08 novembre 2010
Les élections présidentielles en Côte d'Iboire : des leçons pour la démocratie en Afrique
Les élections présidentielles en Côte d'Ivoire :
des leçons pour la démocratie en Afrique
Les Ivoiriens ont relevé le premier défi sur le chemin qui mène au miracle qu'ils veulent réaliser : un premier tour sans heurt. Est-ce l'effet de la lassitude due à la vie éprouvante qui leur est imposée depuis 2002 par la guerre venue du Nord ?
Certainement la soif de trouver une vie normale et pacifique est à l'origine de ce calme et de cette grande dignité. Cependant, à ce réel désir de paix il faut ajouter un esprit nouveau d'une grande importance. Pour la première fois, des règles simples et claires ont été respectées. Oui, il faut souligner cet aspect des choses car le respect des règles est loin d'être le souci des Ivoiriens et des Africains en général. Il serait bon que lors des élections, les pays africains exigent que les candidats ne fassent pas d’interventions publiques avant la proclamation officielle des résultats. Les Ivoiriens ont réussi le premier tour de leurs élections grâce au respect de cette règle. Deuxièmement, les pays africains devraient imposer aux candidats l'obligation de ne pas quitter le territoire national entre les deux tours. Le Président sénégalais Wade recevant Alassane Ouattara au lendemain des résultats s'est mêlé de ce qui ne le regarde pas. Et ce dernier a montré par ce voyage précipité la preuve qu'il est une marionnette de l'étranger.
La proclamation des résultats prévue trois jours après les votes a suscité quelques remous, de l'impatience. Pour éviter que l'action de la commission électorale indépendante ne paraisse suspecte au peuple, ne serait-il pas préférable que les résultats soient communiqués au fur et à mesure des dépouillements ? Certes, il vaut mieux aller lentement mais sûrement dans ce genre de procédure. Mais en publiant les résultats région par région, chacun verrait clairement l'évolution de la situation de son candidat comme une évidente réalité.
Enfin, la grande quantité de bulletins nuls doit retenir l'attention de tous et exiger des démonstrations en image à la télévision, longtemps avant le jour décisif.
Analyse des résultats et du visage du 2è tour
Quand il s'agit d'élections en Afrique, les observateurs européens pointent toujours du doigt le vote ethnique comme s'il est un mal en soi. Le vote ethnique n'est pas plus méprisable que le vote partisan ou clanique que pratiquent les Européens puisqu’ils votent de moins en moins pour les idées. Les Africains n'ont pas à se mépriser pour cela. L'essentiel est de savoir, dans un cas comme dans l'autre, reconnaître sa défaite. Et savoir reconnaître sa défaite n'est pas le point fort des Africains. J'y reviendrai.
Au regard de la carte montrant les bassins électoraux des candidats, seul Alassane Ouattara bénéficie du vote exclusif du Nord tenu par les rebelles et donc un vote exclusivement ethnique. Henri Konan Bédié triomphe dans sa zone ethnique également mais s'adjuge le vote des populations du sud-ouest et échappe ainsi au vote exclusivement ethnique. Quant à Gbagbo Laurent, issu d'une ethnie de taille insignifiante de l’ouest, il bénéficie d'un vote national à l'exception du Nord, le fief des rebelles. En d'autres termes, le vote ethnique ou partisan ne donne la victoire absolue à aucun des candidats. Un mélange des ethnies ou des partis du pays s'avère donc nécessaire à la victoire de l’un ou l’autre candidat.
L'accord passé entre Alassane Ouattara et Konan Bédié est un accord de raison entre deux chefs de partis. Un calcul très Européen ! Or, les sensibilités des populations ne suivent pas les bannières des partis politiques mais les hommes et ce qu'ils représentent à leurs yeux. Que représente chacun des deux derniers candidats aux yeux de la majorité des Ivoiriens ? Peut-on croire que l'électorat de Bédié, constitué majoritairement de la population du pays baoulé qui a le plus souffert des atrocités des rebelles, pourrait donner ses voix à leur commanditaire Alassane Ouattara ? Si cela se produit, alors nous aurons compris que les Ivoiriens donnent un autre sens aux événements qui ont déchiré leur pays durant huit ans. Cela voudra dire qu'il n'y a eu ni victime ni coupable. Pour aller plus loin dans les relations Bédié-Alassane, je vous propose de lire l’article de Delugio.
Un mot des incidents
Mis à part le rebelle abattu à Abidjan et la brève contestation des résultats par les partisans d’Henri Konan Bédié, les incidents notés sont à mettre à l'actif des partisans d’Alassane Ouattara : Le jeudi 4 novembre à Abobo - quartier d'Abidjan - des partisans du RDR d'Alassane Ouattara ont assiégé la mairie de cette localité accusant le maire (RDR) de cacher des urnes encore pleines et donc des bulletins non comptabilisés. A Paris, C'est un militant RDR (encore !) dans toute sa splendeur du délinquant ivoirien égaré qui a jeté l'urne par la fenêtre d'un bureau de vote tout simplement parce qu'il a trouvé des bulletins dans l'urne à son arrivée. Le pauvre ignorait sans doute que le vote par correspondance existe en France. Enfin, la fraude officiellement constatée vient du Nord du pays où les performances excessives du candidat du RDR vont laisser une marque indélébile : Madinani, dans la région du Denguélé, qui comptait officiellement 9.970 inscrits, Alassane Ouattara a obtenu... 11.144 voix ! Il fallait le faire. Heureusement, la fraude officielle de Madinani, les saccages à Paris et les irrégularités qu'on croit avoir noté ça et là ne sont nullement significatives au point de remettre en question ce premier tour que tous les observateurs considèrent comme un succès. Le manque d’expérience dans la pratique de la démocratie est cause de ces balbutiements.
Je termine en posant la question essentielle à laquelle personne n'a la réponse : si les voix de Bédié vont à Laurent Gbagbo et qu'il gagne les élections, qui désarmera les rebelles ? Alassane Ouattara qui, en huit ans, n'a jamais lancé d'appel à leur adresse pour qu'ils abandonnent les armes le fera-t-il enfin cette fois ? L’ONU s’en chargera-t-elle ? Le miracle ne semble guère évident.
Bravo et merci au blogueur Charlie qui a été très efficace dans la communication des résultats.
Raphaël ADJOBI
Commentaires
Le lien vers charlie !
@ Merci, Djignab. En laissant trace de ton passage, tu me permets de pouvoir te visiter à nouveau. A bientôt.
@ J'ai dû commettre une erreur au moment de recopier le lien vers le blog de Charlie. Le voici donc :
http://allerdelavant.ivoire-blog.com/Bonne idée que de donner comme exigence aux candidats de rester au pays entre les deux tours - ce qui semblerait une évidence ! Tandis que Ouattara semble n'y avoir quasiment plus mis les pieds depuis la fin du 1er tour !
Les incivismes parisiens n'ont pas changé le fait que Gbagbo arrive finalement en tête dans la diaspora en France.
Plus inquiétante l'invraisemblance des scores au nord et pas seulement à Madinani. La carte de Charlie (merci pour le lien) illustre cela de façon frappante.Tu sais, Delugio, je me demande si certains ne provoquent pas des troubles ça et là afin de faire annuler les votes et les élections par la même occasion. Concernant les scores dans le Nord, j'espère que la CEI sera plus vigilente pour ce qui est des totaux des voix. Car il est tout à fait honteux de rendre public des résultats aberrants.
Excellent!
Mon cher St-Ralph,
J’adore la tournure et le contenu de ton billet. Non pas que les autres ne le soient pas, mais celui-là est un must, une sorte de nec plus ultra. Je trouve que tu as bien analysé les enjeux, les résultats (sur ce plan, j’aurais souhaité que tu creuses un peu plus, pour nous qui sommes loin des réalités ivoiriennes).
Je ne te cache pas que j’ai relu ce texte au moins 4 fois avant de prendre quelques minutes pour réagir.
«(…) ne serait-il pas préférable que les résultats soient communiqués au fur et à mesure des dépouillements ? » Je suis en phase avec toi. Je pense que cette solution est la moins mauvaise lorsque les militants et même les non-militants sont dans l’attente.
«(…) la grande quantité de bulletins nuls doit retenir l'attention de tous et exiger des démonstrations en image à la télévision, (…) » J’ai toujours été frappé par ces constitutions qui ignorent, méconnaissent, ne tiennent aucun compte des bulletins nuls. Je ne suis pas constitutionnaliste, mais je pense que, pour qu’une élection soit validée :
- Il faut un seuil minimum de participation de 50,01% ;
- Tenir compte des bulletins nuls, les comptabiliser au même titre que les autres.
Mais dis-moi, mon cher, quand tu « (…) exiger des démonstrations en image à la télévision (…) », tu entends quoi par là ?
« Et savoir reconnaître sa défaite n'est pas le point fort des Africains. » Depuis combien de temps votons-nous régulièrement ? On n’a pas assez d’élections à mon avis pour exiger de nos candidats et autres politiciens d’accepter comme la communion (rires) la défaite. Peut-être que le temps… Mais j’attends avec impatience que tu développes plus tard là-dessus.
« Peut-on croire que l'électorat de Bédié, constitué majoritairement de la population du pays baoulé qui a le plus souffert des atrocités des rebelles, pourrait donner ses voix à leur commanditaire Alassane Ouattara ? » Je n’ai jamais cru au report automatique des voix (en tout cas en Afrique). Celles et ceux qui ont voté pour Sydia Touré peuvent en témoigner : ils ont voté en très grande majorité pour Alpha Condé alors que Touré a coalisé avec Cellou Dalein Diallo… L’électeur est seul maître de son vote, de sa voix, sauf quand il est contraint de faire autrement (on a vu des cas de villages africains où des gens ont voté sous les menaces). Je pense sincèrement que l’électorat de Konan Bédié ou du PDCI-RDA ne donnera pas toutes ses voix à ADO. On aura obligatoirement 3 cas de figure :
- Abstention : celles et ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des deux candidats ou simplement ceux qui sont fidèles à la ligne originelle de leur partie (je parle de la ligne d’avant la création du RHDP) ;
- Voter ADO : par conviction ou non, il y en aura qui, ne voulant pas de Koudou Gbagbo, le détestant etc., estimant que ADO est un moindre mal, accordement leurs suffrages au finaliste du RHDP ;
- Voter Koudou Gbagbo : je pense à :
o Ceux pour qui ADO n’est pas Ivoirien ;
o Ceux qui ont subi la guerre occasionnée par les rebelles payés par qui l’on sait, ne pardonneront pas, jamais à ADO tout cela ;
o Ceux qui se souviennent que le même Konan Bédié avait barré la route par tous les moyens à ADO par le passé (1995) avec les arguments que l’on sait, s’ils ont un minimum de cohérence, ne peuvent se dédire en votant ADO. Pour lui faire barrage, je ne vois ce qu’il leur reste comme alternative. Bon, on me dira qu’ils auraient du dénoncer l’alliance entre leur parti et le RDR, mais là, on va relancer un débat vieux comme le monde : que faire lorsque la ligne officielle, surtout pour une question aussi cruciale qu’une élection présidentielle ? That’s the question !
« (…) qui comptait officiellement 9.970 inscrits, Alassane Ouattara a obtenu... 11.144 voix ! » Je ne sais pas s’il faut rire ou en pleurer. J’ai lu cela par ailleurs. Je pense que cela relève de la magie. Si on a la possibilité de multiplier les voix comme Jésus Christ multipliait les pains, on devrait développer depuis longtemps l’Afrique : multiplication d’attiéké ; multiplication des billets de CFA ; multiplication des bouteilles de Flag ; multiplication des écoles etc. Cela relève de la magie !
« (…) si les voix de Bédié vont à Laurent Gbagbo et qu'il gagne les élections, qui désarmera les rebelles ? » Je ne voudrais pas jouer les empêcheurs de se réjouir, mais le plus grand reproche que je fais à cette élection c’est justement d’y être allé sans désarmer. La classe politique ivoirienne (je pense aux non-guerriers). Je croise mes doigts pour que les lendemains d’élections ne laissent pas de gueule de bois aux Ivoiriens épris de paix (non armée) et de justice (civile).
Par contre, si ADO gagne (ce que je ne souhaite pas), je pense qu’il appellera en effet à désarmer. Mais comme dans tout ce genre de situations, si lui, ne garantit pas de bons postes budgétaires, des prébendes à ces FN (Forces nouvelles), je crois qu’il va faire des cauchemars…
Bon, il faut aller manger. Sujet plus que passionnant sur lequel je reviendrai le moment venu.
@+, O.G.GBAGBO Président! GBAGBO....
Salut St Ralph!
J'ai lu avec intérêt cette analyse post premier tour des présidentielles ivoiriennes. J'aurai aimé que tu te mouilles en disant clairement pour lequel des deux tu votes. M'enfin tu n'es pas journaliste! Même si mon petit doit me dit que tu es pour... GBAGBO président!
Je ne partage pas ton appréciation du vote ethnique. Je pense que le réflexe ethnique, bien que des raisons historiques, anthropologiques ou sociologiques l'expliquent, reste primaire. Pour autant il faut le prendre en compte, par exemple en rendant plus radicale encore l'exigence d'élections à deux tours en Afrique.
Dans ce qui se passe en Côte d'Ivoire ces temps, je salue la grandeur de GBAGBO qui a eu l'élégance, après avoir à eu contenir la guerre, de permettre des élections transparentes autorisées même à des énergumènes dont le passé à montrer à suffisance à quel point ils s'en foutaient de la démocratie.
GBAGBO Président! GBAGBO... dommage que de le sois pas électeur ivoirien.
GBAGBO UNE CHANCE POUR UNE AUTRE AFRIQUE!!!!!La démocratie en Afrique
@ Mon cher Obambé,
Merci pour ta longue intervention. Je te sais très au courant de l'actualité ivoirienne et donc très attentif aux articles se rapportant à ce pays. Il m'arrive de me dire que tu as dû y vivre de nombreuses années pour garder une certaine affinité avec cette terre. Peut-être que cela est le fait de la curiosité et donc de la culture tout simplement.
Quand je je suggère des démonstrations de la manière de voter à la télé, c'est afin que les populations des villages sachent comment procéder avant de se rendre dans les bureaux de vote. Car je suppose que ce sont les mauvaises manipulations des bulletins qui sont la cause des nombreuses annulations.
Je suis d'accord avec toi pour dire que l'Afrique n'a pas d'expérience en matière du vote démocratique. Mais je soutiens que le fait de ne pas reconnaître son tort n'est pas lié au manque d'expérience dans ce domaine. Je pense même écrire un article sur le sujet. En Afrique, le faible ne reconnaît presque jamais sa défaite même quand il vient d'être terrassé par son adversaire et qu'il sait très bien qu'il n'aura jamais le dessus. Il va toujours voumir poursuivre le combat qu'il sait perdu d'avance. L'Africain me semble fondamentalement récalcitrant.
Pour ce qui est de l'alliance Bédié-Ouattara, il y avait à l'époque un groupe du PDCI qui y était farouchement opposé. C'est maintenant que j'aimerais les voir en action. Je suis heureux que tu sois d'accord avec moi pour dire que la bêtise est d'aller à une élection sans avoir réalisé la réunification. Ni les Européens, ni l'ONU ne l'avait prévue. Seul Gbagbo l'a vainement demandée. Est-ce que les élections aboutiront automatiquement à la réunification ? C'est là que se situe le vrai miracle que j'attends des Ivoiriens. Pas de problème si Alassane Ouattara gagne. Mais est-ce que cela sera le cas si Laurent Gbagbo gagne ?Heureux de te lire, mon cher Segou.
Je pense que vote ethnique peut être un grand danger pour la démocratie s'il se faisait dans les grands groupes linguistiques. Je m'explique. La Côte d'Ivoire est composé de quatre grands groupes linguistiques regroupant chacun une multitude d'ethnies : Les Akan, les plus nombreux puisqu'au début des indépendances on enseignait dans les écoles qu'ils représentaient plus de la moitié de la population du pays ; les Mandé 'Malinké, Dan, Gagou...), les Gour (dont les Senoufo, les Lobi, les Koulango...); les Krou (Bé, dida, Neyo...).
Au regard de ces grands groupes ethniques et de leur géographie sur le territoir ivoiriens, on se rend compte que tous les Akan n'ont pas voté pour Bédié qui est baoulé et donc Akan. La majorité des Akan, hormis les baoulé, a voté pour Gbagbo Laurent qui est bété et donc Krou. Gbagbo a même obtenu la plupart des votes des populations du nord-est, c'est à dire des Lobi, des Koulango... Quant à Bédié, le baoulé et Akan, il a eu la majorité des voix des Krou du sud-ouest.
Quand je vois Cela, je me dis que les Ivoiriens votent pour un homme et non pas pour une ethnie. Chaque etnie est trop minuscule (mis à part les boulé, les plus nombreux du pays) pour espérer gagner une élection. Même les population du Nord du pays qui ont tendance à jouer la solidarité musulman ne peut pas totalement compter sur ce facteur. La preuve c'est que ceux de l'Est n'ont pas suivi Alassanne Ouattara.
Au regard de tout cela, je dis qu'il ne faut pas mettre notre peur de la démocratie ou son mauvais fonctionement sur le dos des seules ethnies.
Tu me diras ce que tu en penses.La bataille continue!
Bonjour Ségou,
Tu dis : « Pour autant il faut le prendre en compte, par exemple en rendant plus radicale encore l'exigence d'élections à deux tours en Afrique. » C'est-à-dire ?
Mon cher St-Ralph,
Comme promis, je reviens un peu sur cette affaire qui est brûlante comme un ragout d’agouti qui sort à peine du feu. Merci pour tes mots. Abidjan, je n’y ai hélas ! fait que des escales : quelques heures la 1e fois, 3 jours la 2e et dernière fois. Mais j’i des attaches très fortes avec ce pays. Etudiant au Maroc, j’aii eu l’occasion d’avoir plein d’amis issus du Sud du Sahara, avec qui nous partagions bien plus de choses encore que la couleur de la peau, d’autant que cette dernière a tellement de teintes de toutes les façons. Parmi mes plus proches, il y avait des Gabonais et des Ivoiriens. Et dans ces derniers, lors de mon dernier séjour à Abidjan, on a passé d’excellents moments ensemble. J’adore l’Afrique et quand dans un pays se joue notre destin commun (je pèse mes mots), je ne peux rester insensible.
« Pour ce qui est de l'alliance Bédié-Ouattara, il y avait à l'époque un groupe du PDCI qui y était farouchement opposé. C'est maintenant que j'aimerais les voir en action. » Je crois que ta pensée a traversé les frontières car il ne se passe pas un jour sans qu’on apprenne qu’une frange du PDCI-RDA a appelé publiquement à voter pour le candidat du LMP. De toutes les façons, il ne faut pas rêver, si le chiffre de 83% de participation est réel, le vote se jouera sur deux points essentiels :
- les indécis du 1e tour (environ 17%) qu’il faudra convaincre d’aller voter ;
- le vote des militants et sympathisants du candidat du PDCI-RDA.
Convaincre les indécis est chose très délicate car en général, ce sont des gens qui, dès avant même le 1e tour se sont mis dans la tête qu’ils ne se reconnaissent dans aucun candidat. Et quand on ajoute à cela le « Tous pourris », la coupe est pleine, et il faut aller chercher des voix ailleurs.
En théorie, je dis bien en théorie, ADO gagne car il suffit de faire ADO+BEDIE pour largement dépasser les 50,01%. Or, les êtres humains, contrairement à ce que l’on croit, ne sont pas des variables d’ajustement. Nous ne sommes pas des chiffres que l’on manipule à satiété ou des robots qui sont pilotés depuis un data center. Enfin pas tous. Et c’est là que je compte sur le sursaut de celles et ceux qui se réclament du PDCI-RDA, des gens qui, dès le départ avaient estimé que le mariage avec le RDR était celui de l’eau et de la pluie. Enfin, Wait and see…
Si Gbagbo gagne, je ne pense pas que la réunification sera automatique. Je suis même pessimiste au point de penser que soit il y aura une nouvelle guerre, soit les FN prendront leur temps pour désarmer. Plus que moi, tu as conscience, mon cher St-Ralph qu’au Nord, il y a tellement de petits marquis et barons qui se sont engraissés sur la bête depuis 8 bonnes années ( !) et que ce n’est pas du jour au lendemain qu’ils vont accepter la restauration de l’Etat sur tout le territoire national car cette restauration signifiera pour eux la perte de tous leurs avantages. Que fait un ex-rebelle qui a perdu sa fortune, ses femmes, ses maîtresses, son pouvoir de nuisance ?
« Deuxièmement, les pays africains devraient imposer aux candidats l'obligation de ne pas quitter le territoire national entre les deux tours » Je suis totalement d’accord avec toi.
« Quand il s'agit d'élections en Afrique, les observateurs européens pointent toujours du doigt le vote ethnique comme s'il est un mal en soi » Combien de continentaux se font élire en Corse ? Un Wallon peut-il être élu aujourd’hui en Flandre ?
« Quant à Gbagbo Laurent, issu d'une ethnie de taille insignifiante de l’ouest, il bénéficie d'un vote national » C’est l’un des faits, à mon avis, les plus notables dans cette élection, comme d’ailleurs en 2000. Avec des idées, de la persuasion et des exemples pertinents, le peuple finit par comprendre. Tôt ou tard.
Encore merci pour cette analyse, O.G.
J'ai bien aimé ton post.