien au contraire, les vrais héros sont ceux qui posent des actes. C'est l'acte que vous posez devant les yeux du monde qui font de vous un héros. Mandela serait mort en prison sans rien réaliser qu'il aurait été tout de même un héros. les héros sont ceux qui meurent pour les actes qu'ils posent. Houphouêt n'en a pas posé. Senghor a été un homme politique intelligent et un brillant intellectuel, mais il n'est pas un héros pour les Africains.Cher St-Ralph,
Nulle part je n'ai mentionné que les antilles étaient l'afrique.
Je voudrais cependant juste préciser que Trinité et Tobago, indépendant depuis 1962 si ma mémoire est bonne, se trouve aux antilles !!!
"Même avoir combattu dans l'armée française n'a jamais permis aux Africains de tisser ce type de lien avec la France."
Peut-on réllement dire que nos premiers "intellectuelles" n'ont jamais tisser de lien avec la France?
Je pense qu'on ne peux pas répondre de manière si catégorique. C'est un autre débat.
Pour en revenir à "nos étoiles", je pense qu'on a trop tendance à comprendre Sékou Touré, à lui trouver des situations atténuantes en étant dans le même moment très dur avec FHB.
Je reconnais que Sékou Touré a posé un acte d'une haute portée symbolique. Ce que je n'accepte pas c'est cette propension à "banaliser" FHB (son oeuvre).
"les héros sont ceux qui meurent pour les actes qu'ils posent. Houphouêt n'en a pas posé."
Lutter pour l'abolition du travail forcé qui déshumanisait les africains n'est donc rien?
Fonder le R.D.A, cet instrument panafricain de lutte pour les peuples d'Afrique (française) n'est donc rien?
FHB n'est pas pour toi une "étoiles des indépendances". Je l'accepte.
Je souhaite seulement que l'oeuvre de FHB (dont Sékou Touré fut un protégé) soit reconnu à sa juste valeur.Réponse à Xada
tu affirmes que "Lui et son clan vivaient dans un luxe insolent, pendant que la population croulait sous la misère." . Tu es le seul a l'affirmer, je n'ai jamais vu dans aucun écrit historique quelqu'un affirmer que sékou vivait dans le luxe. Mieux sa femme Andrée tout le monde sait qu'elle n'a rien, sékou n'a rien laissé, n'a rien volé, s'il l'avait fait cela se saurait. On peut accuser Sékou de tous les maux de la Guinée, mais affirmer qu'il vivait dans le luxe ou qu'il s'est enrichi est un mensonge. Si quelqu'un a des preuves je suis preneur. Merci
Petite séquence de film tourné par St-Ralph !
St-Ralph,
le sujet abordé est grave, pourtant je n'ai pu m'empêcher de sourire et même de rire en lisant ton bilet, en revivant cette page de l'histoire franco-africaine que tu rapportes d'une manière vivante et agréable : en te lisant, on voit les deux protagonistes devant soi (De Gaulle et Sékou Touré), on dirait que tu nous passes une séquence de film, très drôle et amusante et pourtant instructive, et c'est pourquoi j'ai pensé aux historiettes de Mme de Sévigné, à ses lettres adressées à sa fille dans lesquelles elle parlait souvent de la vie à la cour et de ses dessous...
Ce rideau que tu lèves sur l'homme politique que fut Sékou Touré se lève aussi sur notre (plutôt mon) ignorance en matière d'histoire (connaissances vagues) ; et j'apprécie ton combat, celui de réhabiliter l'homme Noir, de lui rendre sa dignité si souvent foulée aux pieds, c'est par exemple le cas dans ton billet ci-dessous sur les journalistes ivoiriens qui ont finalement été libérés, mais avec une forte amende (je l'ai appris dans les commentaires chez Gangoueus), sur leur liberté d'expression qui, du coup, peut paraître moins hypothéquée qu'en France où finalement les patrons contrôlent tout...
Bon, j'arrête là mon bavardage.