Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
29 octobre 2022

Black Far West ou la fin du mythe de la conquête de l'Ouest américain

              Black Far West ou la fin du mythe

            de la conquête de l'Ouest américain

Cow-boys

          Tous ceux qui ont vu l’intégralité du documentaire Black Far West, le samedi 15 octobre 2022 sur la chaîne Arte, ont pu entendre l’un des derniers intervenants – un Blanc – dire de manière claire et nette que « chaque génération doit réécrire son histoire. L’histoire ne change pas ; mais notre perception de l’histoire change. Ce que nous choisissons d’inclure ou d’exclure diffère de génération en génération ». Et un autre intervenant, un Noir, a ajouté : « Nous voulons tous la vérité ; mais peu de gens veulent entendre la vérité. Beaucoup de gens ne veulent entendre que ce qui les met à l’aise. Ainsi, mettent-ils de côté les choses qui les mettent mal à l’aise. On aime que les gens nous disent qu’on a raison. On n’aime pas que l’on nous dise qu’on a tort ».

Le cavalier solitaire

          Nous pourrions arrêter là l’analyse du documentaire et dire qu’il appartient à chacun d’interroger sa conscience par rapport à ce qu’il entend régulièrement raconter autour de lui ou dans les manuels scolaires concernant l’histoire de son pays. Oui, chacun peut continuer à vivre avec ce qu’il retient ou pas comme leçon du documentaire. Cependant notre but étant d’instruire la jeunesse qui n’est nullement responsable de ce que ses aïeux ont fait, nous tenons tout de même à ce qu’elle sache que la jouissance insolente ou la perpétuation sans vergogne de certains héritagesla rendrait complice du crime ou du mensongequi leur est attaché. Notre ferme intention est donc de préserver cette jeunesse d’un récit erroné qu’elle pourrait véhiculer sans scrupule pour nourrir plus tard des discours politiques méprisants clamant que certains parmi nous n’ont pas d’histoire. Oui, celui qui affirme que l’Autre n’a pas d’histoire n’a pas d’estime pour lui. Et pendant trop longtemps, c’est ce que les États-Unis d’Amériques – et d’autres pays aussi – ont raconté à leurs citoyens et au monde entier. 

          Il apparaît clairement dans Black Far West que les héros blancs popularisés par le cinéma et qui constituent la culture des parents des jeunes collégiens, lycéens, et étudiants d’aujourd’hui étaient en fait des Noirs qui se sont illustrés dans les Amériques. C’est donc toute une narration de plus d’un siècle, tout un imaginaire construit sur le mensonge qui s’écroule pour les plus de 50 ans. Ce documentaire est l’histoire de l’Amérique dans laquelle Blancs, Noirs et autochtones dit Amérindiens occupent pleinement leur place ; alors que jusque-là les Blancs (visages pâles) occupaient toutes la place face aux Amérindiens (peau rouge) considérés comme des sauvages, le mal dont il fallait triompher. Le chaînon oublié dans le récit de la conquête de l’Ouest américain était donc le Noir. Et c’est sur leur contribution à l’histoire des État-Unis d’Amérique que ce documentaire met l’accent. 

          Le mythe des héros blancs de la conquête de l’Ouest

Cow-boy James Bakeworth

          Quelle désillusion pour les adultes de plus de 40 ou 50 ans de découvrir que l’histoire de Davy Crockett qui a bercé leurs années télé en noir et blanc n’est rien d’autre que celle du métis Américain James Backworth (1798 – 1866) qui avait trouvé refuge chez les Amérindiens et combattu à leurs côtés avant de servir dans l’armée fédérale contre eux. Ses prouesses racontées dans son autobiographie parue en 1854 n’ont pas été jugées dignes d’entrer dans l’histoire. La vie de Davy Crockett, nourrie sans doute de celle de J. Beckworth, si. En effet, au début du cinéma jusqu’à la fin du XXe siècle, pour être un héros, il fallait être blanc. Quelle désillusion d’apprendre que le héros blanc du film Le Justicier du Far West, ressemblant beaucoup à Zoro, n’est en fait que le blanchiment de l’histoire du plus grand Sheriff (adjoint) du Far West américain qui est un Noir. Il avait un cheval blanc et se déguisait souvent en cow-boy (métier méprisé exercé majoritairement au départ par des Noirs) pour approcher les criminels qu’il voulait arrêter. Les prouesses de Bass Reeves – car c’est de lui qu’il s’agit – ont inspiré des films comme Le shérif est en prison (une parodie du Far West) ou encore The Lone Ranger (de Gore Verbinski) – le cavalier solitaire qui va inspirer bien de mythes jusqu’aux récits des bandes dessinées. Quelle désillusion de découvrir que le métier de cow-boy, idéalisé et popularisé par le cinéma, est né avec les esclaves noirs qui s’occupaient des troupeaux. On les appelait « garçon » (boy) pour ne pas avoir à les appeler par leur nom !

Cow-boy - Mary Fields

          Quant au récit de la fameuse conquête de l’Ouest qui a laissé croire au monde entier que les Européens ont dû déployer des prouesses pour venir à bout d’un univers sauvage, le documentaire dit clairement que c’est là encore un mythe monté de toutes pièces et popularisé par les films hollywoodiens. La réalité est que les Noirs – les Buffalo Soldiers (honorés par Bob Marley dans une de ses chansons) – ont servi de bras armé au gouvernement fédéral pour arracher aux Amérindiens leurs terres et les donner aux Blancs. A partir d’avril 1889, ceux-ci n’ont eu qu’à se ruer sur le butin pour devenir propriétaires ; et cela dans une mise en scène théâtrale ! Voilà donc pulvérisé le mythe de la conquête de l’Ouest par les Blancs ! 

          N’est-ce pas vrai que la vérité finit toujours par triompher ? Terminons donc avec cette réflexion de David Grann tirée de son livre La note américaine : « L’histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clef du mystère depuis le début ».

Raphaël ADJOBI

* Toutes les photos (sauf celle de Bass Reeves) sont de la revue Télérama

Publicité
20 octobre 2022

Les médias et la fabrique du mensonge (Réflexion de J. A)

             Les médias et la fabique du mensonge 

Julian Assange

          « Une des choses que j’ai découvertes, c’est que presque chaque guerre qui a débuté au cours des cinquante dernières années a été le résultat de mensonges médiatisés. Les médias auraient pu les arrêter, s’ils avaient fait suffisamment de recherches au lieu de relayer la propagande des gouvernements.

          Cela signifie fondamentalement que les populations n’aiment pas les guerres. Elles doivent donc être manipulées pour les accepter. Les populations n’acceptent pas aveuglément d’aller à la guerre ; cela revient à dire que si nous avions un bon environnement médiatique, nous aurions un environnement pacifique !

          L’ennemi numéro UN est l’ignorance ! C’est l’ennemi numéro UN de tout le monde. L’ennemi numéro UN de tout le monde c’est de ne pas comprendre ce qui se passe réellement. C’est quand vous commencez à comprendre que vous pouvez prendre de bonnes décisions. La question que l’on doit se poser est donc celle-ci : qui fait la promotion de l’ignorance ? Réponse : ce sont les organisations qui essaient de garder des secrets ! Et ces organisations déforment les informations réelles pour les rendre fausses ou non publiques. Dans cette catégorie, ce sont les mauvais médias qui agissent de la sorte.

          Mon avis c’est que les médias, en général, sont tellement mauvais qu’on doit se demander si le monde ne serait pas meilleur sans eux. Il y a de très bons journalistes ; et nous travaillons avec beaucoup d’entre eux. Il y a aussi de bonnes organisations médiatiques. Mais les médias sont majoritairement mauvais ! Ils déforment tellement la vérité du monde dans lequel nous vivons que le résultat que nous voyons est une continuité de guerres et de gouvernements corrompus ».

Julian Assange (Entretien sur vidéo).

1 octobre 2022

De la nécessité de l'instruction pour tous (Raphaël ADJOBI)

        De la nécessité de l'instruction pour tous

                                                     (Raphaël ADJOBI) 

IMG-20201111-WA0002 (2)

          C’est aux familles et aux enseignants que nous nous adressons ; autant dire à tout le monde. Le grand œuvre commun de notre vie, c’est l’instruction de nos enfants et petits-enfants. Cette entreprise mérite toute note attention et tous nos soins. 

          Quand son cadre extérieur formé par les siens est assez riche, quand son cadre intérieur ou son sanctuaire que constitue l’école – ainsi que les représentations de son imaginaire nourries par ses lectures – l’est aussi, un jeune est assez fort pour ne pas être éloigné des règles sociales ou prématurément brisé par quelque vice. L’éducation domestique et l’instruction publique sont les deux mamelles de la construction de l’individu, tel que nous aimerions le voir s’épanouir sous nos yeux pour le bien de toute la société. 

          C’est parce que nombreuses étaient les familles qui n’avaient ni le temps, ni le savoir, ni les conditions nécessaires à l’instruction de leurs enfants que la République avait instauré les internats. Ces établissements étaient des lieux d’une socialisation propice à l’acquisition des connaissances que proposaient les enseignants. C’est dire qu’à la défaillance des familles que la République n’ignorait pas, celle-ci proposait une structure palliative ou de substitution. Malheureusement, dans ce siècle, en lieu et place d’une structure sociale tenant compte du temps, du savoir, et des conditions de vie qui manquent aux familles, on propose aux jeunes des animations qui ont pour seul objectif de les éloigner de l’oisiveté mère de tous les vices. En d’autres termes, la sécurité de la cité que pourrait menacer la jeunesse sans éducation et sans instruction est devenue le critère des investissements de l’État. Pour contenir cette jeunesse que l’on redoute, on fait appel à des travailleurs sociaux, à des associations et des bénévoles n’ayant aucune compétence pédagogique plutôt que d’investir dans les services de personnes qualifiées pour lui apporter des connaissances. Nos élus croient-ils pouvoir ainsi participer à l’instruction de cette jeunesse et la sortir des problèmes nés du manque de structures adéquates à ses besoins ? Non, ils savent très bien que leurs actions ne font qu’entretenir des problèmes et des illusions.

          En effet, la République a fait son choix : on n’investit pas pour des gens qu’on qualifie de racailles ! On n’investit pas pour des gens qui ne sont rien ! 

          Or, tout individu a besoin de se savoir important, qu’il est la prunelle des yeux de la République. La considération plutôt que le mépris invite tout individu à relever la tête et à aller de l’avant. Mais voilà : certains parmi nous savent que si les pauvres vont de l’avant, ils deviennent dangereux ; ils savent, au regard de l’histoire des femmes, qu’il faudra un jour consentir à partager le pouvoir s’ils commençaient par partager le savoir. Quant à nous, nous voudrions que les pauvres accèdent au savoir pour justement prendre le pouvoir : celui de se gouverner ! Une autre révolution est possible. 

Il faut remettre le français au centre de l'enseignement

(Extrait de l’Avant-propos de Il faut remettre le français au centre de l’enseignement, une autre révolution est possible – Les impliqués Éditeur, 2021 / 10 euros).

Pensez à offrir ce livre à un(e) ami(e) enseignant(e) ou aux jeunes parents comme cadeau de Noël.   

Publicité
Publicité