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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
7 janvier 2010

Au secours, le prof est Noir !

                                           Au secours, le prof est noir

 

Au_secours__le_prof_est_noir__            Ce livre est à inscrire au nombre des témoignages sur les déchirures que nos concitoyens blancs infligent quotidiennement à notre âme et dont les solutions ne dépendent pas de nous. Le seul avertissement que je pourrais donner à tout Noir qui, dans son petit coin de France, dirait n’avoir jamais connu de racisme est de ne jamais accuser ceux qui disent en souffrir de paranoïa. Chacun sait bien que rares sont les individus qui se déclarent ouvertement racistes ou même qui reconnaissent avoir parfois une attitude raciste. Cependant, la similarité des expériences recensées ici  étonnera le lecteur, même le plus négationniste du racisme français.

            Serge Bilé et Mathieu Méranville livrent ici les résultats de leur enquête sur le racisme dans l’éducation nationale. Un livre construit donc sur la base des témoignages des enseignants noirs issus des Antilles françaises et d’Afrique francophone. Tous français de souche ou d’adoption, confiants dans les principes d’égalité prônés par la France.

            Il apparaît dans  cette enquête trois visages du racisme : d’une part, un racisme culturel qui se manifeste dans des propos apparemment anodins au point même où leurs auteurs n’ont pas conscience de leur caractère à la fois aberrant et blessant ;  d’autre part, un racisme épidermique qui vise délibérément à blesser par des expressions ou des mimiques méprisantes ;  enfin, un racisme à vocation institutionnelle, c'est-à-dire qui vise à se poser comme le défenseur d’un certain ordre républicain contre les principes républicains eux-mêmes. Le fait que ces trois visages du racisme s'expriment dans un corps professionnel où le niveau intellectuel élevé confère une certaine admiration étonne davantage et apparaît moins pardonnable. 

            Aussi, en lisant ce livre, on finit par se convaincre que la France a absolument tort de continuer à être le seul pays « occidental » à nier la nécessité de traiter certains problèmes sociaux sur la base ethnique. C’est uniquement en France, en effet, que l’on juge nécessaire de faire des enquêtes ou des sondages pour savoir comment les femmes, les personnes âgées, les homosexuels, les hétérosexuels, les riches, les pauvres, les obèses, les chiens, les chats, les gauchers… vivent dans notre société, quels sont leurs besoins, quels rapports entretiennent-ils avec tel ou tel groupe social, mais où l’on refuse de se poser les mêmes questions quand il s’agit des Noirs, des Beurs ou des Jaunes ; en d’autres termes quels sont les problèmes et les besoins spécifiques des minorités nationales. Pourtant, user du terme « minorité » signifie déjà identifier un groupe social reconnaissable et donc analysable.

            Le livre de Serge Bilé et Mathieu Méranville nous offre un outil inestimable pour juger de l’ampleur des dégâts que les blessures racistes quotidiennement répétées causent dans les âmes de ceux qui n'ont jamais la parole pour crier leur douleur. Le plus grave, c'est que l'on oublie que ces hommes et femmes aux âmes continuellement meurtries sont chargés de l'éducation des enfants qui sont l'avenir de la France. L’état lui, n’oublie pas de faire d’eux les pompiers des quartiers sensibles au système éducatif défaillant. Pratique qui alimente les débats au sein des minorités noires dans d’autres pays majoritairement blanc comme les Etats-Unis, le Canada et l’Angleterre où l’affectation des enseignants noirs dans des écoles noires s’institutionnalise.

            Quant à ce que disent les enseignants noirs sur le système éducatif français, il est exactement ce qu’en disent leurs compatriotes et collègues blancs : un échec sur le plan humain, relationnel, et aussi sur le plan du savoir.  Les familles pourront donc trouver dans ce livre matière à réflexion sur l'état de notre système éducatif. La crise est si profonde que les solutions à chercher ne relèvent plus seulement de la compétence des enseignants. 

 

Raphaël ADJOBI

Titre : Au secours, le prof est Noir !

Auteurs : Serge Bilé & Mathieu Méranville

Editeurs : Pascal Galodé

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Commentaires
S
Ce que tu dis est tout à fait juste, Assia. Les Blancs les moins instruits se sentent obligés de douter de la supériorité intellectuelle des enseignants noirs. C'est comme s'ils refusaient de perdre la supériorité coloniale qu'on leur a apprise depuis toujours. Pour ma part, je leur ai toujours fait remarquer que c'est moi qui détient le savoir que leur enfant vient chercher. Si les parents croient maîtriser ce savoir aussi bien que moi, à eux de me le prouver ou de le prouver à leur enfant.
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A
J'ai enseigné en Ile de France.<br /> <br /> J'ai fait des études de sciences et je lis beaucoup depuis très jeune.<br /> <br /> Je réussis toujours les tests logique etc quand je postule à un emploi.<br /> <br /> En plus de cela je crois que cela se sent quand je parle, je m'exprime de façon claire et précise. <br /> <br /> Certains Français justifient leur rejet mais j'ai toujours eu l'impression qu'ils sont bien plus mal à l'aise avec les personnes d'origine étrangère intelligentes qui s'adressent un eux sur un totale pied d'égalité voire de supériorité.<br /> <br /> Ils aiment le Noir parce à côté de lui après tout "leur travail",ils se sentent toujours un peu magique. Un femme blanche se sent toujours un peu plus magique avec un homme noir.<br /> <br /> En donnant des cours de maths j'ai senti l'agacement de certains parents, de la jalousie, l'envie de constamment tester mes connaissances. Une erreur un oubli et tout de suite on se jetait sur moi pour essayer de me faire douter. C'était un ordre naturel à ne pas déranger.Même certains parents ou élèves noirs semblaient plus à l'aise sous l'autorité d'un "maitre" blanc. Je ne pouvais pas prévoir l'attitude des gens en fonction de leur complexion, certains blancs ou noirs étaient colorblind, et d'autres blanc ou noirs ne supportaient pas de m'imaginer peut être plus intelligente ou supérieure. Ce regard interrogateur que ce permet de poser le blanc sur le noir, j'espère que de plus en plus de Noirs apprendront à leur retourner au lieu de jouer la carte de l'ouverture ou de la Téranga. Oeil pour Oeil ce sera un bon début.
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J
Pour avoir un peu voyagé, je crois que le racisme est avec la bêtise, la chose la plus également répartie sur la planète, nous sommes toujours le nègre ou le juif de quelqu'un. Accuser l'autre de racisme est aussi une manière de dire qu'on ne l'est pas et d'avouer qu'on l'est. Rien n'est simple, n'est-ce pas?
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J
JE N'AIME PAS DU TOUT LE TITRE !!!!
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E
ton style m'impressionne déjà mais il est trop RAPIDE DE %METTRE MA GRIFFE SOUS TA PLUME <br /> A BIENTOT
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