Lectures, analyses et réflexions de Raphaël

Vous trouverez ici des comptes rendus de lectures livresques concernant essentiellement l'histoire des Noirs d'Afrique et celle des Afrodescendants des Amériques et d'Europe. Les actualités de la diaspora africaine ne sont pas oubliées.

30 avril 2022

Nelson MANDELA répond aux Occidentaux : vos ennemis ne sont pas forcément mes ennemis...

Nelson MANDELA : vos ennemis ne sont pas forcément

     mes ennemis, et vos amis forcément les miens !

Nelson Mandela

 

Nelson Mandela : vos ennemis ne sont pas forcément mes ennemis, et vos amis forcément les miens !

Le 11 février 1990, au Cap, Nelson Mandela retrouvait sa liberté après 27 ans de détention. Le 21 juin 1990, au " Aaron Davis hall - city college of New York ", le journaliste Ken Adleman interpelle Nelson Mandela en ces termes : Ceux d'entre nous qui partageons votre combat pour les droits de l'homme contre l'apartheid, avons...

http://lafrancenoire.com

 

 

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31 octobre 2020

Une jeune Malienne interroge les dirigeants maliens et africains

                  Une jeune Malienne interroge

               les dirigeants maliens et africains

          « Pour qu’il y ait corruption, il faut un corrupteur et un corrompu. Qui sont les corrupteurs aujourd’hui ? Qui sont les corrompus d’aujourd’hui ? Les corrompus d’aujourd’hui sont les personnes censées empêcher la corruption ; ce sont les personnes censées nous protéger ; ce sont les personnes censées appliquer les lois, les sanctions. 

Malienne discourant

          Je travaille dans une entreprise qui répond à des appels d’offre ; mais nous constatons que des personnes payées par nos impôts pour signer les documents demandent qu’on leur verse de l’argent - avant d’aller plus loin. L’argent que les entreprises leur versent et qui doit aller dans les caisses de l’État pour servir à construire les écoles, à soigner les malades, qu’en font-elles ? Cet argent, les entreprises le donne en fait à une personne lambda payée par l’État qui s’enrichit au lieu d’enrichir l’État.

          Maintenant parlons de nos dirigeants, de nos ministres, du président de la République. Quand arrivent les élections, savez-vous comment elles sont financées dans nos pays ? Les entreprises sont rackettées ! "Vous ne voulez pas payer ? demandent-ils. Eh bien, nous verrons bien au prochain appel d’offre comment les choses vont se passer…." Bien sûr que nous avons tous un rôle à jouer. Bien sûr que je peux dire à la douanière de l’aéroport qui me demande 10.000 francs CFA pour les trois tissus neufs qui sont dans mon sac que c’est de la corruption. Bien sûr que je peux dire au policier qui me rackette que je ne veux pas donner ce qu’il me demande parce que c’est de la corruption. Mais qu’est-ce que je dis à toutes ces personnes qui nous dirigent, qui sont censées nous protéger mais qui sont les premières à nous bafouer, à hypothéquer notre avenir parce qu’elles ne veulent pas arrêter de s’enrichir ? Et les entreprises ne peuvent pas non plus arrêter de payer les corrompus parce qu’elles ne veulent pas arrêter de survivre parce qu’il leur faut aussi continuer à payer des salariés. Et qui sont ces salariés ? Ce sont tous ces jeunes à qui nous sommes en train de dire "Croyez au Mali ! Croyez en l’Afrique ! Croyez en l’avenir, n’allez pas sur les routes de l’émigration". Mais que leur offre-t-on en option ? Quelles solutions offre-t-on à leurs problèmes ? »

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23 juillet 2020

¿ Cuántas lágrimas antes de vivir libres ? Combien de larmes leur faudra-t-il verser pour vivre libres ?

¿ Cuántas lágrimas antes de vivir libres ?

Combien de larmes leur faudra-t-il verser pour vivre libres ? 

° Texte écrit quelques jours avant l'assassinat de george Floyd. Emporté par cet événement, je l'ai oublié. Je viens de le découvrir cette nuit (23/07/2020). Texte écrit en mai 2020. Profondément touché par le ton de mon discours, je n'y ai rien changé. Je ne l'avais pas publié parce que je l'estimais inachevé. Aujourd'hui, je suis incapable de lui donner une suite. Je le laisse donc tel quel ; avec ses imperfections.

Amérique latine

          Depuis que les «Blancs ont infesté la terre comme des poux», aucun peuple parmi lequel ils se sont établis durablement ne connaît la paix. En nouvelle Calédonie, en Austalie, en Afrique du sud, de l’Amérique du nord à l’Amérique du sud, au Groeland, partout on ne lit que larmes et désolation.

          Les Noirs d’Australie ont pratiquement disparu et laissé la place à des Blancs qui se sont déclarés les autochtones des lieux. Partout dans les Amériques, il n’y a qu’un seul mot d’ordre : les populations d’avant l’arrivée des Européens doivent disparaître afin que l’homme blanc soit reconnu comme l’autochtone. Au Brésil et en Argentine, parce que des Noirs ont rejoint les populations faussement baptisées Indiens dans les forêts afin d’échapper à l’esclavage, il faut aujourd’hui leur contester le titre de propriétaires de ces terres immenses qui peuvent rapporter beaucoup d’argent aux Blancs. Alors, on met le feux aux forêts afin de les contraindre à fuir vers des contrées marécageuses où leur vie est synonyme de la mort. Face à la pandémie du coronavirus, ceux des villes sont sommés de ne jamais quitter leur maison insalubres pour aller travailler ou faire leurs courses dans les quartiers riches habités par les Blancs. Privés de soin et de nourriture, ils meurent à domicile.

          Si devant ce grand malheur que représente la cupidité et le mépris criminel de l’homme blanc les Noirs pleurent et meurent comme les moustiques de l’Amazonie, les larmes des «Indiens» interpellent encore plus profondément la conscience humaine et fait prendre conscience de l’ampleur de la suprématie blanche étendue sur la terre entière. En effet, le Noir a été forcé de partager sa vie avec les autres sur la terre des Amériques. Mais voir les larmes du maître des lieux réduit à l’animalité, voir l’autochtone des Amériques verser des larmes de douleur laisse croire aux Noirs que leur lendemain ne sera que souffrance avec l’homme blanc comme compagnon de route. 

          Combien de larmes ceux que l’homme blanc a appelé «Indiens» par ignorance doivent-ils verser pour enfin être libres sur leurs propres terres ? Les Blancs ne tordent le bras qu’à ceux qui font du mal aux Blancs ou les empêchent de s’enrichir ; les Blancs ne tordent jamais le bras à d’autres Blancs qui tuent des peuples qui ne sont pas des Blancs. Sur cette terre, depuis deux siècles environ, nous vivons sous le règne de l’union sacrée des Blancs contre les Noirs et les autochtones des Amériques.

         Cette situation n’est peut-être pas étonnante parce que les populations des Amériques se disent des «Noirs». Oui, c’est ainsi qu’ils se qualifient. Avec ceux de l’Afrique, ils ont des similitudes troublantes. Il n’y a qu’en Afrique et dans les Amériques que l’on trouve des peuples qui portent le plateau labial. Les constructions pyramidale de Koush (Nubie), d’Egypte et de l’Amérique central nous interpellent également. Les immenses têtes négroïdes de l’Amérique central sont la preuve que les Noirs ont longtemps partagé l’espace américain avec les populations que nous reconnaissons comme les premiers habitants des lieux ; même si tous les êtres humaines sortent du berceau africain.

Raphaël ADJOBI    

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17 juillet 2020

Le nouveau visage des Etats-Unis après la mort de George Floyd

            Le nouveau visage des Etats-Unis

                   après la mort de George Floyd

Theodore Roosvelt sera déboulonné

          Après la mise à mort filmée de George Floyd à Minneapolis, aucun pays européen ne s’attendait à son retentissement mondial et aux nombreuses manifestations anti-racistes qu’elle a provoquées. Et surtout, personne ne s’attendait à ce qu’elle interrogeât aussi profondément les Européens et leurs passés esclavagiste et colonial dont les conséquences perdurent dans nos sociétés modernes. Quand les premières vagues de manifestations atteignirent l’Europe, comme d’habitude, les médias français et quelques hommes politiques entonnèrent les éternels cantiques : c’étaient une «bavure policière» et des «manifestations communautaristes» ! Mais voilà qu’à partir du début du mois de juin nous parvient le bruit des statues que l’on fait chuter de leur piédestal.

          Après un moment de cacophonie, le débat a été sérieusement engagé aux Etats-unis, en Angleterre, en Belgique et a donné des résultats suite à une définition très claire de l’espace public : l’espace public reste un lieu soumis au changement ; ilappartient à tous et n’est nullement un lieu de culture ou de l’enseignement de l’histoire ! Et en un mois, les Etats-Unis et la Belgique semblent avoir rattrapé leur retard sur le Canada – champion du débat-citoyen sur ce qu’il convient de faire des statues et autres monuments commémoratifs jugés offensants pour les peuples autochtones.

          Aux Etats-Unis, si à Richmond (Virginie), la statue de l’ancien président Jefferson Davis a été déboulonnée, si dans cette même ville la statue de Christophe Colomb a fini dans un lac, si celle le représentant à Boston a été décapitée, et une autre à Baltimore (Maryland) a été déboulonnée, dans de nombreux cas, ce sont les autorités elles-mêmes qui, sous la pression populaire, ont retiré les effigies des hommes honorés avant que les manifestants s’en chargent. Il en est ainsi de la statue de Christophe Colomb à San Francisco et de celle de l’ancien président Théodore Roosevelt à Central Park (New York). Même la monumentale statue de cet ancien président trônant à cheval - «flanqué d’un Amérindien et d’un Africain» à pied - depuis 1940 à l’entrée du Muséum d’histoire naturelle de New-York «va être déboulonnée» (New York Times) et placée à l’intérieur du bâtiment. L’université de Princeton quant à elle a décidé de retirer le nom de l’ancien président Woodrow Wilson de deux de ses bâtiments et d’une résidence d’étudiants ; «Les administrateurs ont conclu que la pensée et les politiques racistes de Woodrow Wilson faisaient de lui un homonyme inapproprié pour une école ou un collège dont les universitaires, les étudiants et les anciens doivent s’opposer fermement au racisme sous toutes ses formes» (Christopher Eisgruber – président de l’université). Phrase à méditer sous d’autres cieux ! Les bases militaires portant les noms de sudistes racistes ont été débaptisées. Des marques alimentaires du pays ont décidé de retirer les logos jugés racistes de leurs produits (exemple «Uncle Ben’s»). Pour forcer Facebook à étoffer les règles de sa responsabilité et à lutter contre la haine en ligne, des annonceurs (Coca Cola, Unilever…) ont décidé de rompre avec ce gérant de réseaux sociaux...

George Floyd Ranger 2

          Rappelons que le combat des anti-racistes américains contre les statues à la gloire des esclavagistes blancs a une longue histoire animée par diverses associations de Noirs et de Blancs. Ici comme au Canada, selon l’historien Alan Kraut de l’American University, la mort de George Floyd a servi de «catalyseur» à un mouvement de «réévaluation» du passé déjà engagé. L’un des moments les plus marquants de ce combat a été celui qui a opposé les partisans et les adversaires de la statue du général sudiste Lee à Charlottesville en Virginie. Suite aux affrontements entre ces deux groupes, le gouverneur de la Virginie déclara en août 2017 : «Les monuments aux confédérés sont devenus des points chauds de haine, de division et de violence. J’encourage les autorités des villes de Virginie et l’Assemblée générale (de l’État) disposant des pouvoirs nécessaires à démanteler ces monuments et à les transférer dans un musée ou dans un endroit plus approprié». Ce sont là encore des paroles à méditer sous d’autres cieux où l’on parle de cohésion sociale sans aucun geste symbolique. Après avoir tergiversé un moment, la ville fera retirer définitivement la statue en février 2018. 

         Selon un sondage de l’institut Pew, publié à la mi-juin, sept Américains sur dix, toutes origines et couleurs confondues, ont participé au débat sur la question raciale depuis la mort de George Floyd. Il faut se réjouir de voir les institutions de l’État qui sont indubitablement les plus représentatives des populations de la nation et donc des usagers des espaces publics du pays – conseils d’établissements scolaires, de municipalités, de départements et de régions – prendre l’initiative d’étudier les noms et les images des personnalités de leur histoire qui méritent leur hommage. C’est effectivement l’une des meilleures façons pour les institutions politiques de montrer à chaque citoyen la voie à suivre pour combattre le racisme. Il reste maintenant aux institutions judiciaires à ne plus se montrer complaisantes à l’égard des crimes racistes de la police.

Raphaël ADJOBI

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15 juin 2020

Les Européens rattrapés par leur passé esclavagiste et colonial (Jean-Marc Ayrault les invite à la réflexion et à l'action)

        Les Européens rattrapés par leur passé 

                           esclavagiste et colonial

           (Jean-Marc Ayrault les invite à la réflexion et à l’action) 

 

Jean-Marc Ayrault et le racisme

          Si vous demandez aux autorités françaises ce qu’elles font contre le racisme, elles vous répondront invariablement qu’elles ont mis en place une institution appelée DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) avec un «plan national de lutte contre le racisme» depuis 2015. Elles préciseront même que pour 2018 – 2020, ce plan «mobilise l’ensemble des ministères pour mener quatre combats : lutter contre la haine sur Internet ; éduquer contre les préjugés et les stéréotypes ; mieux accompagner les victimes et investir de nouveaux champs de mobilisation».

          Il est tout à fait sidérant de constater que cette lutte fait l’impasse sur les savoirs qui permettraient la connaissance de ce que l’on veut combattre. Comment peut-on en effet lutter contre le racisme si l’on ne sait pas pourquoi il y a des Noirs et des Arabes en France ? Comment peut-on lutter contre le racisme si l’on ignore comment celui-ci est apparu dans notre société ? Par ailleurs, en mettant la lutte contre le racisme anti-Noirs sur le même pied d’égalité que celles contre l’antisémitisme et l’homophobie, les autorités montrent clairement leur volonté de nier une réalité socio-politique à laquelle elles ne veulent pas apporter des solutions particulières. En effet, la vie quotidienne des Français noirs et leurs aspirations n’ont absolument rien à voir avec les autres luttes auxquelles elles sont associées. Au-delà de son idéal de fraternité nationale qu’elle clame dans sa devise - «Mieux connaître l’autre pour respecter sa différence» - l’existence de notre association, La France noire, poursuit des objectifs qui touchent deux histoires de France permettant de nous interroger sur le présent et surtout sur les outils de notre enseignement aussi bien dans les manuels scolaires que dans l’espace public.

          La France noire peut donc s’estimer heureuse des propos de Monsieur Jean-Marc Ayrault à l’adresse de nos autorités les invitant à ouvrir les yeux sur les exigences de la France plurielle - qui n’est pas un fait du hasard mais un fait des histoires de la France. Profitant de la vague de déboulonnage des statues aux Etats-Unis, en Angleterre, en Belgique, au Canada, en Australie et dans les Antilles françaises, dans une tribune au journal Le Monde, le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage appelle à la réflexion et au débat sur les marques qui honorent notre passé dans l’espace public.

         Voici le début du texte de M. Jean-Marc Ayrault :

«Sans se pencher sur le présent, il est impossible de comprendre le passé». Jamais ces mots des premières pages de L’Etrange défaite(Franc-Tireur, 1945, réédité chez Folio histoire), de Marc Bloch, n’ont semblé si actuels, quand de nouveau, comme au temps des révolutions, le monde résonne du bruit des statues qu’on abat, quand des siècles d’injustice reviennent tout à coup dans l’actualité, quand chaque pays est invité à revisiter son passé à l’aune des questions du présent.

Les foules qui se mobilisent depuis le meurtre de George Floyd ne demandent pas seulement la fin du racisme, des violences et des discriminations à l’encontre des personnes noires ou issues d’autres minorités. Elles demandent aussi que leurs raisons profondes soient éradiquées.

Les discriminations ne sont jamais seulement le fait de personnes isolées. Elles sont le produit de préjugés qui n’ont pas été combattus, de pratiques qui n’ont pas été corrigées, de questions auxquelles aucune réponse n’a été donnée. Elles sont le fruit de l’histoire de chaque pays. Ne pas le voir, c’est s’aveugler sur les causes du mouvement actuel. Ne pas le dire, c’est s’empêcher de traiter le problème à la racine.

C’est pourquoi, pour répondre à cet appel, il faut d’abord de la justice et du respect, mais il faut aussi du sens et des symboles. Car pour vivre ensemble dans une société de diversité, il faut avoir un récit commun qui nous rassemble, qui nous aide à dépasser les blessures du passé et qui nous inspire pour panser les fractures du présent.

Ce récit, c’est en France celui de l’esclavage qui a nourri le racisme anti-Noirs et du combat pour l’abolition qui a uni militants de métropole et révoltés des colonies ; c’est l’histoire du colonialisme de Lyautey (1854-1834) et de l’anticolonialisme d’Aimé Césaire (1913-2008) ; c’est l’histoire de cette diversité qui est le visage de la France et qu’il faut expliquer.

          Monsieur Jean-Marc Ayrault reconnaît qu’il était ignorant de l’histoire de l’homme dont son lycée portait le nom : Colbert ! Il reconnaît qu’il ignorait pourquoi une salle de l’Assemblée nationale honorait cet homme. Il tire avec nous cette conclusion (RTL – 14 juin 2020) : quand on apprend à l’âge adulte que celui qui vous était présenté comme un modèle alors qu’il professait – au XVIIe siècle – que l’homme noir n’est pas un être humain mais «un meuble» exempt de sentiments et de pensées nobles, vous avez des raisons de vous poser des questions. Le vrai problème, c’est quand on n’est pas capable de s’en poser ! Oui, pour comprendre certains mouvements du présent, il convient d’interroger le passé.

Raphaël ADJOBI

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29 avril 2020

L'audace de Madagascar contre le coronavirus révèle l'incurie des gouvernants africains (Raphaël ADJOBI)

   L’audace de Madagascar contre le coronavirus

       révèle l’incurie des gouvernants africains

   et le chemin restant à parcourir vers l’indépendance                      

Jérôme Munyangi 3

          Le monde retiendra qu’en avril 2020, à la faveur de la pandémie du coronavirus, le président de la République de Madagascar a pris officiellement la décision de s’affranchir des règles contraignantes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en mettant sur le marché local une tisane à base de l’artemisia – une herbe dont le pays est le premier producteur mondial - pour lutter contre ce fléau qui menace son pays. Cette volonté du dirigeant malgache d’agir sans attendre le fameux vaccin promis par les officines européennes a fait l’effet d’une bombe sur le continent et dans la diaspora africaine. En effet, depuis 60 ans, c’est la troisième fois – après Sékou Touré et Laurent Gbagbo - qu’un gouvernant africain francophone, décide de ne pas tenir compte des injonctions venues de l’Europe, brisant ainsi la traditionnelle «relation nord-Sud» ; relation dans laquelle le Nord commande et le Sud obéit. Et cette fois, chose extraordinaire – parce que jamais survenue sur le continent – des dirigeants africains félicitent leur homologue rebelle et lui assurent publiquement leur soutien !

          Cette soudaine manifestation de solidarité de gouvernants africains avec l’un des leurs est en effet un événement absolument inédit dans l’histoire politique de l’Afrique ! Alors qu’ils ont fait preuve d’un mutisme total au moment de la destitution de Laurent Gbagbo par la France à coups de canon en avril 2011, il est heureux de constater que c’est individuellement que des présidents africains félicitent leur homologue qui désobéit à une institution internationale. Bien sûr, il n’y a pas cette fois de conflit institutionnel autour d’une place au sommet de l’État en jeu ; et par conséquent pas d’intérêt particulier de la France menacé. Mais cette ébauche d’une cohésion africaine face à l’unilatéralisme méprisant occidental habituel mérite d’être saluée. 

Médecin au Congo

          Toutefois, devant cette victoire de Madagascar acquise grâce à l’audace de son président, il convient de noter que ce fait révèle de manière notoire l’incurie des chefs d’État africains. Il suffit pour le prouver de rappeler la mémoire de ces nombreux médecins morts dans le silence ou l’indifférence absolue de leurs autorités trop peureuses face à l’arrogance de la France, des ONG européennes et autres organismes mondiaux comme l’ONU, la CPI et l’OMS. Le tort de ces médecins ? Vouloir tout simplement trouver une solution africaine aux maux africains, indépendamment des vaccins, des produits pharmaceutiques européens, chinois et indiens qui tuent plus qu’ils ne soignent ! Ainsi, le docteur Dieudonné Manenga, du Congo-RDC, qui proposait un remède à base de l’artemisia contre le paludisme, a été assassiné à son domicile le 16 septembre 2019. Toujours au Congo-RDC, le gynécologue Gildo Byamungu – compagnon de lutte du Docteur Denis Mukwege, prix Nobel pour son travail auprès des femmes violées - a été assassiné le 14 avril 2017 suite à de nombreuses menaces de mort. Au Gabon, le docteur Donatien Navoungou, inventeur d’une solution contre le sida et le cancer est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel le 4 février 2020. Le docteur Debio – tradipraticien sénégalais – est mort pendant sa garde à vue le 8 septembre 2016. Quant au jeune chercheur Jérôme Munyangi – l’homme qui permet aujourd’hui à Madagascar de braver l’Organisation Mondiale de la santé - les autorités d’hier et d’aujourd’hui du Congo-RDC ne peuvent prétendre ignorer son combat contre les firmes pharmaceutiques européennes qui s’opposent violemment aux recherches sur l’artemisia et surtout l’usage de cette plante médicinale dans le traitement du paludisme ! Elles ne peuvent pas ignorer l’existence du documentaire attestant que pour ce combat le jeune médecin congolais a été empoisonné ! Comme le dit le docteur Jérôme Munyangi lui-même, «lorsque vous arrivez à être cité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cela veut dire que vous avez touché à un point sensible de la santé mondiale». Et il ajoute : «Je suis le seul médecin noir sur qui une académie de savants et de prix Nobel a siégé pour interdire les recherches». Les autorités du Congo-RDC ne peuvent pas ignorer ce chapitre de son histoire ! Le docteur Jérôme Munyangi poursuit en ces termes : «J’ai proposé le protocole à la RDC, au ministre de la santé… Aucune réponse. Après, j’ai adressé le protocole au Conseil scientifique de la RDC… aucune réponse ; alors que dans les médias du pays on vantait les mérites de ce Conseil scientifique. Nous avons écrit au prix Nobel Docteur Denis Mukwege qui, trouvant nos travaux très intéressants, nous a renvoyés auprès du Conseil scientifique congolais. Il n’y a pas eu de suite favorable à ce contact». On croit rêver, n’est-ce pas ? Surtout quand on sait comment finit l’histoire.

                   Non seulement l’Afrique ne protège pas ses enfants

                     mais elle est incapable de reconnaître leur valeur

          Parce qu’il a créé un groupe de 450 chercheurs constituant le «Manifeste du Monde Médical Africain», le jeune médecin congolais est passé à la vitesse supérieure dans la recherche d’un champ d’application de son projet : «Je me suis alors adressé à mes collègues chercheurs pour contacter les autorités sanitaires des 5 pays suivants : la République Centrafricaine, le Burkina, le Ghana, Madagascar, le Rwanda. Nous les avons contactées avec le même courriel et le même protocole… et c’est Madagascar qui a mordu à l’hameçon !» Les choses sont donc bien claires : alors que les Européens ont des espions pour traquer les indésirables, les ennemis de leurs politiques, les pays africains ne disposent pas d’espions pour détecter ne serait-ce que les Noirs «désirables» qui leur permettraient d’accomplir leur indépendance ! Et même quand des talents singuliers leur sont signalés, ils prennent soin de les ignorer pour ne pas déplaire à leur maître blanc qui - grâce à ses armées placées partout sur le continent - veille sur eux afin qu’ils ne s’affranchissent pas de ses lois. On ne pouvait qu’avoir honte pour le président du Congo-RDC, en le voyant en vidéo-conférence féliciter le président malgache ! Il était presque risible. Apparemment, dans son pays, rien ne remonterait de ses populations jusqu’à lui ! Le pauvre homme ! En réalité, lui comme les autres dirigeants africains préfèrent continuer à jouir des miettes que leur accordent les puissances étrangères plutôt que de se lancer dans l’aventure pour se forger leur propre avenir. Or, tout humain qui construit sa vie ou celle de sa nation sur cette base craintive fait preuve d’une absence totale de dignité. Ce qui explique d’ailleurs le peu de considération que les autorités européennes accordent à leurs homologues africains.

          Concluons par cette observation faite par l’Historienne suisse Aline Helg (Plus jamais esclaves ! Édit. La découverte, 2016) à propos des rébellions des esclaves noirs dans les Amériques entre le XVIe et le XIXe siècle. Elle a remarqué que presque toutes les révoltes collectives d’envergure des esclaves noirs se produisaient au moment où il y avait des rapports conflictuels dans les sociétés coloniales ou entre les différents royaumes européens dont dépendaient les colonies. C’est ainsi que profitant des oppositions nées en France entre royalistes et révolutionnaires en 1789, «en août 1791, pour la première fois dans les Amériques, des milliers d’esclaves […] réalisèrent en quelques semaines une partie du scénario tant redouté par les élites depuis le XVIe siècle : la destruction des lieux de travail ainsi que le massacre des colons [à] Saint-Domingue». Evénement qui va pousser la France à abolir l’esclavage une première fois en 1794. Treize ans plus tard, ce scénario avait abouti et avait permis la fondation de Haïti, la première république noire du monde. Cette expérience montre qu’il faut savoir profiter des occasions où le maître laisse apparaître des signes de faiblesse pour s’affranchir du joug de l’esclavage. Aujourd’hui, au moment où les Européens ont fermé leurs frontières et sont occupés à compter leurs morts, il faut savoir faire preuve d’audace. D’ailleurs Aline Helg fait remarquer aussi que les colons des Amériques refusaient d’acheter aux négriers des captifs africains issus de certaines contrées d’Afrique parce qu’ils étaient d’une «insolence incontrôlée». Oui, le Blanc n’a peur que de l’insoumis à qui il finit toujours par accorder de la considération. Mais l’insoumis a besoin de la solidarité des siens.

Raphaël ADJOBI

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03 avril 2020

Demain, on décolonise l'Afrique francophone (Raphaël ADJOBI)

Demain, on décolonise l’Afrique francophone

                                              (Raphaël ADJOBI)

Députés burkinabés 3

          En 1943, le secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies du gouvernement de Vichy était déjà convaincu du fait que «ce n’est que grâce à son empire colonial que la France peut prétendre retrouver, au lendemain de la guerre, sa place parmi les grandes nations» (in Prisonniers de guerre «indigènes», éd. La Découverte, Armelle Mabon). Cette vérité s’imposa à Charles de Gaulle à la libération. Il s’empressa donc de remettre en place les techniques anciennes qui assuraient à la France la dépendance de ses possessions d’outre-mer : favoriser dans les colonies la culture des denrées destinées à la consommation de la métropole ; exiger que les colonies vendent ces produits prioritairement à la métropole ; enfin interdire aux colonies de transformer leur matière première en produit fini, manufacturé (Histoire des colonies Françaises, 1860, par Just-Jean E. Roy). Dès 1946, le nouveau pouvoir va y ajouter un nouvel outil : une monnaie qui, en Europe, n’est reconnue que par la France (le franc CFA) et qui empêche aussi les Africains de commercer entre eux. Mais, avec les soldats coloniaux qui l’ont vue humiliée par l’Allemagne en 1940 et qui dès la fin de la guerre contestaient la poursuite de sa domination, la France a dû s’imposer une technique préalable : coloniser l’esprit des Africains en pratiquant ce qu’elle va appeler la contre-propagande !

                                                            Coloniser les esprits

          En effet, les revendications d’égalité des anciens combattants issus des colonies - liées à l’esprit de reconquête et de liberté qui régnait en métropole - constituent une menace aux yeux des autorités françaises. Or, leur souci est de maintenir l’ordre colonial inchangé. Elles commencent donc par accuser les soldats africains d’être les victimes de la propagande du Reich, au lieu de voir dans ces remous l’absence de reconnaissance. Pour la France, une nécessaire désintoxication psychique des prisonniers de 1940 s’impose (lettre du 23 décembre 1944 – id. in Prisonniers de guerre «indigènes», Armelle Mabon). La moindre de leur revendication était considérée comme de l’insubordination nourrie par la propagande nazie. Leurs exécutions à Thiaroye au Sénégal (1er décembre 1944), à Sétif en Algérie (mai 1945) et à Madagascar (mars 1947) témoignent de la volonté de la France de ne pas laisser émerger une conscience politique qui n’est pas la sienne et donc incompatible avec sa politique coloniale. Par la même occasion, elle travaille à mettre en place une équipe de fonctionnaires ayant «un attachement loyal» à son entreprise coloniale. La Constitution de la IVe république du 13 octobre 1946 définit clairement qu’il n’est pas question pour les colonies de «se gouverner» mais de «s’administrer». En d’autres termes, pour l’indépendance, elles peuvent attendre.

                                                         Décoloniser les esprits

         C’est alors que l’Afrique du Nord va montrer la voie de la décolonisation. Elle ne va pas s’attaquer directement au colonisateur mais à ceux qui servent d’intermédiaires entre leur pays et la France. «En règle générale tous les Algériens servant l’ennemi étaient des traîtres et méritaient la mort» (id.). On jette donc l’opprobre sur tous ceux qui représentent le lien avec la France honnie. Il est évident que les Algériens n’avaient pas oublié que, dans l’antique Israël, pour triompher des Romains, les sicaires s’étaient d’abord attaqué aux Juifs qui collaboraient avec eux. En terrorisant les «collabos», ils avaient peu à peu détruit les bases locales de l’ennemi et étaient parvenus à le faire chuter parce que devenu partout impopulaire. Oui, quiconque veut décoloniser un pays doit commencer par couper la main du colonisateur par laquelle il s’approprie ses biens ! C’est ainsi que l’Afrique du Nord est parvenue à installer des régimes qui n’ont aucune commune mesure avec ceux des pays francophones au sud du Sahara. Les pouvoirs, bons ou mauvais, n’ont aucun lien incestueux avec le pouvoir français depuis l’indépendance de ces pays.

Ouattara et les Blancs 2

         Il n’y a donc qu’en Afrique francophone au sud du Sahara où tout ce qui vient de France est considéré comme le bien à posséder ou le guide à suivre. Quand les gouvernants français présentent tel ou tel Africain comme un bon politique, un bon économiste, un bon avocat, tous ses compatriotes sont convaincus que c’est l’homme qu’il leur faut. Et parce qu’il s’agit presque toujours de quelqu’un qui n’est pas formé par l’école du pays, personne n’a sur place les outils pour l’évaluer. On comprend pourquoi tous les hommes politiques africains courent en Europe se faire photographier avec des personnalités blanches pour se constituer un book de présidentiable, comme des démarcheurs commerciaux pour aller vanter leurs produits chez des clients.

 

Guillaume Soro et D

          En se prêtant à la corruption, en allant jusqu’en Europe pour se chercher des corrupteurs, les Africains entretiennent la stratégie de tout colonisateur : choisir la personne la plus malléable parce que n’ayant pas d’assise véritable ; choisir celui qui aura besoin d’être soutenu financièrement et militairement pour s’imposer sur le terrain. Une fois installé, l’individu leur devient redevable et est obligé d’exécuter leurs volontés.

                                                                     Conclusion

          Il serait donc nécessaire que les africains francophones fassent leur la stratégie des sicaires juifs et des populations d’Afrique du Nord. Il leur faut à tout prix discréditer tous ceux qui seraient trop proches des hommes ou des cellules politiques parisiennes. Il leur faut jeter l’opprobre sur tous ceux qui ont été des instruments d’hommes d’affaires ou de systèmes financiers étrangers. De la même façon que la France remet systématiquement en question les diplômes étrangers et s’assurent que tout candidat chez elle s’adapte aux siens, les pays africains doivent imposer des règles à ceux qui veulent travailler chez eux afin d’avoir la preuve de leur attachement à la chose publique nationale. Pour qu’un tel contrôle soit crédible, il importe que les pays africains soient capables de former eux-mêmes leurs cadres dans l’esprit des institutions nationales, c’est-à-dire qu’ils puissent se donner les outils pour évaluer leurs cadres. On ne forme pas sans conséquence ses citoyens avec des manuels scolaires écrits et fabriqués par les Français. Par ailleurs, il est difficile de laisser la formation de ses médecins ainsi que le financement de ses chercheurs entre les mains des pays et des laboratoires étrangers, et s’étonner ensuite qu’ils se révèlent des répétiteurs et des usagers des produits étrangers qui ne sont pas forcément adaptés à l’Afrique. Il est absolument honteux de constater qu’après soixante ans de relative administration de leurs biens, les autorités africaines n’aient jamais songé à équiper leur pays d’un hôpital digne de soigner leurs dirigeants et soient réduites à solliciter l’aide du colonisateur pour une telle besogne. 

Conseil des ministres sénégalis 4

 

Raphaël ADJOBI

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25 mars 2020

La leçon cubaine à l'ingrate Europe (Raphaël ADJOBI)

               La leçon cubaine à l’ingrate Europe

Cuba au secours de l'Europe

          Présenté partout en Europe et dans les Amériques comme l’ennemi public numéro un, jugé infréquentable par nos politiciens et par conséquent condamné à ne compter que sur lui-même, Cuba apparaît dans l’esprit du commun des Européens comme un pays arriéré et sans intérêt. Mais voilà qu’en ce mois de mars 2020, acculée par l’épidémie du Coronavirus, à deux reprises la riche et fière Europe a accepté l’aumône de la main cubaine.

          En effet, le 18 mars - parce que 5 de ses passagers sont testés positifs et 52 autres mis en isolement - un bateau de croisière anglais errant sur l’Atlantique après avoir été repoussé par les Etats-Unis, le Bahamas et la Barbade (RFI, site Internet) n’a dû son salut que grâce à Cuba qui a accepté de l’accueillir afin de donner les soins nécessaires aux personnes malades ne pouvant pas être évacuées par avion vers l’Angleterre. Quatre jours plus tard, le dimanche 22 mars, ce sont 36 médecins cubains accompagnés de 15 infirmières qui sont arrivés en Italie pour apporter un secours médical à ce pays dans son combat contre le coronavirus. 

          Quelle humiliation pour la riche et arrogante Europe qui prétend détenir la clef pour sauver le monde de se voir obligée d’accepter l’aide de la « pauvre » et insignifiante Cuba ! Alors que son union sacrée avec les Etats-Unis l’empêche de voir sa nature profondément cupide et calculatrice – libéralisme économique oblige - il convient de lui rappeler ce que disait Fidel Castro dans une vidéo que se partagent aujourd’hui les Internautes : « Nous ne pourrons jamais et ne ferons jamais d’attaque préventive et surprise contre une population dans quelque coin du monde. Au lieu de cela, notre pays est capable d’envoyer des médecins dans n’importe quel coin du monde. Oui, des médecins et non des bombes ! Des médecins et non des armes intelligentes qui tombent là où on veut. Après tout, une arme qui tue par traîtrise n’est absolument pas intelligente ».

Cuba et Fidèle

          Les deux gestes de Cuba en ce mois de mars 2020 confirment les propos de Fidèle Castro. Chaque fois que la France ou les Etats-Unis parle d’aide à destination d’un pays, c’est toujours d’une intervention militaire dont il s’agit. Et quand il faut précisément soigner des malades à l’étranger, ils envoient leurs ONG pour s’enraciner dans le pays qu’ils prétendent vouloir sauver. Dans quel but ? Afin que ces organisations travaillent à leur fournir les informations utiles à maintenir les dirigeants de ce pays sous leur domination. Il n’y a que les médias malhonnêtes habitués à saluer les prouesses militaires de la France dans les pays africains - ne possédant pas d’armes pour les inquiéter - qui portent des jugements négatifs quant à l’humanité de la politique médicale de Cuba. Tel est le cas du Nouvel Observateur qui, sur son site, juge que Cuba n’a pas fermé ses frontières et a accueilli le navire anglais avec les malades parce que son économie a besoin de continuer à favoriser la venue des touristes. Que pense ce journal de la France qui, au départ, ne voulait pas de mesure de confinement pour ne pas freiner la consommation sur son territoire ? N’est-ce pas là une préoccupation économique criminelle ? On cherche toujours la paille dans l’oeil de l’autre pendant que la poutre nous crève les yeux. Ce sont aujourd’hui des médecins cubains qui s’occupent des populations de toutes les îles des Caraïbes ! Où sont-ils les médecins français et américains ?

          Oui, c’est vrai : ici, plus qu’ailleurs, on cherche toujours le profit que l’on pourrait tirer plus tard de l’aide que l’on apporte à l’autre ; et cela nous rend prompts à croire que les autres sont aussi calculateurs que nous. Quittons cette sale habitude et rendons un vibrant hommage à la solidarité cubaine qui s’inscrit dans l’esprit d’un régime tout à fait différent du nôtre. Ne manquons pas non plus de rappeler aux Italiens, grands lanceurs de bananes aux footballeurs noirs, que parmi les médecins qui viennent à leur secours, nombreux sont des Afro-Cubains. Qu’ils s’abstiennent donc de lancer des bananes et de pousser des cris de singe pendant quelques semaines.

Raphaël ADJOBI

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07 janvier 2020

Les activistes africains sont-ils crédibles ?

           Les activistes africains sont-ils crédibles ?

Les panafricanistes

            C'est à la fin de l'année 2010 et dans le courant de 2011 - suite à la déportation du président ivoirien, Laurent Gbagbo, au tribunal international de La Haye - qu'est véritablement né ce que tout le monde appelle aujourd'hui l'activisme africain. A ce propos, en juillet 2013, j'avais écrit dans un article devenu aussitôt célèbre sur Internet que "jamais, dans l'histoire, un leader noir n'a bénéficié d'autant de soutiens de la diaspora africaine et d'autant de sympathie de la part des populations d'Afrique noire". Après avoir cité des leaders africains morts dans le silence ou l'indifférence, j'avais conclu mon constat en ces termes : "durant ses 27 années de prison, jamais Nelson Mandela n'a bénéficié d'une telle sympathie populaire". Une vérité que personne ne peut réfuter sur le continent. L'activisme africain est donc récent ; et sa voix est celle de la jeunesse.

            Afin de ne pas paraître manipulé par quelques figures politiques africaines, très vite, l'activisme des jeunes va se développer autour d'un thème commun aux nations africaines plutôt qu'autour de tel ou tel leader politique qui serait porté comme étendard. En effet, les jeunes se sont fixé comme objectif de combattre le Franc CFA qu'ils ont d'ailleurs réussi à rendre impopulaire en moins de quatre ans. On peut donc leur dire bravo d'avoir compris qu'il leur appartenait de réaliser en terre africaine le combat littéraire des blogueurs et des médias de la diaspora !

            Cependant, force est de constater que presqu'aussitôt ces jeunes activistes se sont rendu compte du poids de la réalité politique du terrain sur lequel ils mènent leur combat contre cette monnaie coloniale qui a gardé toutes ses caractéristiques ou tous ses pouvoirs de prédation de la vie économique d'une quinzaine de nations au sud du Sahara. Ils ont très vite compris que les hommes politiques en place sont autant d'adversaires que l'institution monétaire contestée et les dirigeants français qui la tiennent en main. Aussi, comme pris au piège de leur indépendance politique, ils se voient obligés d'invoquer des noms d'illustres dirigeants africains morts pour avoir tenté de s'affranchir de la domination politique et monétaire du Franc CFA. Et dans leur liste des hommes politiques ayant combattu cette monnaie imposée à l'Afrique francophone, l'absence d'un homme surprend et même choque l'entendement : Laurent Gbagbo n'est jamais cité ! Un vrai parricide, selon nous.

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            Mais, en prenant un peu de recul, tout s'éclaire. Cette absence de référence à Laurent Gbagbo, ce mutisme sur les discours du prisonnier de la CPI quant à l'indépendance des institutions politiques africaines ne peut s'expliquer que par le parcours politique de cette jeunesse africaine qui découvre l'activisme. En effet, il suffit de jeter un coup d'œil en arrière pour constater qu'entre 2000 et 2011, presque toute la jeunesse des pays africains était nourrie de la haine de la Côte d'Ivoire et de celui qui l'incarnait. Toutes les analyses, toutes les explications politiques et juridiques avancées par Laurent Gbagbo pour ouvrir les yeux à l'Afrique étaient vues par cette jeunesse comme dilatoires. Seuls les Togolais et les Camerounais constituaient avec les partisans ivoiriens de ce président le noyau qui réclamait le respect des institutions des peuples du continent. Même l'appel d'Akra du président Obama à des institutions fortes pour une Afrique forte leur a semblé une recommandation mal venue. En fait, la jeunesse africaine de ces vingt dernières années qui constitue les activistes d'aujourd'hui est de toute évidence honteuse de son passé naïf, de son passé anti-Gbagbo. Toute cette jeunesse des pays du Sahel qui a conspué Laurent Gbagbo durant des années le traitant de xénophobe, cette jeunesse qui s'est délectée de la soupe françafricaine que chacun de leur président leur servait avec grandes louchées, est aujourd'hui honteuse de son passé mais incapable de faire son mea culpa. Alors, elle détourne son regard de Laurent Gbagbo, cherchant à l'éviter. Aujourd'hui, la jeunesse africaine sait qu'on ne peut efficacement lutter contre le franc CFA que si les pays africains sont dirigés par des présidents qui ne sont pas choisis par la France ! C'est aussi simple que cela. Elle sait que le succès de ce combat dépend de la qualité des pouvoirs qui seront installés sur le terrain africain. Rien ne sert de vociférer contre la France si les gouvernants travaillent pour la France plutôt que pour les pays africains. Sans des hommes de vision et de convictions, tout effort sera vain !         

            Disons donc que les jeunes activistes africains ont tort d'omettre le nom de la dernière victime - encore vivante - du combat contre le pouvoir du Franc CFA tout en invoquant ceux qui ne sont plus de ce monde. Puisque tel est leur comportement criminel, je voudrais leur rappeler qu'à l'époque de Maya Angelou - comme elle le dit elle-même dans Tant que je serai noire - Patrice Lumumba, Kwamé N'Krumah et Sékou Touré qui formaient le triumvirat sacré auquel les Noirs américains vouaient un culte n'étaient pas tous morts. Des Américains et des Antillais ont côtoyé Kwamé N'krumah et Sékou Touré comme des pères et des aînés vivants constituant avec eux le front anti-impérialiste. Il n'est donc pas nécessaire que les pères ou les aînés meurent pour être hissés au rang de guides sacrés. Il faut savoir les reconnaître et les rejoindre quand ils sont encore vivants.   

            Je redis donc aux jeunes activistes africains, qui semblent affectionner le culte des morts, que la vigilance et la réaction franche et massive sont encore nécessaires malgré l'apparente fraternité universelle dont on nous berce et qu'il serait encore bon de faire leur ce précieux conseil : vous ne serez les dignes successeurs de vos aînés que si vous agissez pour "faire savoir au monde qu'on ne peut plus tuer des leaders noirs dans le secret". Si on les tue, si on les embastille ou les condamne injustement sans que vous réagissiez, vous êtes responsables du mal qui leur est fait ! Si vous vous déclarez grands admirateurs des figures illustres de la cause des Africains mais avez tendance à montrer de l'indifférence à l'égard des leaders actuels qui souffrent pour avoir poursuivi leur combat, alors dites-vous que vous n'êtes pas crédibles.

Raphaël ADJOBI

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02 décembre 2019

Nathalie Yamb, expulsée de la Côte d'Ivoire pour trouble à l'ordre public français !

          Nathalie Yamb, expulsée de la Côte d'Ivoire

           pour trouble à l'ordre public français !

Nathalie Yamb

           Madame Nathalie Yamb - jouissant de la double nationalité Suisse et camerounaise aux dires de certain - est sommée par la justice ivoirienne de quitter la Côte d'ivoire pour trouble à l'ordre public français ; et cela, suite à son intervention très remarquée contre la France lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi les 23 et 24 octobre 2019. De toute évidence, sous un régime qui a horreur de toute forme d'opposition, les adversaires de son indéfectible ami la France ne peuvent qu'être considérés comme les adversaires de la Côte d'ivoire et donc dignes d'une expulsion.  

            Que Madame Nathalie Yamb - conseillère de monsieur Mamadou Coulibaly, fondateur et président du parti politique ivoirien LIDER - s'estime très heureuse de ne pas être Ivoirienne. La sanction aurait été d'une autre mesure ! Madame Yamb est une africaine et par conséquent elle a le droit de s'attaquer à n'importe quelle puissance étrangère qu'elle juge prédatrice de ce continent et de la vie quotidienne des siens. Ce qui surprend donc, c'est la décision prise par un pays africain de bannir de son territoire une africaine qui se bat pour sa souveraineté contre la France. Il est à retenir que la Côte d'Ivoire d'Alassane Ouattara vient de déclarer de manière officielle la lutte pour la disparition du Franc cfa, celle pour le démantèlement des bases militaires françaises en Afrique comme des "activités incompatibles avec son intérêt national" ! C'est en clair ce qui a été notifié à Madame nathalie Yamb pour justifier son expulsion de la terre ivoirienne. Edifiant ! 

            Aux dires de Madame Nathalie Yamb, le seul représentant d'un pays étranger à s'être pratiquement jeté sur elle pour proférer des reproches dès la fin de son intervention fut un officiel français. En d'autres termes, cet accrochage fut la première réprobation officielle qui a suivi un discours fort apprécié par les africains sur place et sur les réseaux sociaux. Et cette réprobation émanait de la France. C'est donc à la France que profite la sanction ivoirienne qui frappe Madame Nathalie Yamb. Force est de constater que ce sont des rabatteurs africains - des dozos ivoiriens, chasseurs du gibier humain - qui, poursuivant une longue tradition de collaborateurs des négriers blancs, se chargent de convoyer la marchandise nègre au pied de l'homme blanc.

            Quelle image très désagréable de l'Afrique ! Nous sommes curieux de savoir ce que ces autorités ivoiriennes - issues des dozos, chasseurs traditionnels du gibier humain - se disent chaque matin devant leur miroir au moment de se préparer à aller servir la France au lieu de l'Afrique, au lieu de leurs parents, de leurs enfants qui vont vivre sur cette terre d'Afrique qu'elles s'appliquent à livrer mains et pieds liés à la France ! Que se disent-ils ces Ivoiriens, ces Africains serviles au moment de trahir les leurs pour bénéficier en retour des caresses de l'occident ? Quelles images se déroulent-elles dans leur tête ? De la fierté ? Une absolue négation de leur couleur de peau et de leur terre natale ? 

            Peut-être qu'il y a des nègres qui ne pensent pas. Peut-être qu'il y a des Noirs qui ignorent par nature le sens de la dignité humaine qui vous oblige à défendre ce qui appartient au groupe auquel vous appartenez. Mourir dans son lit sans jamais avoir proféré une parole contre le sort fait aux siens, à sa terre, c'est quitter ce mode comme un objet jeté au rebut. Quelle mort abominable ! Que Dieu vous en préserve !

Raphaël ADJOBI            *Article légèrement modifiée suite à la publication de l'identité ivoirienne de Mme Yamb.

Posté par St_Ralph à 22:32 - Actualités Monde - Commentaires [0] - Permalien [#]