Lectures, analyses et réflexions de Raphaël

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09 février 2012

L'Académie française offre le fauteuil de Léopold S. Senghor à Valéry Giscard d'Estaing

                           L'Académie française offre

                le fauteuil de Léopold Sédar Senghor

                            à Valéry Giscard d'Estaing 

numérisation0002            Combien sommes-nous à savoir que le 11 décembre 2003, Valéry Giscard d'Estaing, l'ancien président français (1974 – 1981), à été élu au fauteuil n°16, - laissé vacant par le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor - dès le premier tour de scrutin, par dix-neuf voix sur trente-quatre. Je parie que, comme moi, cette information vous a échappé. Si toutefois ce n'est pas le cas, elle a dû tout de même très vite quitter votre mémoire. Revenons donc ensemble sur l’événement et posons-nous quelques petites questions.  

            Réfléchissons un peu. L'ancien président de la République aurait-il produit quelque écrit de qualité qui le rapprocherait du francophone Léopold Sédar Senghor au point de les réunir sous la coupole pour jouir de la même immortalité ? Je cherche et je ne vois rien venir à l'horizon. Mais le hasard fait bien les choses ! Je découvre que l'homme est l'auteur de quelques essais politiques sans grand succès et d'un unique roman, Le Passager, écrit en 1994. Toutefois, le grand public - et peut-être même ses amis - ne le découvriront écrivain qu'en 2009 avec son pitoyable La Princesse et le Président, dans lequel il s'est mis à fantasmer et à s'imaginer l'amant de la princesse Lady Diana. Nous nous étions tous moqué de lui au point de le dégoûter de l'écriture littéraire. Mais l'homme est têtu et croit à son étoile depuis qu'il a pris l'habit vert et se croit chantre de la Négritude comme l'ancien propriétaire du fauteuil n°16. Le voilà donc, depuis quelques mois, avec le troisième roman de sa vie d'écrivain : Mathilda, dédié « à l'Afrique, le continent maternel ». Je vous l'avais dit ! Bientôt, on l'appellera Giscard l'Africain. Je l'imagine déjà réécrivant "Joal" et se pâmant d'admiration devant « les signares à l'ombre verte des vérandas ».

            On a le sentiment que pour Valéry Giscard d'Estaing, le temps presse. Il lui faut au plus vite étoffer sa maigre bibliographie afin de justifier l'honneur qui lui est fait d'entrer sous la coupole comme par effraction. Le peu de cas fait autour de sa réception dans cette illustre maison témoigne de l'insignifiance de son mérite. C'est comme s'il avait reçu la communion sans confession et qu'il lui faut dorénavant faire preuve d'une vie irréprochable pour se racheter. 

            A propos, les Immortels qui accueillent les récipiendaires sont-ils encore assez lucides pour distinguer les vrais serviteurs de la littérature française du clinquant tapageur des titres honorifiques de la société politique ? Savent-ils encore faire la différence entre Jean Marie Gustave Le Clézio et Nicolas Sarkozy ? Au regard de leur décision concernant Valéry Giscard d'Estaing, l'écrivain Eric Chevillard pronostique que Nicolas Sarkozy a toutes ses chances. « Il lui suffira d'écrire un ou deux livres sur le tard - Casse-toi, pauvre conne (une relecture sentimentale de La Princesse de Clèves) ou A la recherche du temps perdu à travailler plus pour vivre moins (une autobiographie) - et on lui trouvera un siège ».

Raphaël ADJOBI

Posté par St_Ralph à 22:41 - Arts, culture et société - Commentaires [8] - Permalien [#]