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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
19 avril 2018

L'Histoire n'est pas une science (une réflexion de Raphaël ADJOBI)

                           L'Histoire n'est pas une science

Jean-Baptiste Belley

            L'histoire, contrairement à ce que certains tentent de nous faire croire, n'est pas une science mais un récit. Un récit dont le contenu peut varier d'un narrateur à l'autre. Même quand deux récits sont identiques, parce qu'ils ont le même contenu, l'éloquence ou le style du narrateur peut conduire le public à préférer l'un à l'autre. Mais dans ce cas, on ne parle que de différence de forme. Quand la différence se situe dans le contenu, alors la question de la vérité se pose. Pour trancher entre le vrai et le faux, il est nécessaire de recourir aux faits.

            En effet, au commencement du récit historique, il y a les faits. Ce sont eux qui structurent le discours. Tenir compte de tous les faits essentiels participe à l'établissement de la vérité. En d'autres termes, si deux personnes entreprennent la rédaction d'une même histoire, pour parvenir à la même vision des choses ou à des visions très voisines, elles doivent impérativement intégrer les mêmes faits à leur récit. Le non-respect de cette disposition primordiale condamne les deux rédacteurs à aboutir à des visions différentes, pouvant être très éloignées l'une de l'autre mais aussi très éloignées de la vérité. C'est d'ailleurs la première forme de falsification de l'histoire.

            La deuxième forme de falsification du récit historique - une forme très grossière - consiste à substituer certains faits ou certains personnages par d'autres. C'est ce qui arrive quand l'on s'oblige à attribuer à un peuple des faits très anciens pour le grandir dans la conscience commune.

            La dernière forme de falsification - celle-ci très répandue - réside dans l'interprétation. En effet, ce qui dispose de nombreux individus à falsifier les faits tient à la tendance naturelle de l'homme à interpréter tout ce qu'il voit. Nous interprétons ce que nous voyons avant même de le découvrir dans tous ses aspects. Nous anticipons pour ainsi dire la connaissance de l'autre. Nous forgeons des connaissances avant "La" connaissance. Cette inclination naturelle de l'homme à l'interprétation - le grand défaut des voyageurs et donc des récits de voyage - est la source des nombreuses erreurs qui deviennent des mensonges quand on n'a pas le courage de les corriger parce qu'ils sont passés dans les canaux officiels de l'enseignement.

            Afin de ne pas exposer son travail aux erreurs de l'interprétation, l'association La France noire s'est contentée de n'y souligner que les faits historiques qui structurent la traite négrière et l'esclavage des Noirs dans les Amériques ; des faits qui, d'une part, laissent apparaître des résistances à la chasse à l'homme en Afrique ; des faits qui, d'autre part, montrent des luttes pour échapper aux entreprises de déshumanisation que les Européens avaient mises en place dans le Nouveau Monde. Une fois que chacun aura pris connaissance de ces faits, il pourra librement former son propre jugement. Et l'objectif de notre association, La France noire, c'est d'apprendre aux jeunes générations à regarder, à découvrir tous les faits que ne montrent pas les manuels scolaires afin que leur opinion soit la plus proche possible de la vérité.

            Tenir compte, par exemple, de tous les faits qui structurent l'histoire de l'esclavage depuis la Révolution française nous conforte dans l'idée que son abolition en 1848 n'est pas le fait de quelques volontés blanches philanthropes mais avant tout la réalité de luttes constantes des populations noires avec des leaders cultivés et amoureux des libertés et des règles d'équité prônées par les institutions françaises. En d'autres termes, les faits montrent que l'absence de figures noires dans les manuels d'histoire est une injustice, un choix politique discriminant. Pour paraphraser John E. Wideman (Ecrire pour sauver une vie, Gallimard 2017) disons que comme toutes les vérités, nos héros se valent jusqu'à ce que le pouvoir en choisisse quelques uns pour servir ses exigences. 

Raphaël ADJOBI

* Reprise interdite ; article L111-1 du Code de la Propriété Intellectuelle (CPI)

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Commentaires
S
Merci, cher Atto, pour ce beau compliment. Merci d'apprécier mes écrits. Je vais tâcher de suivre ton conseil et prendre contact avec Afrique Média. C'est vrai que depuis le passage de notre exposition à Paris, nous avons compris qu'il nous faut nous émanciper de Joigny et chercher des relations ailleurs. Nous espérons qu'il y aura des retombées positives des rencontres que nous y avons faites.<br /> <br /> Je serai très content de de te revoir à Joigny le 17 mai pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Si tu peux te libérer, ce sera magnifique !
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A
À Raph, <br /> <br /> Avant tout commentaire, <br /> <br /> Je souhaite faire une proposition. Internet, permet une large diffusion dans tous les domaines. Je pense que tu gagnes à être encore plus connu par les africains. C’est pourquoi je te suggère de diffuser ce savoir que tu maitrises par le canal d’Afrique Media qui diffuse sur internet (radio + télévision) des émissions panafricaines. Une chaîne qui monte . Je suis persuadé qu’avoir une émissions sur cette chaîne va déclencher une vague de téléspectateurs encore plus importants. Car tu es sinon dans la droite ligne de ce qu’on appelle en ce moment «  la renaissance africaine », le précurseur de ce mouvement. Je le dis Parceque toi tu es ici tout seul. Et tu te bats avec tes mots , pour redorer le blason de l’homme Noir. En Afrique, va avoir lieu , au Ghana, du 14/4 au 18/4 (Accra ), le forum panafricain. C’est un événement, qui devait avoir lieu au Tchad. Ça été bloqué. Je ne sais comment, par qui. Mais tu peux aisément deviner qui peut fait encore la loi en Afrique. <br /> <br /> Cette année j’ai décidé de venir assister à la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Je suis en train de négocier qques jours, pour venir. C’est le degré zéro de ce l’on’peut faire pour commencer.
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