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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
8 août 2013

Des Africains-Français à Calixthe Beyala : qu'avez-vous fait de nos "talents" ?

            Des Africains-Français à Calixthe Beyala :

               qu’avez-vous fait de nos « talents » ?

Calixthe Beyala 0004

            Le mot « talent » fait ici écho à la parabole de l’évangile selon Matthieu (Ch. XXV, V. 14-30) qui encourage les chrétiens à ne pas gâcher les dons que Dieu leur a donnés en s’engageant activement à faire grandir sa parole et par la même occasion son royaume. Que le lecteur comprenne par conséquent que les « talents » dont il est ici question sont tous les espoirs que les Français d’origine africaine avaient placés en un mouvement qu’ils espéraient vivement impliqué dans la vie politique française, pour lutter à la fois contre la recolonisation de l’Afrique et aussi pour une meilleure visibilité aux yeux de leurs compatriotes blancs. Des espoirs générés par la vive indignation exprimée face à l’injuste coup d’état de Sarkozy en Côte d’Ivoire en avril 2011 et l’arrestation  du président Laurent Gbagbo dont l’élection avait été reconnue par la Cour constitutionnelle de son pays mais qui ne correspondait pas à la volonté de la puissante France.

            En effet, l’arrestation en avril 2011 par l’armée française du président ivoirien constitutionnellement élu a été le ferment rassembleur qui a permis la création, quelques mois plus tard, du Mouvement des Africains-Français (MAF) et lui a inspiré par la même occasion son objectif majeur : rappeler en toutes circonstances à notre pays - la France - que l’Afrique est le berceau de nos parents, grands-parents et de nos aïeux et que nous ne saurons accepter qu’elle soit allègrement piétinée et bafouée au nom des intérêts de la France.

            Un noble combat donc. Mais un combat qui prendra très vite l’allure d’une course à une place d’honneur au sein du paysage politique pour la présidente du mouvement ; c’est du moins ce que de nombreux Africains-Français liront dans la volonté de Calixthe Beyala de compter sur les « peoples » noirs et les lumières des plateaux de télévision plutôt que de s’atteler à la construction d’une base solide du mouvement. Ayant limité sa sphère d’action à Paris et à son téléphone portable qui distille des SMS à n’importe quelle heure de la nuit, elle a, peu à peu, éteint la frêle flamme que nous venions d’allumer. 

            Qu’est devenu le MAF exactement deux ans après sa création ? Quel bilan en fait sa présidente ? Les adhésions de 2011-2012 ont-elles majoritairement été renouvelées ? Quels sont les engagements pris et réussis par le mouvement durant ses deux années d’existence ? A quels défis ses membres ont-ils participé ? En clair, Calixthe Beyala doit des comptes à tous ceux qui se sont engagés en 2011-2012 avant qu'ils ne renouvellent leur adhésion au mouvement qu’ils ont, dans la ferveur, porté sous les fonts baptismaux, en même temps que leur confiance en leur chef. Parmi ceux qui ont reçu l'appel au renouvellement de leur adhésion, nombreux sont ceux qui attendent le bilan des deux années de présidence de Calixthe Beyala. Peut-être celle-ci attend-elle un éventuel congrès en 2014 pour le faire ? Si oui, tout le monde attendra avant de renouveler son engagement ; car l’absence d’activités, de perspectives claires, de bilan annuel, de volonté d'aller au-devant des nombreux défis qui s’imposent à notre communauté a fini par émousser nos ardeurs et nous fait perdre notre confiance en notre chef. Des amis que j'avais incités à rejoindre le MAF - certains de la Guadeloupe - m'ont clairement fait savoir qu'ils ne renouvelleraient pas leur adhésion !  

            Trop individualiste, trop centralisatrice, peu communicative, peu ouverte aux  membres de base, Calixthe Beyala a fini par s’isoler et perdre définitivement le contact avec la grande foule des Afro-Français qui avaient trouvé dans le combat du président ivoirien Laurent Gbagbo un excellent moteur d’action. Elle n’a pas su préserver cette petite flamme qui brillait dans nos yeux, très semblable à la flamme de la Liberté. Les articles épisodiques dans la presse ne sont pas des activités collectives susceptibles d’entretenir, au sein du mouvement, le souffle nécessaire au combat que nous avons à mener. Et en ce qui concerne le cas particulier de l’illustre prisonnier de la Cour pénale internationale, nous n’avons pas vu venir la contribution du MAF à la lutte contre l’injustice qui le frappe. Faudra-t-il verser au bilan des deux années d’existence l’appel à la signature de la pétition pour le retrait des nations africaines de la CPI lancée en mai 2013 ? Encore faudra-t-il nous faire part de son impact auprès des instances africaines. 

Au regard de tout ce qui a été dit, convenez qu’il est tout à fait légitime de poser cette question à la présidente de la MAF : qu’avez-vous fait de nos « talents » ? Afin de vous montrer que les interrogations suscitées par le fonctionnement du MAF ne datent pas d’aujourd’hui, je vous reproduis ici l’ensemble de la deuxième partie de mon billet publié le 28 février 2012, sur mon blog, un mois et demi avant le premier congrès de ce mouvement. Vous verrez qu’un an et demi après, ce grand espoir dont je disais qu’il pourrait être déçu si les innombrables carences d’alors se poursuivaient, n'a pas été comblé. Rien n'a changé parce que Calixthe Beyala n’a pas voulu évoluer dans sa manière de voir les choses.          

           «  Le MAF en congrès le 14 Avril 2012. Et après ? » 

            « Pour réussir son opération de positionnement dans le débat avec les partis politiques et le futur pouvoir de notre pays, Calixthe Beyala, le fer de lance du  MAF, mise sur un grand succès du premier congrès national du Mouvement qui aura lieu le 14 avril 2012, à 13 heures, au Palais des Congrès de Paris. De toute évidence, ce congrès est de la plus haute importance. Il témoignera publiquement de la capacité de mobilisation du Mouvement. Mais il sera surtout le premier signe de sa visibilité dans le paysage politique français.          

            La présidente du Mouvement qui se plaît à critiquer les marches de protestation ou de soutien, prend paradoxalement conscience qu'un congrès rassembleur est une façon à la fois de faire du bruit et montrer sa force. C'est aussi une façon de signifier aux autres que l'on existe et que l'on a des préoccupations à faire connaître ou à défendre. Elle sait, comme de nombreux membres du MAF, qu'il ne faut en aucun cas rater ce rendez-vous en se retrouvant en petit comité le 14 avril 2012. Une maigre assistance serait le signe d'un échec qui effacerait le Mouvement non seulement de l'esprit des candidats mais encore de la scène politique à laquelle il veut accéder.

            Certes, le Mouvement a des faiblesses très criantes. D'abord, il y a une réelle absence de définition claire du MAF. Tantôt on parle de lobby qui ne saurait se permettre de faire descendre ses membres dans les rues pour crier son indignation à la manière d'un quelconque groupe de soutien ; tantôt le Mouvement est présenté comme un parti politique. Si tel est le cas, alors Calixthe Beyala doit savoir qu'appeler à manifester ou à apporter son soutien à des mouvements de protestation n'est pas incompatible avec les desseins d'un parti politique. Que doit être le MAF ? Un mouvement de salon (sans les moyens financiers d'un lobby) ou un mouvement populaire capable d'exprimer publiquement son humeur devant les événements qui portent atteinte à ses valeurs ? Il faudra choisir au plus vite !  

            D'autre part, le MAF n'existe que par le nombre de ses adhérents. Rien d'autre ! Dans la pratique, nous n'avons pas connaissance de l'existence d'un bureau national provisoire. Il n'existe pas de section ou de représentation du Mouvement à l'intérieur du pays, mis à part à Lille. Tous ceux qui ont plaidé pour la création de différentes sections dans les grandes villes afin de rapprocher le Mouvement et ses instructions de ses membres ont vu ce projet écarté par Calixthe Beyala. Aussi, il est impossible aux adhérents ne vivant pas à Paris ou à Lille de se connaître et de tenir des réunions loin des yeux de sa présidente. Il est à craindre que l'absence de contact entre les membres et le manque d'action n'éteignent les ardeurs des premières heures de la naissance du Mouvement. La tentation du vote FN ne s'expliquerait-elle pas aussi par ce manque d'activité et d'implication directe des membres du MAF au sein de leur Mouvement ? Cela demande réflexion. 

            Cette remarque nous mène à la dernière grande faiblesse du MAF : la communication ! Il existe bien un site du Mouvement. Mais il ne semble pas destiné à communiquer avec les adhérents : pas de compte rendu des réunions parisiennes ; les questions posées par ce biais restent sans réponse (je l'ai testé !) ; les membres qui n'assistent pas aux réunions parisiennes avec Calixthe Beyala demeurent dans l'ignorance totale de ce qui se dit et se fait au sommet du MAF. Les SMS laconiques ne peuvent en aucun cas constituer le seul moyen de communication. A qui la faute si l'adhérent qui ne connaît pas de section locale n'est pas informé des actions et des prises de position de son mouvement ?    

            Enfin, combien sommes-nous ? Combien d'adhérents le Mouvement compte-t-il dans les grandes villes ? Personne ne le sait. Ni sur le site du MAF ni par les SMS les adhérents ne sont tenus au courant de leur importance en chiffres ! Faut-il attendre que les journaux et les chaînes de télévision le leur apprennent ? 

            Beaucoup de choses restent à faire. Mieux, tout reste à faire pour que le MAF - qui a fait naître tant d'espoir - ait des chances de poursuivre cette aventure au-delà du congrès du mois d'avril 2012. Il ne faut donc pas désespérer malgré ses manquements et son excessive centralisation qui le prive d'une base dynamique. Le fer de la lance du chasseur a beau briller, si le manche n'est pas solidement tenu par le bras du chasseur, et si celui-ci n'a pas les pieds suffisamment agiles pour le porter, la proie ne vivra que des frayeurs inutiles. Le MAF doit donc veiller à construire ses bases afin d'exister non pas seulement par son porte-parole mais par l'ensemble de ses membres actifs. Quand ceux-ci seront dans la capacité de mener des actions partout en France où les valeurs qu'ils défendent seront menacées, alors l'aventure se poursuivra. Il ne faut pas que l'on puisse dire demain : un seul être quitte le MAF et le Mouvement est réduit à rien !

            Le temps viendra où, en famille (politique), il faudra trouver les idées pour structurer et dynamiser le Mouvement. Mais pour l'heure, il est urgent de réussir ce premier congrès. Chacun doit se sentir concerné et faire le déplacement afin d'assurer son succès. Une présence massive des Africains-Français pourrait ébranler certains esprits politiques et faire évoluer les choses dans le sens de nos convictions. Il faut y penser sérieusement ! » 

° http://raphael.afrikblog.com/archives/2012/02/28/23637239.html

Raphaël ADJOBI

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Raphaël ADJOBI

 

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