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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
1 juin 2017

Izaurinda (Anna Maria Celli)

                                                   Izaurinda

                                             (Anna Maria Celli)

Izaurinda de Anna Maria Celli

            Dans ce roman, la force et la violence de l'écriture d'Anna Maria Celli rappellent étrangement celles de Artemisia Gentileschi* en peinture. L'une et l'autre ont la douceur angélique dans le regard mais la main ferme et tranchante qui rend le crime admirable.

            Izaurinda est l'épouse de Sem. Mais sa présence dans le récit est le plus souvent en filigrane, c'est-à-dire dans la conscience de Sem qui a quitté la désolation de son village de sable brûlant comme de nombreux hommes avant lui pour un horizon aux limites pesantes. Ce n'est pas un grand causeur Sem ; c'est un homme d'action, un homme qui agit en psalmodiant sa vie antérieure pour nous faire découvrir comment il a échoué à Paris, sur les bords de la Seine.

            Malheureusement l'exil ne fait pas de lui un homme libre parce qu'un pacte avec "le diable" est attaché à ses pas. Dans ce cas, la police devient l'ennemi à éviter à tout prix. Les deux femmes qu'il rencontre dans sa vie vagabonde sont deux êtres éloignés de l'image d'Izaurinda qui l'obsède. Deux femmes qui auraient pu le couver ; mais l'une porte en elle de manière trop forte la déchéance qu'il fuit et l'autre une étrange vacuité qui l'effraie.

            Ce roman se révèle être donc la fuite solitaire et taciturne d'un homme prêt à sauver sa vie bien que se sachant condamné par sa mission puis son crime. Une errance douloureuse qui tient le lecteur en haleine l'obligeant à se demander sans cesse combien de crimes le héros devra-t-il commettre pour être enfin délivré ou finir au cachot.

            Un roman à la structure simple mais au rythme complexe, brutal et poétique. 

* Artemisia Gentileschi est une peintre italienne dont l'œuvre est caractérisée par une forte accentuation dramatique ; d'elle, je retiens essentiellement son tableau "Judith décapitant Holopherne".

Raphaël ADJOBI

Titre : Izaurinda, 178 pages.

Auteur : Anna Maria Celli

Editeur : az'art atelier éditions, collection L'Orpailleur, 2017.

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Commentaires
S
C'est également une découverte pour moi. Je ne connaissais pas son talent de romancière. Moi qui ne sais pas raconter, je suis toujours émerveillé de voir les autres bien conduire un long récit.
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L
Tu nous mets l'eau à la bouche, cher Raphaël ! Je connais Anna Maria Celli de façon virtuelle et apprécie les extraits qu'elle publie sur sa page FB, de la poésie en particulier. Et là c'est un roman ! Une auteure à découvrir !
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