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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
10 octobre 2012

Congo (Eric Vuillard)

                                                        Congo

                                                   (Eric Vuillard) 

Congo, Eric Vuillard 0013

            Après le beau et très émouvant roman de Mario Vargas Llosa qui va certainement contribuer à populariser le grand dénonciateur des crimes de Léopold II au Congo que fut Roger Casement, voici un petit livre dans lequel Eric Vuillard ressuscite quelques figures des représentants des quatorze nations européennes qui ont orgueilleusement décidé du dépeçage de l’Afrique en 1884, à Berlin, et permis, par la même occasion, la tragédie congolaise. 

            L’auteur commence par nous plonger dans l’ambiance très aristocratique de cette réunion des Grands, et souligne d’un ton moqueur sa théâtralité. C’est d’ailleurs sur ce ton qu'il peint ensuite les représentants de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Belgique, de la Turquie,… et du maître de cérémonie, le chancelier allemand Bismarck. « On n’avait jamais vu ça. On n’avait jamais vu tant d’Etats essayer de se mettre d’accord sur une mauvaise action. » Si l’auteur se joue des personnages choisis, il reste très soucieux de la vérité sur leurs vies personnelles. Sans doute pour bien souligner l’insignifiance de ces êtres malgré le grand décor de théâtre, de « comédie », mis sur pied pour l’histoire. 

            L’auteur n’oublie pas non plus les acteurs de terrain comme Henry Morton Stanley qui viendra, devant les représentants des grandes puissances, défendre l’urgence du projet de Léopold II. D’ailleurs, précise Eric Vuillard, très vite la conférence a tourné autour du Congo. Nous découvrons aussi Fiévez, celui qui a eu l’idée géniale de faire couper des mains pour justifier le bon usage des balles. Il faut dire que les surveillants avaient tendance à tuer des animaux pour leur nourriture plutôt que de donner la chasse aux hommes qui abandonnaient la récolte du caoutchouc. 

            C’est un petit livre plaisant par son ton ironique et aussi très instructif parce que, outre le regard rapide jeté sur les intrigues des sociétés privées qui dominent le monde, nous avons enfin les portraits des décideurs, des instigateurs, de ceux à qui profite le crime ! Un livre écrit à la fois comme un roman historique et un essai, avec un zeste de poésie quand le ton semble une prière pleine d’interrogations lancées à la face du ciel.

Raphaël ADJOBI

Titre : Congo (Récit), 95 pages

Auteur : Eric Vuillard

Auteur : Actes Sud, mars 2012

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Commentaires
O
Merci mon cher St-Ralph,<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne connaissais pas cet ouvrage.<br /> <br /> Je prendrai le soin de me l'offrir et de le lire.<br /> <br /> <br /> <br /> @+, O.G.
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S
Bonne lecture, Le pangolin ! Un livre simple et très instructif que tu apprécieras.
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L
Merci Saint-Ralph, je cours me le procurer
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S
Je m'étais promis de m'y mettre. Maintenant que j'y ai mis le nez, je resterai lontemps attentif à toutes les productions relatives à ce chapitre de l'histoire des relations entre l'Afrique et l'Europe. Les médias européens sont peu curieux des histoires africaines quand leurs nations y sont impliquées. L'audace de quelques écrivains nous permet d'aller au coeur de ces pages sombres écritent par les armées des grandes puissances étrangères. Comme tu le dis si bien, que les médias aient enfin le courage de faire beaucoup plus de publicité autour de la vérité quand elle vient à apparaître au grand jour. <br /> <br /> <br /> <br /> Dis, Liss, Connais-tu l'histoire des "petites mains d'Anvers" ? Clique sur la page précédente de mon blogn ou regarde dans derniers messages.
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L
Tu continues tes investigations sur le Congo ! C'est réjouissant de voir que les Occidentaux prennent le parti de lever le voile sur cette partie peu reluisante de l'histoire touchant l'Afrique. Auparavant le mondre écrit compromettant pour eux était censuré. Cependant, publier ce genre de livres est une chose, mais il faut maintenant que ceux-ci bénéficient d'une large médiatisation, afin que plus personne n'ignore la vérité. Je me demande si j'aurais un jour appris la parution de ces ouvrages si tu n'en avais pas parlé ici.
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