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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
27 mai 2017

Allocution du président de La France noire à la commémoration de l'abolition de l'esclavage 2017 à Joigny (89)

            Allocution du président de La France noire

                   à la commémoration de l'abolition de

                                  l'esclavage 2017 à Joigny

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Merci Mme La sous-préfète de nous faire l'honneur de votre visite qui nous fait vraiment plaisir.

            Madame la Conseillère départementale, merci de votre présence qui nous honore également, et surtout pour votre constant soutien à La France noire.

            Monsieur le maire, merci de tout cœur pour tout ce que vous faites au sein de notre ville pour favoriser la fraternité nationale dans le respect de la diversité de la population de notre pays. A travers vous, La France noire voudrait aussi dire sincèrement merci à tous les conseillers municipaux pour leur soutien aux actions culturelles des associations de notre ville, et en particulier pour leur précieux soutien à la nôtre. Personnellement, j'ai appris à ne jamais perdre de vue que les grands esprits ou les grands projets sont souvent voués à l'échec s'ils ne font pas de belles rencontres. Merci donc parce que votre bienveillance à tous, jointe à la bonne volonté des adhérents, a permis la réalisation de l'exposition que nous présentons aujourd'hui. Cette exposition est désormais à la disposition de tous les établissements scolaires.

            Mesdames et Messieurs les chefs d’établissements ou leurs représentants, chers collègues enseignants, merci d’avoir répondu nombreux à l’appel de La France noire.

            Mesdames et messieurs les présidents des organisations associatives ou leurs représentants, merci de nous faire l’amitié d’être parmi nous ce soir.

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Je vais aborder deux points dans mon intervention :

1) La nécessaire connaissance de l'autre pour construire la fraternité nationale.

2) Pourquoi l'esclavage des noirs dans les Amériques n'est pas un esclavage comme les autres.

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                       La nécessaire connaissance de l'autre

            La France noire est née parce que les Noirs de France expriment des besoins : besoin de reconnaissance  de leur qualité de citoyen à part entière ; besoin de prise en compte de la contribution de leurs ancêtres à la défense et à la construction de la France. C’est réellement la non satisfaction totale de ces besoins qui fait encore peser sur eux le racisme né au XVIIIe siècle.

            Beaucoup de nos compatriotes blancs sont conscients du racisme souvent sournois que subissent les Noirs de France. Ils s’en indignent, parfois ouvertement, et prônent plus de tolérance chaque fois qu’ils en ont l’occasion. Mais comme le dit si bien le sociologue Michel Wieviorka, contre le racisme et l’intolérance, « il ne suffit pas d’avoir de bons sentiments, il faut avoir des connaissances ». Des actions éducatives sont absolument nécessaires pour que s’installent dans les esprits des connaissances durables grâce à la répétition des enseignements. Des connaissances durables qui vont à leur tour modifier les comportements et conduire à des habitudes satisfaisantes pour tous.

            Pour aller vers cette fraternité qui est le troisième pilier de notre devise nationale, nous devons faire de la connaissance de l’autre et donc de son histoire un objectif essentiel. C’est pourquoi notre association a choisi comme devise « mieux connaître l’autre pour respecter sa différence ». Oui, mieux connaître l’autre est l’effort à accomplir par chacun de nous, le prix à payer par chacun de nous pour construire la fraternité nationale.

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            Qu'est-ce que cela veut dire concrètement sur le plan national ? La réponse est claire : intégrer la géographie et l’histoire des Français noirs à la géographie et à l’Histoire de France. C’est cet impératif que notre association a voulu symboliser par son logo. L’arc de cercle autour de la France métropolitaine ou hexagonale, représente l’ensemble des îles et terres françaises lointaines que nous ne voyons jamais et n’étudions jamais sur les bancs de l’école mais qui existent bel et bien. C’est dire que la France qui est absente des manuels scolaires existe physiquement et devrait permettre à tous les Français de se dire que nous avons la chance d’avoir un horizon large !                                  

            C’est vrai, l’autre, celui qui est différent de nous est toujours un peu bizarre. Il étonne, il suscite des interrogations, il choque même parfois. Pourtant, il faut accepter d’être étonné, d’être choqué. C’est une chose universellement et humainement normale ; aussi, le choc ou l’étonnement provoqué par l’autre ne doit pas nous pousser à le rejeter. Nous ne devons pas en faire un sentiment définitif modelant notre vie.

            Vous ne vous imaginerez jamais la réaction des Noirs, surtout des enfants, lorsqu’ils ont vu pour la première fois une personne blanche. Cela s’est toujours traduit par une véritable débandade des enfants : on court s’enfermer dans les maisons, se cacher dans les broussailles, on grimpe aux arbres, on crie à la mort en s’accrochant aux jambes de sa mère ou de son père. Et pourtant, ce sont ces mêmes enfants qui, après deux ou trois séjours du Blanc, courront à sa rencontre en ouvrant les bras lors d’une de ses prochaines visites.

            Pour connaître l’autre afin de respecter sa différence, il faut connaître son histoire. Et pour nous tous ici présents, connaître l’histoire des Noirs Français, c’est connaître l’Histoire de France avec toutes ses pages qui sont occultées, négligées ou tronquées qui parlent d’eux.

            Cela m'emmène à parler de l'esclavage et à vous dire

            pourquoi l'esclavage des Noirs dans les Amériques

                    n'est pas un esclavage comme les autres

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            Certes, la traite et l’esclavage des Noirs font partie des programmes pédagogiques. Cependant, leur enseignement - au regard des manuels scolaires - est très loin d’être satisfaisant et parfois même blessant parce qu’il apparaît clairement comme une déculpabilisation des bourreaux d’hier qu’étaient les négriers et les esclavagistes européens. Par ailleurs, les manuels scolaires ont tendance à mettre la traite et l'esclavage des noirs sur le même pied d'égalité que toutes les autres formes d'esclavage au point où le lecteur attentif peut se demander pourquoi c'est le seul esclavage qui fait l'objet d'un enseignement.

            La question est légitime et mérite des réponses claires. Les voici :

            Premièrement, cet esclavage est le seul connu de l’humanité qui n’a pas été pratiqué seulement par des individus véreux, mais par des Etats coalisés contre une seule catégorie de populations. Il ne s’agit donc pas du même esclavage que celui pratiqué dans de nombreuses sociétés traditionnelles. Il s'agit d’une entreprise industrielle de plusieurs royaumes qui se concurrençaient. Cette entreprise a d'ailleurs donné naissance à des traités dans les parlements des royaumes et entre les royaumes européens.

            Deuxièmement, cet esclavage est celui que chacun doit étudier parce que c’est le seul qui a changé durablement la conscience et la pensée européenne. Oui, cet esclavage a changé la conscience et la pensée européenne grâce à l’invention du racisme au XVIIIe siècle qui imprègne aujourd’hui encore les rapports humains sur la terre entière. Racisme popularisé à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle par les expositions coloniales. De ce fait, c’est la seule pratique esclavagiste qui, plus d’un siècle et demi après son abolition, laisse des traces aussi violentes et durables dans de nombreux pays européens ainsi que dans leurs anciennes colonies des Amériques.

            En effet, c’est la seule pratique esclavagiste qui a été théorisée scientifiquement, philosophiquement, religieusement et dont la France a eu la belle idée de codifier les brutalités qui le rythmaient avant tous les autres.                               

                        Que disent les théories européennes qui ont

                              durablement décidé du sort du Noir ?

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            D’une part, elles affirment que c’est Dieu qui a condamné l’homme noir à être l’esclave des autres peuples ; bien évidemment des Blancs. C’est la théorie de la faute de Cham, ce fils de Noé qui aurait vu son père nu, alors qu’il était ivre, et qui n’aurait pas recouvert sa nudité. La noirceur de sa peau serait donc le signe de sa malédiction !

            D’autre part, ces théories affirment que le Noir ne fait pas partie de l’humanité. Elles affirment qu’au départ, le Noir était un Blanc qui, peu à peu, avait dégénéré, était sorti de l’humanité et s'était rapproché de l’animalité, plus précisément du singe. Ces théories disent que l'animal est une machine perfectionnée, un automate. Elles assurent donc que le Noir est moins qu'un sous-homme. Pire : c’est un objet du même niveau qu’une chaise, un buffet, un meuble, comme le dit clairement le Code noir.

            Nous comprenons donc tous que l'esclavage des Noirs dans les Amériques se justifiait par une conception très réfléchie de la nature même du Noir et de la place que l’Europe lui réservait dans l’Histoire des êtres de la terre!            

            Voilà, mesdames et messieurs, pourquoi en regardant l’histoire particulière de la traite et de l’esclavage des Noirs dans les Amériques, la France a eu raison de décréter la traite et l'esclavage en général un crime contre l’humanité ; voilà pourquoi elle a eu raison de décréter une journée nationale pour saluer les luttes des esclaves pour leur liberté et les luttes des Blancs qui ont sincèrement voulu la fin du traitement inhumain qui leur était infligé.

            En métropole, notre pays a choisi le 1O mai pour marquer la fin d’une triste histoire, pour nous mettre périodiquement en garde contre l’intolérance. Et cette mise en garde nous concerne tous.

            Je vous remercie !

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24 mai 2017

La victoire du nègre (Daniel Picouly)

                               La victoire du nègre

                                                (Daniel Picouly)

La victoire du nègre 0001

            Voici l’histoire la plus retentissante après l’invention du racisme proclamant la suprématie blanche dans tous les domaines, surtout physique et intellectuel. Peu après l’abolition de l’esclavage, la boxe, ce sport qualifié de « noble art », était « l’un des seuls endroits où Blancs et Noirs pouvaient s’affronter sur un pied d’égalité » ; égalité bien sûre inconcevable dans la conscience des Blancs et donc impossible à établir. Or, un jour, un noir est venu balayer toutes les théories pseudo-scientifiques, socle des convictions racistes sur lesquelles devaient prospérer la suprématie blanche durant des siècles et des siècles. Voici donc l’histoire que nos parents et grands-parents ne nous ont jamais racontée et que nous n’entretenons pas pour la postérité.

            On nous parle sans cesse de Jesse Owen parce que l’Occident a besoin d’exemple éclatant pour humilier Adolf Hitler et l’Allemagne nazie. Car Hitler, ce n’est pas l’Occident ; c’est non seulement l’incarnation du racisme absolu, mais encore l’ennemi politique de l’Occident. L’Amérique par contre, si elle est une autre incarnation du racisme absolu, elle est une alliée politique. Cela change tout ! Aussi, un nègre qui humilie l’Allemagne nazie propagatrice de la suprématie aryenne peut être sans cesse loué , tandis qu’un nègre qui humilie l’Amérique, chantre de la suprématie blanche et de la ségrégation raciale, mérite de ne pas être mis en valeur mais doit au contraire demeurer dans l’ombre.

Par Oliver W

            Vous connaissez l’Allemagne nazie humiliée par Jesse Owen ; voici l’Amérique raciste et ségrégationniste humiliée par Jack Johnson ! La victoire du nègre montre comment l’Amérique blanche et Jack Johnson ont vécu, chacun de son côté, l’événement.

            En nous plongeant d’une part dans les actualités américaines et d’autre part dans la conscience du héros noir, Daniel Picouly nous permet de visiter les lois racistes américaines dans leurs caractères les plus perfides. Saviez-vous par exemple que jusqu’en 1960, un Blanc qui tuait un Noir ne commettait pas un crime condamnable ? Saviez-vous qu’un Noir qui passait d’un état à un autre accompagné d’une Blanche allait en prison parce qu’il pratiquait de manière évidente la traite des Blanches ? Voici, à travers un héros noir, l’Amérique d’hier qui nous fait comprendre celle d’aujourd’hui.

Raphaël ADJOBI

Titre : La victoire du nègre, 168 pages.

Auteur : Daniel Picouly

Editeur : Flammarion, 2017 ; collection Incipit.

18 mai 2017

Plus jamais esclaves ! (Aline Helg)

                          Plus jamais esclaves !

                         De l’insoumission à la révolte,

                       le grand récit d’une émancipation 1492 – 1838

                                            (par Aline Helg)

Plus jamais esclave 0001

            Voici le livre que tous ceux qui disent s’intéresser à l’esclavage des Noirs dans les Amériques et à son abolition doivent absolument lire. Un impératif intellectuel incontournable ! C’est le premier livre qui montre les différentes pratiques esclavagistes dans le Nouveau Monde et les différentes techniques utilisées par les esclaves, du XVIe au XIXe siècle, pour obtenir leur liberté.

            Dans Plus jamais esclaves ! Aline Helg montre qu’il y a des différences dans le traitement des esclaves dans chaque colonie ; et cela selon le royaume européen dont elle dépend. Ces différences de traitement expliquent par exemple pourquoi il y a plus d’infanticides et plus de révoltes dans les colonies françaises, anglaises ou néerlandaises que dans les colonies espagnoles ou portugaises. D’autre part, l'auteur montre que le marronnage ou la fuite est le moyen privilégié par les esclaves pour recouvrer leur liberté et non pas la révolte comme certains colons le faisaient croire à leur royaume ; car contre des soldats européens bien armés et entraînés, les esclaves disposant au mieux de machettes et de bâtons savaient qu’ils n’avaient aucune chance lors des rares insurrections qui se terminaient toujours par des massacres et des mises à mort théâtrales et atroces. Même si les rebellions se sont multipliées à la fin du XVIIIe et surtout au début du XIXe siècle, Aline Helg note que « un peu partout, l’approche de l’abolition suscita une recrudescence de fuites, montrant que beaucoup d’esclaves voulaient gagner leur liberté avec leurs pieds plutôt que de la recevoir passivement des mains d’un maître auquel ils ne faisaient pas confiance ».

            Outre le marronnage ou la fuite, l’engagement militaire et l’achat de leur liberté constituaient pour les esclaves des moyens légaux par lesquels ils sortaient de la servitude que leur imposaient les Blancs. Les exemples abondent dans ces deux domaines. C’est ainsi que l’on découvre que le Mexique et le Chili ont été conquis par des soldats Noirs en échange de leur liberté.

            Ce livre fait surtout apparaître de manière éclatante pourquoi l’esclavage des Noirs dans les Amériques a été d’une brutalité inimaginable et sûrement jamais égalée. « Partout minoritaires, [les Blancs] vivaient dans l’angoisse [que] les Indiens pouvaient surgir à tout moment de l’arrière-pays, tandis que les Africains […] dont ils connaissaient la soif de la liberté, les entouraient jusque dans l’intimité de leurs foyers […] Dans ce contexte inquiétant, ils transformèrent souvent les manifestations discrètes de mécontentement d’esclaves en conspirations qu’ils assimilèrent ensuite à des révoltes et réprimèrent cruellement. » Et quand une décision venant de l’Europe n’était pas du goût des colons esclavagistes, ils « initiaient eux-mêmes des rumeurs de complots » pour ensuite se livrer à des condamnations atroces ; toujours les mêmes : les prétendus conspirateurs ou rebelles étaient brûlés vifs, décapités, pendus ou flagellés, avec femmes et enfants. Les propriétaires d’esclaves sacrifiés pour ces faux complots étaient ensuite indemnisés.

Riche en exemples, très détaillé et profond en analyses, ce livre devient vite un bréviaire.

Raphaël ADJOBI

Titre : Plus jamais esclave ! 413 pages.

Auteur : Aline Helg

Editeur : Editions La Découverte, 2016

13 mai 2017

La France noire commémore l'abolition de l'esclavage à Joigny - 2017

                     La France noire commémore

                     l'abolition de l'esclavage à Joigny

En attendant les images de la cérémonie, voici le reportage de France3 Bourgogne.

 

Capture Commémoration

 http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/yonne/joigny-exposition-mieux-comprendre-abolition-esclavage-1251427.html

5 mai 2017

Commémoration de l'abolition de l'esclavage 2017 à Joigny

     L'affiche officielle de la commémoration de l'abolition

                            de l'esclavage 2017 à Joigny

preview

     La commémoration de l’abolition de l’esclavage à Joigny est un moment très original. Outre les deux discours d’usage, le public est invité à découvrir une exposition. Cette année, celle qui lui sera proposée est exceptionnelle parce qu’elle montre pour la première fois les résistances africaines à la traite et les luttes des esclaves pour leur liberté dans les Amériques. Par ailleurs, la cérémonie est animée par une chorale. Nous avons été accompagnés l’année dernière par le groupe Ébène. Cette année, c’est la chorale Les Croq’notes de Brion dirigée par Christian Loubat qui a accepté d’animer la cérémonie. D’avance nous disons merci aux choristes et à leur chef.

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Raphaël ADJOBI

 

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